Lancé au petit matin, le raid militaire israélien contre les quartiers al-Jabiriyat et al-Hadaf visait « à arrêter des suspects recherchés », selon la version de l’armée israélienne. Kamal Abou al-Roub, gouverneur adjoint de la province de Jénine, a indiqué à l’AFP que l’armée israélienne était entrée dans le camp de réfugiés palestiniens de Jénine aux environs de 04h00 (01h00 GMT).
Les snipers israéliens se sont déployés sur les toits de maisons.
D’après les détails livrés par une source de sécurité israélienne, une force secrète s’est infiltrée dans la matinée à travers la vallée de Burqin pour arrêter deux personnes recherchées. Après avoir assiégé leurs deux maisons, elle a été détectée et fait l’objet de tirs de feu nourris, ce qui l’a contraint à demander l’aide des forces armées qui sont arrivées sur place pour la soutenir.
Selon le photographe de l’AFP, l’armée israélienne s’est heurtée à une forte résistance à tel point qu’une jeep et plusieurs soldats se sont retrouvés en difficulté sous un feu nourri.
Des sources palestiniennes ont pour leur part indiqué que les combattants palestiniens du camp qui avaient été alertés par des sirènes et les appels des mosquées ont livré un combat acharné pendant 10 heures d’affilées. Au cours des accrochages armés, ces derniers ont utilisé des engins piégés. Tandis que les soldats de l’occupation tiraient sur tout ce qui bougeait. La radio de l’armée israélienne a évoqué des engins piégés qui ont endommagé deux véhicules blindés.
Selon les journalistes sur place, un engin piégé a explosé au passage d’un convoi israélien qui se retirait d’une position aux abords du camp, mettant l’un de ses véhicules hors de service. L’engin pesait 40 kg, ont indiqué les médias israéliens. On rapporte aussi qu’un projectile qui a été tiré par les résistants palestiniens sur un autre véhicule, est parvenu à le percer et à exploser à l’intérieur, blessant ceux qui s’y trouvaient. Au terme de ces violents accrochages, les combattants palestiniens ont exposé dans les rues du camp les débris du véhicule détruit par l’engin piégé.
Les Brigades al-Qods du Jihad islamique ont indiqué que leurs éléments ont affronté les forces spéciales de l’occupation, repérées dans le quartier d’al-Jabriyat et des engins piégés hautement explosifs ont ciblé, pour la première fois, un convoi israélien. Pour leur part, les Brigades al-Qassam du Hamas ont indiqué avoir tendu l’embuscade israélienne la ciblant d’engins piégés et d’une pluie de tirs de feu. En outre, l’AFP rapporte aussi que des missiles ont été tirés par un hélicoptère israélien. « Des hélicoptères de l’armée ont ouvert le feu vers des hommes armés afin d’aider à l’extraction de soldats », indique un communiqué militaire cité par l’AFP. « Un hélicoptère de l’armée de l’air a bombardé une zone dégagée à Jénine pour aider à sauver la force qui y était piégée », indique le site web israélien Walla, à la foi d’un responsable militaire.
Selon une source au sein des renseignements palestiniens, c’est la première fois qu’un hélicoptère a tiré des missiles sur Jénine depuis la fin de la Seconde Intifada (soulèvement palestinien, 2000-2005).
Il y a eu au moins 5 martyrs au terme de cette confrontation, dont Ahmed Saqer, 15 ans, Khaled Assassa, 21 ans et Qassam Abou Saria, 29 ans, a indiqué le ministère de la Santé palestinien. Plus de 66 personnes ont également été blessées, la plupart touchées par des balles réelles.
Faisant l’objet de projets de colonisation incessants, le nord de la Cisjordanie est le théâtre d’incursions israéliennes fréquentes et des affrontements éclatent souvent avec les groupes locaux de résistance palestiniens.
En mars, quatre Palestiniens, dont un adolescent et des combattants, avaient été tués lors d’une autre incursion israélienne dans cette zone palestinienne dite autonome en vertu des accords israélo-palestiniens d’Oslo (1993).
« Nous sommes au milieu d’une bataille globale sur tous les fronts qui requiert l’unité de notre peuple face à cette agression », a réagi sur les réseaux sociaux Hussein al-Cheikh, ministre palestinien des Affaires civiles.
Depuis le début de l’année, au moins 162 Palestiniens, 21 Israéliens, un Ukrainien et un Italien ont été tués dans des violences liées au conflit israélo-palestinien, selon un décompte de l’AFP établi à partir de sources officielles israéliennes et palestiniennes.
Tel-Aviv sur la défensive
Le Premier ministre de l’entité sioniste a indiqué lors de la récente session du ministère des Affaires étrangères et de la sécurité gouvernementale, « qu’il existe dix bataillons qui s’entraînent pour faire face au scénario dans lequel les Palestiniens de 1948 participeront dans une guerre aux multiples arènes » a rapporté Ze’ev Kam, correspondant politique de la chaîne israélienne Kan,.
Cette déclaration intervient après que Jacob Shabtai, commandant en chef de la police d’occupation, a mis en garde, le 6 juin, contre une « situation catastrophique » pour les effectifs des commissariats, soulignant « qu’il ne tolérerait pas une guerre sur plusieurs fronts, surtout si elle éclate dans les territoires occupés de 1948 ».
Kan a également rapporté des avertissements émis par la Division du Département des opérations de la police d’occupation, craignant le déclenchement d’un « nouveau soulèvement » des Palestiniens de 1948, similaire à ce qui s’est passé lors de la bataille de Saif al Qods en 2021.
Le Département des opérations de la Division a évoqué les estimations de la police selon lesquelles ce « soulèvement » sera plus violent que le précédent, indiquant « qu’il y a plus de chances que la police utilise des armes à feu pour repousser le soulèvement la prochaine fois ».
Benyamin Netanyahu a discuté de l’implication du service israélien de Sûreté générale, le Shin Bet, dans les territoires de 1948, lundi dernier, sous prétexte d’une hausse du « taux de criminalité », ce qui a soulevé des questions sur la véracité des motivations du chef du gouvernement pour cette décision, et les plans que l’occupation élabore pour cibler la présence des Palestiniens dans le territoire occupé.
La décision d’octroyer au Shin Bet des pouvoirs pour combiner violence et crime dans les zones de concentration des Palestiniens de 1948, a également suscité des réactions palestiniennes condamnatrices, car cet appareil cible les Palestiniens par divers moyens, y compris le crime organisé.
Les médias israéliens se sont concentrés, plus tôt, sur plusieurs opérations menées par des Palestiniens de 1948, les considérant comme les plus dangereuses et les plus préoccupantes pour les colons. La plus importante d’entre elles a été l’opération Hadera, en mars 2022, menée par deux jeunes de la ville occupée d’Umm al-Fahm.
Plusieurs villes des territoires palestiniens occupés de 1948 ont connu des marches et des affrontements massifs sans précédent avec la police d’occupation, en mai 2021, rejetant l’agression israélienne sur la bande de Gaza, et soutenant la résistance dans plusieurs villes et villages occupés.
Dans la bataille de Saif al-Qods en mai 2021, annoncée par la résistance en réponse à l’agression israélienne, il y a eu une interdépendance claire et significative entre les arènes d’action palestiniennes, car Israël n’a pas réussi à réaliser l’un de ses objectifs les plus importants pendant et après la bataille, à savoir diviser les arènes. L’entité sioniste a également reconnu cet échec après la vague d’opérations qui a balayé la Cisjordanie, Al-Qods et les territoires occupés de 1948.