A contre-courant des formations ayant béni la normalisation maroco-israélienne, les partisans du refus de tout pacte avec le diable soulignent que la reconnaissance israélienne ne changera pas la réalité de la tension régionale et que ses dommages l’emportent sur ses avantages.
Hassan Bennajah, membre du Secrétariat général du département politique de l’Association Justice et bienfaisance (Al Adl Wal Ihsane), a condamné cette décision ainsi que « la normalisation sous toutes ses formes ». « Ce qui s’est passé est une atteinte à la souveraineté marocaine et une atteinte à la volonté populaire », a-t-il affirmé au site Yabiladi. Aux yeux de ce dirigeant islamiste, « la souveraineté du Maroc sur son Sahara n’attend ni la reconnaissance ni la validation d’une entité criminelle, fantoche et illégitime. Un pays comme le Maroc, avec sa riche histoire, ne peut pas rechercher la légitimité auprès de cette entité criminelle et bâtarde ». Il estime que « le peuple marocain est historiquement connu pour son rejet de la normalisation et son soutien à la Palestine dans son ensemble. Ce qui se passe maintenant, ce sont des décisions unilatérales, isolées et imposées à la volonté populaire… Cette décision nuit au cœur du Maroc et à ses intérêts. L’entité sioniste en est la seule bénéficiaire ».
Pour sa part, Abdellah Bouano, membre du secrétariat général du Parti de la justice et du développement (PJD), a refusé de commenter le sujet, alors que Abdelilah Benkirane, leader de la formation islamiste, s’était opposé à la normalisation des mois après que son frère qui lui a succédé à la tête de l’Exécutif a avalisé les Accords d’Abraham pour « raison d’Etat ». Abdelaziz Aftati, membre du Conseil national du PJD, n’a pas hésité, lui, à réagir. Il a rappelé qu’en 1973, « le Maroc avait participé à repousser l’agression des sionistes, malgré les tentatives de scission de notre intégrité, par une junte à la direction de l’Algérie voisine en connivence avec ce qui reste des franquistes en Espagne ». Dès lors, « comment accepter aujourd’hui de faire exactement le contraire et conclure des ententes avec une entité criminelle, coloniale et agressive qui cible la Palestine et la nation tout entière ? » s’est-il interrogé. Déplorant un recul à travers la recherche du « soutien des criminels les plus notoires de l’histoire de l’humanité, pour notre victoire sur la question du Sahara », il regrette aussi les positions favorables à la reconnaissance israélienne « de la part de certaines personnes de la région du Sahara et de certains partis ». « Vous ne pouvez pas demander à un agresseur raciste de vous soutenir dans une cause légitime », a insisté A. Aftati. D’autant plus que la position naturelle est « de participer aux combats avec les Palestiniens, mais pas uniquement se montrer solidaires avec eux… Il est normal que nous y participions avec eux comme nous l’avons fait en 1973… Nous ne pouvons pas devenir les alliés d’un crime », a-t-il tranché. « Quiconque veut reconnaître la marocanité du Sahara fait une démarche positive, sauf les sionistes », a conclu Aftati.
Sur la rive gauche, Abdeslam Laâziz, secrétaire général du parti de la Fédération de gauche, a déclaré que « la normalisation est rejetée » au sein de sa formation, « comme c’est le cas pour de larges segments du peuple marocain ». « La normalisation ne peut servir ni notre cause nationale, ni la Palestine », a-t-il affirmé. Et de rappeler que le gouvernement israélien est « un exécutif d’extrême droite, alors que la Maroc a toujours été du côté de la cause palestinienne ». Dans le conflit du Sahara, le problème est avec « le voisin de l’Est, les frères en Algérie. Nous sommes voisins de ceux qui contrôlent la décision politique en Algérie, qui refusent de trouver une solution à ce problème qui a longtemps duré ». Et A. Laâziz de conclure que « nous devons défendre notre cause comme nous l’avons toujours fait, et nous devons unir et renforcer le front à l’intérieur du pays, pour que la société soit en mesure de jouer son rôle (…) Je ne pense pas que la reconnaissance [israélienne] apportera quoi que ce soit pour la cause nationale ».
Omar El Hayani, autre dirigeant au sein du Parti de la fédération de gauche, a abondé dans le même sens. « Nous n’avons pas besoin de la reconnaissance par Israël de notre souveraineté sur le Sahara, que c’est un Etat raciste qui pratique le terrorisme contre le peuple palestinien, avec un bilan noir dans le domaine des droits humains à son actif », a-t-il déclaré. « Cela ne nous honore pas », a-t-il assuré au micro de Yabiladi.