«Le coût humain de cette bataille pour nous est très élevé. Il est juste terrifiant», a lancé Volodymyr Zelensky dans son allocution quotidienne aux Ukrainiens diffusée sur Telegram. «La bataille du Donbass restera sûrement dans l’histoire militaire comme l’une des batailles les plus violentes en Europe», a appuyé le président ukrainien, cité par l’AFP.
«Jusqu’à 100 soldats ukrainiens» sont tués et «500 blessés chaque jour» dans les combats avec l’armée russe, avait déclaré jeudi Oleksiï Reznikov, ministre ukrainien de la Défense,. V. Zelensky avait de son côté indiqué le 1er juin que son armée perdait «entre 60 à 100 soldats» par jour.
La prise de cette cité donnerait à Moscou le contrôle de la région de Lougansk et lui ouvrirait la route d’une autre grande ville, Kramatorsk, capitale de la région voisine de Donetsk. Une étape indispensable pour conquérir l’intégralité du bassin du Donbass, région essentiellement russophone en partie tenue par des séparatistes prorusses depuis 2014
Les séparatistes prorusses de l’est de l’Ukraine ont affirmé lundi que quatre personnes avaient été tuées et 22 blessées dans des bombardements « massifs » des forces de Kiev sur la ville de Donetsk, leur capitale autoproclamée.
Face à la bérézina qui ne fait que commencer, le président ukrainien a par ailleurs appelé les Occidentaux, une fois de plus, à fournir «davantage d’armes» à l’armée ukrainienne, au moment où les troupes de Moscou contrôlent en majeure partie Severodonetsk et continuent de pilonner l’artillerie ukrainienne. « Seule une artillerie moderne assurera notre avantage », a ajouté V. Zelensky qui se dit confiant dans la capacité de son armée à « libérer le territoire », « y compris Marioupol et la Crimée ». « Nous avons juste besoin d’assez d’armes pour assurer tout cela. Nos partenaires en ont », a-t-il martelé.
Cet appel intervient alors que les alliés fournissent déjà munitions, pièces détachées et armement léger à Kiev et que le Groupe de contact pour l’Ukraine, créé par Lloyd Austin, ministre de la Défense américain, doit se réunir ce mercredi à Bruxelles. L’Ukraine a épuisé son armement de fabrication russe et soviétique et dépend désormais exclusivement des armes que lui fournissent ses alliés étrangers, notamment de l’artillerie occidentale, selon des experts américains.
Washington a commencé à remettre à l’Ukraine de l’équipement lourd comme des obusiers Howitzers dans un premier temps, puis des équipements de pointe comme les lance-roquettes Himars, des pièces d’artillerie de haute précision et d’une portée supérieure à celles de l’armée russe.
L’Ukraine a reçu « environ 10% des armes » qu’elle réclame à ses partenaires occidentaux pour lutter sur le terrain face à l’armée russe, a indiqué mardi le ministère de la Défense ukrainien. « Des armes dont nous avons besoin, nous en avons reçu environ 10% », a regretté Anna Maliar, vice-ministre de la Défense, à la télévision ukrainienne. « Peu importe les efforts déployés par l’Ukraine, peu importe le professionnalisme de notre armée, sans l’aide de partenaires occidentaux nous ne pourrons pas gagner cette guerre », a -t-elle plaidé. Selon elle, « des délais clairs [de livraisons] doivent être fixés », « car chaque jour de retard est un jour de plus contre la vie des soldats ukrainiens, de notre peuple », a-t-elle fait valoir.
Denis Pushilin, président de la République populaire de Donetsk, a annoncé l’intensification des bombardements par les forces ukrainiennes contre les quartiers résidentiels de Donetsk et a averti que les dirigeants de la république se tourneraient vers la Russie pour obtenir l’aide nécessaire. Il a fait savoir sur sa chaîne Telegram, que « des méthodes de guerre interdites sont utilisées dans les bombardements contre les zones résidentielles, raison pour laquelle on demandera l’aide des forces alliées, y compris les forces de la Fédération de Russie ».
