Le bilan de l’offensive militaire israélienne dans cette portion du territoire palestinien s’alourdit au fil des jours. Le dernier bilan fait état d’environ 18.787 Palestiniens tués dans les frappes israéliennes indiscriminées depuis le 7 octobre, selon le gouvernement du Hamas. Outre 51 000 au moins blessées, la majorité des victimes sont des femmes et des jeunes de moins de 18 ans.
Du côté israélien, on ne se berce plus d’illusions : l’armée sioniste est tombée sur un os à Gaza. C’est ce qui fait dire au quotidien israélien Haaretz que plus de deux mois après le début des combats, et environ un mois et demi depuis le début des manœuvres terrestres, l’armée israélienne ne peut pas annoncer son contrôle sur le nord de Gaza. Cette dernière qui subit de lourdes pertes face à la résistance palestinienne concède qu’un soldat a été tué et un autre grièvement blessé lors des combats dans le sud de la bande de Gaza. Territoire frappé par de terribles inondations, alors que 80% de la population, déplacée, vit dans des abris de fortune.
L’armée d’occupation israélienne a reconnu, mercredi 13 décembre, la mort de 10 de ses militaires, dont 6 officiers, suite à des embuscade tendues par les brigades Al-Qassam, dans le quartier Chouja’iya, à l’est de Gaza. Le porte-parole de l’armée d’occupation a affirmé que parmi les morts se trouvait le lieutenant-colonel Tomer Greenberg (35 ans), commandant du 13e bataillon de la brigade Golani, ainsi qu’un chef de section du 13e bataillon appelé Roi Maldasi. Un commandant du 51e bataillon de la brigade Golani, le major Moshe Bar-On, a également été tué dans l’embuscade dans le quartier de Chouja’iya.
En outre, les forces de secours de l’unité spéciale de sauvetage aérien (669) ont été prises dans une autre embuscade lors d’une tentative de sauvetage de leurs collègues ce qui a entraîné la mort de deux officiers de l’unité en plus de 7 soldats grièvement blessés. Dans les détails, des sources militaires ont rapporté que cette opération douloureuse a eu lieu mardi à midi, lorsque des officiers et des soldats de la Brigade Golani ont été pris dans une embuscade au moment où ils sont entrés dans un bâtiment du quartier. Les combattants d’Al-Qassam ont ouvert le feu à leur encontre et fait détonner un engin explosif, ce qui a entraîné la rupture de toute communication avec eux. Et d’ajouter que « des soldats sont entrés dans un bâtiment voisin qui était également piégé et l’ont fait exploser, causant plusieurs morts, puis un engin explosif a explosé pendant la tentative des forces aéroportées d’évacuer les blessés. Deux d’entre eux ont été tués ».
Jeudi, les Brigades Al-Quds, bras armé du Jihad islamique, assurent avoir bombardé les attroupements de l’occupation sur le front de Netzarim avec une salve d’obus de mortier réguliers de calibre 60. « Nous avons bombardé les attroupements militaires ennemies à l’est d’Al-Zaytoun avec des obus de mortier de gros calibre », précisent-elle tout en signalant aussi avoir ciblé le site de « Soufa » et les attroupements militaires avec des salves de roquettes.
Al-Qassam a annoncé de son côté la mort de 10 nouveaux officiers et soldats israéliens à Chouja’iya qui ont visé aussi 4 véhicules de transport des troupes et deux chars sionistes Merkava, au nord de la ville de Khan Younes avec des roquettes « Al-Yassin 105 » et un autre char à l’est de la ville de Gaza, outre un autre détruit dans le quartier d’Al-Zaytoun.
Le porte-parole de l’armée d’occupation israélienne a révélé que 29 officiers et soldats israéliens ont été blessés au cours des dernières 24 heures à la suite de combats dans la bande de Gaza.
Il convient de noter que les Qassam ont annoncé mardi que leurs combattants ont signalé, à leur retour des lignes de front dans le quartier de Chouja’iyah, que 7 véhicules militaires ont été visés par des obus et des projectiles anti-blindés, dont le char « King-Commander » et un véhicule de transport à bord duquel se trouvaient 3 soldats qui ont été liquidés.
Toujours à Gaza, mais cette fois au centre de l’enclave, « les combattants des Brigades Al-Qassam et d’Al-Quds ont réussi à tendre un piège à une force sioniste de 15 soldats, tuant et blessant les soldats avec des armes appropriées. Ensuite, l’artillerie d’Al-Qassam et les brigades d’Al-Quds ont bombardé la zone avec des obus de mortier de gros calibre », précise un communiqué de la résistance. Les Qassam ont assuré dans l’après-midi avoir détruit entièrement un véhicule de transport de troupes israélien à l’est de Khan Younes à l’aide d’un obus P29.
