L’accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 27 novembre et qui a mis fin à plus de deux mois de guerre ouverte, stipule que l’armée libanaise doit se déployer aux côtés des Casques bleus dans le sud du Liban (FINUL), d’où l’armée israélienne doit se retirer sur une période de 60 jours, soit jusqu’à dimanche. « L’accord de cessez-le-feu n’ayant pas été accompli totalement par le Liban, le processus de retrait en étapes se poursuivra en accord avec les Etats-Unis », a indiqué le bureau de Benyamin Netanyahu. Mais les incursions israéliennes incessantes dans les localités frontalières où les destructions et le dynamitage des maisons se sont poursuivis pendant cette période ont empêché l’entrée de l’armée libanaise.
Depuis Washington, la Maison Blanche a déclaré, le même jour, qu’il était « urgent de prolonger le cessez-le-feu temporaire » entre Israël et le Hezbollah libanais, alors que le délai fixé pour le retrait israélien arrive à expiration. Dans un communiqué, Brian Hughes, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, a déclaré que le président Donald Trump s’engageait à faire en sorte que les citoyens israéliens puissent rentrer chez eux en toute sécurité dans le nord d’Israël, et qu’il soutenait également le président libanais Joseph Aoun et le nouveau gouvernement libanais. « Toutes les parties partagent l’objectif de veiller à ce que le Hezbollah ne soit pas en mesure de menacer le peuple libanais ou ses voisins », a déclaré B. Hughes. « Pour atteindre ces objectifs, il est urgent de prolonger le cessez-le-feu de manière temporaire et de courte durée. Nous sommes ravis que les FDI (armée israélienne-NDLR) aient commencé à se retirer des régions centrales et nous continuons à travailler en étroite collaboration avec nos partenaires régionaux pour finaliser cette extension », a ajouté le porte-parole.
A Beyrouth, Joseph Aoun, président libanais, avait réclamé le 18 janvier le retrait israélien du sud du pays « dans les délais fixés » par l’accord. Il avait aussi dénoncé « la poursuite des violations israéliennes terrestres et aériennes », déplorant notamment « le dynamitage des maisons et la destruction des villages frontaliers qui vont à l’encontre de l’accord ». En vertu de l’accord, le Hezbollah doit retirer ses forces au nord du Litani, à environ 30 km de la frontière. Il a affirmé jeudi que si Israël ne respectait pas l’échéance de dimanche, « ce serait une violation flagrante de l’accord ». Il a appelé le gouvernement libanais à « une adhésion stricte à l’accord, sans aucune concession ».
Du côté de la Résistance libanaise, cheikh Ali al-Khatib, chef du Conseil islamique chiite supérieur a mis en garde les Etats qui parrainent le cessez-le-feu des séquelles qui découleront de la non application du cessez-le-feu. « Le monde verra alors le courage de notre peuple car il refuse l’injustice en dépit de toutes les douleurs. Il ne laissera pas l’occupant se maintenir », a-t-il averti.
Selon le chroniqueur du journal libanais al-Akhbar pour les questions israéliennes, en imputant sa décision d’ajourner son retrait définitif aux retards de déploiement de l’armée libanaise, Israël manœuvre pour faire pression sur les autorités libanaises pour qu’elles prennent des mesures hostiles à la résistance au-delà du nord du Litani sur tout le territoire libanais.
Des sources sécuritaires libanaises ont assuré pour la chaine qatarie al-Jazeera que l’armée d’occupation n’a retiré ses troupes que de 9 villages libanais alors qu’elles sont toujours présentes dans 33 autres.
Selon le correspondant d’al-Manar au sud du Liban, l’armée libanaise s’est déployée vendredi dans la région de Jebbine et Chihine dans le casa de Tyr (Sour), dans le secteur occidental. Alors que les forces d’occupation ont mené une incursion à l’aube du même jour dans la localité de Bani Hayane où elles ont incendié les maisons. Elles étaient entrées dans la nuit de jeudi à vendredi dans la localité al-Qantara où elles ont mis le feu aux voitures et saccagé la mosquée. Dans la soirée elles ont opéré une incursion dans le village de Aytaroune. Un citoyen libanais a par ailleurs été blessé à Qantara après que les forces d’occupation israéliennes ont ouvert le feu, samedi, sur des habitants qui tentaient d’entrer dans leur village dans le sud du Liban…
L’armée libanaise a attribué le retard du déploiement de ses forces au sud du Liban aux tergiversations de l’armée d’occupation israélienne qui poursuit ses violations à la trêve conclue le 26 novembre 2024. « Il y a eu un retard dans un certain nombre d’étapes en raison de l’ajournement du retrait de la part de l’ennemi israélien, ce qui complique la tâche du déploiement de l’armée, sachant qu’elle reste prête à achever son déploiement immédiatement après le retrait de l’ennemi israélien », a précisé le commandement de l’armée dans un communiqué publié samedi 25 janvier.
S’adressant aux citoyens libanais originaires du sud, l’armée libanaise leur a demandé de ne pas revenir à leurs villages car « l’occupation poursuit ses incursions et ses violations dans les villages frontaliers ». Elle a appelé la population à « faire preuve de prudence en retournant dans les zones frontalières du sud, en raison de la présence de mines et d’objets suspects laissés par l’ennemi israélien ».
Le correspondant d’al-Manar a rendu compte, samedi, d’une série d’incursions israéliennes dans plusieurs points frontaliers. Des chars et des véhicules ont progressé en direction de la localité de Houla, depuis ses faubourgs ouest jusqu’à la vallée Wadi Salouqi. Des mouvements similaires ont été détectés depuis la localité de Markaba en direction de Talloussa supervisant Wadi Sallouqi. « Les forces ennemies ont coupé toutes les routes qui conduisent aux localités frontalières depuis Kfarkela jusqu’à toutes celles qui surplombent Wadi Sallouqi », a précisé le correspondant. Dans la région de Kfarchouba, des Hummer, des bulldozers et des chars ont avancé vers son quartier oriental où des tirs de rafales ont visé ses résidences. Des explosions ont aussi été entendues. « Des forces ennemies ont œuvré àproximité des positions de l’armée libanaise qui les avait récupérées ces deux derniers jours », ajoute la même source.
Par ailleurs, des habitants des régions du sud dans le casa de Nabatiyeh ont rapporté qu’ils ont reçu des messages depuis des numéros internationaux dans lesquels le porte-parole de l’armée d’occupation les avertissait qu’ils ne devaient pas rentrer dans leurs villages dimanche prochain. L’agence nationale d’information libanaise (Ani) fait état d’ « opérations de destruction » d’infrastructures dans certains villages frontaliers, ajoutant que certaines entrées de villages avaient été bloquées par l’armée israélienne pour « empêcher » le retour des habitants. Un habitant a été blessé par un tir israélien dans le sud, selon la même source.