Human Rights Watch a publié mardi 11 juillet un rapport sur les exactions qui ont été commises dans la ville de Misterei, située au Darfour occidental, près de la frontière tchadienne, le 28 mai dernier. L’ONG a recueilli les témoignages des rescapés qui ont fui à Adré au Tchad voisin. Leur témoignage corrobore des images satellites qui montrent l’étendue du désastre, où l’on voit nettement les centres-villes et les villages entièrement brûlés.
« Les FSR et des tribus arabes [alliées aux Forces de soutien rapide, NDLR] ont exécuté sommairement au moins 28 personnes de l’ethnie Massalit, et tué et blessé des dizaines de civils le 28 mai dans l’État du Darfour-Ouest », rapporte l’ONG dans ce rapport d’enquête intitulé « Soudan : une ville du Darfour anéantie ».
À Misterei, les assaillants ont obligé les habitants à partir. Ils se sont retirés de la ville après plusieurs jours, laissant derrière eux une centaine de morts parmi les civils. HRW exhorte le Conseil de sécurité des Nations unies à appeler les acteurs du conflit au Darfour Occidental à autoriser l’accès aux organisations humanitaires « sans restriction et en toute sécurité ». Ils appellent l’ONU, l’Union européenne (UE) et l’Union africaine (UA) à sanctionner les dirigeants des forces responsables de ses attaques. « Nombre de ces violations s’apparentent à des crimes de guerre », estime l’ONG. « En ce qui concerne Misterei, nous avons décidé publier ce rapport car les atrocités qui ont été commises dans cette ville étaient très graves. Les faits étaient clairs : il s’agissait d’une attaque contre une population civile », explique Jean-Baptiste Gallopin, chercheur à Human Rights Watch spécialisé sur le Soudan.
Misterei est majoritairement peuplée de Massalit, une des grandes ethnies non-arabes du Darfour, région de l’ouest du Soudan qui avait déjà été meurtrie par une guerre civile dans les années 2000 et où les combattants arabes ont de longue date fait régner la terreur. La fracture ethnique se creuse davantage dans cette région depuis le début, au printemps, d’une guerre entre les FSR du général Mohammed Hamdan Dogolo et l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane.