Cinq jours après une attaque visant le seul pont reliant la Crimée à la Russie, le gouverneur de la péninsule a accusé l’Ukraine d’avoir mené une attaque de drones samedi 22 juillet ayant provoqué l’explosion d’un dépôt de munitions. « À la suite d’une attaque de drones ennemis dans le district de Krasnogvardeïski, il y a eu une explosion dans un dépôt de munitions », a affirmé Sergueï Aksionov sur Telegram.
L’attaque a aussi provoqué une brève interruption du trafic routier sur le pont de Crimée, qui a cependant été très vite rétabli, ont annoncé les autorités prorusses sur Telegram. Le gouverneur n’a pas précisé le lieu touché, se contentant d’indiquer qu’il s’agissait du district de Krasnogvardeïski, situé à l’intérieur des terres, au centre de la péninsule de la mer Noire.
La Crimée, annexée par Moscou en 2014, a été prise pour cible tout au long de l’offensive russe en Ukraine, mais les attaques se sont multipliées ces dernières semaines. Kiev qui a lancé une contre-offensive pour reprendre les terres perdues au profit de Moscou affirme son intention de récupérer la Crimée.
S’adressant à distance au forum sur la sécurité d’Aspen, aux États-Unis vendredi, le président ukrainien avait jugé que le pont russe de Crimée devait être « neutralisé ». Selon lui, ce pont, inauguré par le président Vladimir Poutine en 2018, « fournit des munitions à la péninsule de Crimée ». Kiev considère le pont comme un « objet ennemi » construit en violation du droit international.
Soutien US continu
Kiev a commencé à utiliser les armes à sous-munitions controversées livrées par les Etats-Unis, selon la Maison Blanche. John Kirby, porte-parole de la Maison Blanche, a signalé que le déploiement de ces armes sur le front a eu lieu « à peu près au cours de la semaine dernière ». Les forces ukrainiennes « les utilisent de manière appropriée. Elles les utilisent efficacement et elles ont réellement un impact sur les formations défensives russes et les manœuvres défensives » de Moscou, a-t-il ajouté aux journalistes.
Les armes à sous-munitions peuvent disperser jusqu’à plusieurs centaines de petites charges explosives, capables de rester non explosées dans le sol et créant un risque pour les civils après la fin d’un conflit. Elles sont interdites par de nombreux pays, notamment européens, signataires d’une convention signée à Oslo en 2008 et à laquelle ni la Russie, ni les États-Unis, ni l’Ukraine ne sont parties.
Dimanche 16 juillet, Vladimir Poutine avait souligné à la télévision publique russe qu’« en Russie, il y a une bonne réserve d’armes à sous-munitions », menaçant de les employer sur le front si Kiev utilisait ce type d’armement..
« Aujourd’hui, il est évident que les parrains occidentaux du régime de Kiev sont clairement déçus des résultats de la soi-disant contre-offensive que les autorités ukrainiennes ont proclamée bruyamment pendant ces derniers mois », a affirmé le maitre du Kremlin durant une réunion de son Conseil de sécurité retransmise à la télévision. « Aucun résultat, en tout cas pour l’instant. Les ressources colossales qui ont été « injectées » dans le régime de Kiev n’aident pas, et les livraisons d’armes occidentales, de chars, d’artillerie et de missiles non plus », a-t-il ajouté.
« Le monde entier voit que les équipements occidentaux si vantés, et soi-disant invulnérables, brûlent, et, sur le plan tactique et technique, sont même inférieurs à certains armements de production soviétique », a encore affirmé le président russe.
Lancée début juin, la contre-offensive de l’armée ukrainienne bute sur des troupes russes retranchées derrière de solides lignes défensives. De l’aveu des dirigeants à Kiev, elle avance à un rythme moins soutenu qu’attendu, environ 200 kilomètres carrés ayant été repris. V. Poutine a estimé que les forces russes combattaient de « façon professionnelle » et « héroïque », assurant que les troupes ukrainiennes ont, elles, subi « d’énormes pertes » et que « leur capacité de mobilisation » s’épuisait.
Il s’est également lancé dans une violente diatribe contre les autorités polonaises, alors que Varsovie a récemment augmenté la présence militaire à ses frontières avec la Biélorussie à la suite de l’arrivée dans ce pays des combattants de Wagner. Il a aussi accusé Varsovie d’avoir des « plans revanchards » et de vouloir récupérer des territoires de l’ouest de l’Ukraine. « Les dirigeants polonais s’attendent probablement à former une coalition sous le parapluie de l’Otan et à intervenir directement dans le conflit en Ukraine afin de « s’approprier » un plus grand morceau, de regagner, comme ils le croient, leurs territoires historiques, c’est-à-dire l’Ukraine occidentale d’aujourd’hui. Il est bien connu qu’ils rêvent également de s’approprier les terres de Biélorussie », a estimé le président russe.
Et de prévenir aussi : « Pour ce qui est de la politique du régime ukrainien, c’est son affaire. S’ils veulent, comme le font les traîtres, céder quelque chose, vendre quelque chose, rembourser quelque chose à leurs maîtres, je le répète, c’est, après tout, leur affaire. Nous ne nous en mêlerons pas. Mais pour ce qui est de la Biélorussie, elle fait partie de notre Union, et le déclenchement d’une agression contre la Biélorussie équivaudra à une agression contre la Fédération de Russie. Nous y répondrons par tous les moyens à notre disposition ».
La Pologne, membre de l’Otan, soutient Kiev depuis le début de l’offensive russe en Ukraine et a accueilli des centaines de milliers de réfugiés ukrainiens, mais n’a jamais évoqué la possibilité d’y envoyer des troupes.