D. Pouchiline a dans ce contexte affirmé que « Donetsk a demandé à la Russie d’envoyer des forces alliées supplémentaires en raison de l’intensification des bombardements », notant que « Kiev a franchi toutes les limites et eu recours à des méthodes internationalement interdites lors de son récent bombardement contre la ville de Donetsk ». Il a souligné qu’au cours de la journée écoulée, l’armée de Donetsk « a éteint des dizaines d’incendies déclenchés par les tirs ennemis ».
Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a annoncé que la demande de Donetsk a été transmise au ministère de la Défense, soulignant que l’objectif principal de l’opération militaire spéciale en Ukraine était de protéger le Donbass. « L’objectif principal de l’opération militaire spéciale en Ukraine est de protéger les républiques de Donetsk et de Lougansk », a déclaré le responsable à Novosti.
La Russie a annoncé mardi qu’elle interdisait l’entrée sur son territoire à 49 citoyens britanniques, des journalistes et des représentants du secteur de la Défense, sanctions adoptées en lien avec le conflit en Ukraine. Ces personnes « ne sont plus autorisées à entrer en Fédération de Russie », a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué, les accusant de « propager de fausses informations » au sujet du conflit en Ukraine. Dans la liste des personnes sanctionnées figurent les noms de plusieurs hauts responsables de la BBC et de journalistes célèbres du groupe comme Orla Guerin, Paul Adams ou encore Nick Robinson. C’est le cas aussi d’autres grands noms de la presse britannique, comme la rédactrice en chef du journal The Guardian, Katharine Viner, le chroniqueur du Financial Times Gideon Rachman et Sophy Ridge, qui présente l’émission politique dominicale de Sky News. Certaines personnes réputées pour leur connaissance de la Russie et de l’espace de l’ancienne Union soviétique sont également visées, comme le journaliste Shaun Walker (The Guardian) et l’analyste Mark Galeotti.
Outre 29 journalistes et experts, la liste des personnes ciblées par Moscou comprend 20 citoyens britanniques associés au secteur de la défense, des responsables gouvernementaux et militaires, ainsi que des cadres de groupes industriels comme BAE Systems et Thales UK.
Ce n’est pas la première fois que la Russie annonce une telle mesure en réponse aux sanctions britanniques liées à l’offensive de Moscou contre l’Ukraine. Fin mai, la diplomatie russe avait ainsi annoncé avoir interdit son territoire à 154 membres de la Chambre des Lords.
En outre, Gazprom vient d’annoncer une baisse de plus de 40% de ses livraisons quotidiennes de gaz vers l’Allemagne via le gazoduc Nord Stream qui livre du gaz russe à l’Allemagne via la mer Baltique, sur deux tronçons de 1 224 kilomètres chacun. C’est par un communiqué publié sur Telegram que Gazprom a informé l’Allemagne de sa décision. Le géant pétrolier écrit : « Les livraisons de gaz via le gazoduc Nord Stream ne peuvent être assurées que jusqu’à un volume de 100 millions de m3 de gaz par jour au lieu des 167 millions de m3 par jour prévus. » Gazprom justifie cette baisse de 40% de ses livraisons de gaz à l’Allemagne par le fait que son fournisseur allemand Siemens ne lui a pas envoyé les équipements dont il a besoin. La plus grosse compagnie de Russie affirme qu’en l’absence des compresseurs de Siemens, elle ne peut assurer le fonctionnement que de trois unités de compression de gaz, à la station de PortovaÏa, à la frontière de la Finlande, où se fait le remplissage du gazoduc Nord Stream. De son coté, Siemens se refuse à tout commentaire, tout en précisant être « en train de clarifier la situation ». Le gouvernement allemand va débloquer une aide de 9 à 10 milliards d’euros pour sauver l’ex filiale allemande de Gazprom, menacée de faillite, et dont Berlin a pris le contrôle début avril pour assurer son approvisionnement en gaz, ont indiqué des sources gouvernementales mardi.
La décision de Moscou intervient au moment même où la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en visite en Israël déclare qu’en réponse au chantage gazier de Moscou, l’Union européenne souhaite renforcer sa coopération énergétique avec Tel-Aviv, en bisbille avec Beyrouth sur la délimitation des frontières maritimes.