Le Hamas a souligné que « l’annonce par l’armée d’occupation de la mort de 10 de ses militaires, pour la plupart des officiers, prouve l’ampleur de la perte et l’échec des dirigeants de l’entité sioniste et de son armée à affronter la Résistance ». « Nous disons aux sionistes que vos dirigeants défaillants n’ont aucun respect pour la vie de vos soldats et que vous n’avez d’autre choix que de vous retirer de Gaza », ajoute le mouvement palestinien. Avant de conclure que « les Combattants des Brigades Al-Qassam ont tenu leur promesse de faire de Gaza un cimetière pour les envahisseurs ».
Catastrophe humaine
La situation sanitaire dans la bande de Gaza, victime d’une offensive israélienne sans pitié depuis 67 jours, doublée d’un embargo aussi impitoyable « s’est effondré ou est en train de s’effondrer » a averti le bureau humanitaire des Nations unies.L’Observatoire Euro-Med Human Rights a recensé la propagation des maladies infectieuses qui menacent les survivants des massacres israéliens. On évoque 50.000 cas de diarrhées aigües, dont la moitié sont des enfants ce qui fait craindre des décès en raison de malnutrition, 18.800 cas d’éruptions cutanées, 20.000 cas de contagion dans l’appareil respiratoire en une semaine, 5.000 cas de varicelle, 10.000 cas de maladie de gale… L’organisation détecte aussi une propagation d’hépatite B qu’il est toutefois difficile de répertorier et de recenser en raison de l’impossibilité à réaliser des examens médicaux dans les circonstances actuelles.
Seuls 1% des malades et blessés qui ont besoin d’hospitalisation ont été autorisés à quitter la bande de gaza depuis le terminal de Rafah avec l’Egypte, a fait remarquer Dr Marwan Al-Hammas, chef du comité d’urgence sanitaire de la bande de Gaza. Il a déclaré à Euro-Med qu’il envoie quotidiennement à la partie égyptienne une liste de 300 noms de patients et de blessés nécessitant un traitement urgent, mais seulement 20 à 50 noms sont approuvés après un délai de 24 à 72 heures, ce qui entraîne la mort de certains parmi ceux qui reçoivent les approbations de sécurité nécessaires.
Au total, seuls 430 blessés des attaques israéliennes ont pu traverser le passage de Rafah vers l’Égypte sur environ 49 000 blessés, ce qui ne représente qu’environ 1%, tandis qu’au moins 8 000 blessés ont besoin d’une intervention médicale urgente et immédiate.
Entassés à deux millions dans les centres d’hébergement ou des camps de tentes à l’extrême sud de la bande de Gaza, sur un territoire exigu, les conditions sont intolérables. Il y a une salle de bain pour 700 personnes. « On fait la queue pour chercher de la farine, on fait la queue pour chercher de l’eau, on fait la queue pour tout », a déploré un enfant en racontant le quotidien de son père qui cherche à subvenir aux besoins de sa famille.
La situation des femmes est très délicate, sachant que 5.000 d’entre elles ont accouché pendant la guerre et ont besoin de soins. Sans compter les pénuries en serviettes périodiques qui affectent une grande partie d’entre elles. L’avènement de la saison hivernale a empiré la situation. D’innombrables camps sont inondés.
La population de la bande de Gaza, constamment bombardée depuis des semaines par l’armée israélienne, « n’a plus de temps, plus d’options », a martelé Philippe Lazzarini, patron de l’agence d’aide aux réfugiés palestiniens de l’ONU à Genève. « Face aux bombardements, aux privations et aux maladies, dans un espace toujours plus exigu, (les Palestiniens) sont confrontés au chapitre le plus sombre de leur histoire depuis 1948 et pourtant ce fut une histoire douloureuse », a ajouté le patron de l’UNRWA, lors du Forum mondial des réfugiés.
La bande de Gaza est confrontée à une catastrophe sanitaire, selon les Nations unies Le bureau humanitaire des Nations Unies a déclaré que la bande de Gaza était confrontée à une « catastrophe de santé publique » suite à l’effondrement de son système de santé. « Nous savons tous que le système de santé s’est effondré ou est en train de s’effondrer », a déclaré Lynn Hastings, coordinatrice humanitaire des Nations unies pour le territoire palestinien occupé. « Nous avons là une formule classique pour les épidémies et un désastre de santé publique. »