Le président français a dénoncé dimanche 6 avril les nouvelles « frappes meurtrières » de la Russie en Ukraine et appelé à des « actions fortes » si Moscou continue à « refuser la paix ». « Ces frappes de la Russie doivent prendre fin. Il faut un cessez-le-feu dans les meilleurs délais. Et des actions fortes si la Russie continue de chercher à gagner du temps et à refuser la paix », a-t-il déclaré sur le réseau X.
Alors que des signes de détente apparaissent entre Washington et Moscou et que des négociations sur le cessez-le-feu en Ukraine prennent forme, l’Union européenne semble paradoxalement multiplier les obstacles au processus de paix, selon une analyse publiée dans le quotidien allemand. L’auteur de l’article cite notamment l’initiative du président français d’envisager l’envoi de troupes de l’OTAN en Ukraine, une démarche jugée difficilement conciliable avec toute volonté de désescalade. D’après le Berliner Zeitung, une telle démarche, catégoriquement rejetée par Moscou, va à l’encontre des principes élémentaires de médiation, qui reposent sur la neutralité des forces d’interposition.
Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne, est également citée comme figure marquante de cette opposition aux discussions. Depuis sa prise de fonctions, elle affiche une ligne ferme, estimant qu’il ne serait pas possible de faire confiance à Moscou. En décembre dernier, elle a écrit sur X que l’UE souhaitait la victoire de l’Ukraine.
Une position de plus en plus contestée en coulisses au sein des capitales européennes, bien que peu de voix discordantes s’expriment publiquement, toujours selon le quotidien allemand. L’article souligne que Mette Frederiksen, Première ministre danoise, partage cette vision. Elle a indiqué que la paix pourrait être plus dangereuse que les hostilités en cours. Une affirmation considérée comme frappante par l’auteur, au vu du risque nucléaire accru que représente actuellement le conflit en Ukraine.
Le Berliner Zeitung rappelle qu’il est peu probable que Moscou se retire entièrement et sans condition du Donbass ou de la Crimée. Exiger ce retrait comme préalable à toute levée de sanctions revient à pérenniser un régime de sanctions sans fin et à priver l’Europe d’un levier stratégique majeur. L’UE en porte-à-faux stratégique D’après l’auteur de l’article, plutôt que de s’imposer comme médiatrice entre les blocs rivaux, ce qui serait logique au vu de sa position géographique, l’Europe alimente un conflit sans issue. Ce faisant, elle compromet sa propre sécurité ainsi que celle de l’Ukraine, qu’elle prétend défendre, indique le journal.
Vijay Prashad, historien américano-indien cité par le Berliner Zeitung, explique ce comportement par l’attachement des élites européennes à leur image et au récit d’une victoire absolue. Selon lui, trop de ressources, de vies et d’engagements politiques ont été investis dans cette vision pour faire marche arrière.
Toujours d’après l’analyse, à condition que les objectifs russes soient réellement limités sur le plan régional et non dirigés contre l’ensemble de l’Ukraine ou l’OTAN, une nouvelle architecture de sécurité en Europe pourrait devenir envisageable. Cela impliquerait des efforts de désescalade et de renforcement de la confiance mutuelle. Cependant, ces perspectives entreraient en conflit avec les discours alarmistes ayant servi à justifier des dépenses massives en matière de défense et des changements constitutionnels.
L’auteur de l’article se demande si le désir de sauver un récit politique désormais discrédité n’aurait poussé les leaders européens à sacrifier l’opportunité d’une paix durable. La seule voie raisonnable pour les Européens, selon lui, est de reconnaitre les faits, car la stratégie occidentale en Ukraine a échoué.
L’Ukraine a dénoncé, dimanche 6 avril, une « attaque massive » russe sur son territoire, qui a fait au moins un mort et trois blessés dans la capitale Kiev, ainsi qu’une autre victime dans le sud du pays. « Le nombre d’attaques aériennes augmente », a pointé Volodymyr Zelensky sur les réseaux sociaux.
La Russie « aux premières heures de ce matin a lancé une attaque massive à l’échelle nationale contre l’Ukraine en utilisant des missiles balistiques, des missiles de croisière et des drones », a déclaré Yulia Svyrydenko, première vice-Première ministre.
La Russie a lancé 23 missiles de croisière et balistiques et 109 drones, a déclaré la force aérienne ukrainienne, causant des dégâts dans six régions. La force aérienne a déclaré avoir abattu 13 des missiles et 40 drones, tandis que 54 autres n’ont causé aucun dommage. A Kiev, des explosions ont été entendues pendant la nuit et une épaisse fumée noire s’est élevée de la ville tôt dimanche matin, ont constaté des journalistes de l’AFP. « Une personne a été tuée et trois ont été blessées, deux d’entre elles ont été hospitalisées », a écrit le chef de l’administration militaire de la ville, Tymur Tkachenko, sur les réseaux sociaux.
Des incendies ont éclaté à Kiev dans des bâtiments non résidentiels, endommageant un centre d’affaires, une usine de meubles et des entrepôts, ont indiqué les services d’urgence. Ils ont publié des vidéos de fumée s’élevant des débris carbonisés, un hangar éventré et un grand bâtiment administratif à plusieurs étages avec le toit arraché et les fenêtres soufflées. Une frappe de missile a également partiellement détruit un bâtiment abritant les bureaux des chaînes publiques ukrainiennes diffusant des programmes en langues étrangères, sans faire de blessés.
Dans la région sud de Kherson, un drone a tué un homme de 59 ans, tandis que dans la région nord-est de Kharkiv près de la frontière avec la Russie, deux personnes ont été blessées lors d’une attaque utilisant des bombes aériennes guidées, ont déclaré les responsables régionaux.
Dans la région de Khmelnytsky, en Ukraine occidentale, les autorités ont déclaré que les défenses aériennes ont détruit un missile, mais des fragments tombants ont endommagé une maison et une femme a été blessée. De son côté, le ministère russe de la Défense a indiqué avoir intercepté et détruit 11 drones ukrainiens.
Les attaques interviennent alors que le président américain Donald Trump pousse pour un cessez-le-feu partiel entre la Russie et l’Ukraine, plus de trois ans après l’invasion à grande échelle de Moscou, et cherche un dégel des relations avec le Kremlin. Andriy Yermak, chef de cabinet de V. Zelensky, a déclaré dimanche : « Le langage de la force est le seul que (le président russe Vladimir) Poutine comprend. Tous nos partenaires doivent passer à ce langage ».
« Le nombre d’attaques aériennes augmente », a écrit V. Zelensky sur les réseaux sociaux. « La pression sur la Russie est encore insuffisante, et les frappes quotidiennes russes sur l’Ukraine le prouvent », a-t-il estimé, Kiev demandant notamment davantage de sanctions économiques contre Moscou.
Au sol, la Russie a annoncé, dimanche 6 avril, la prise d’un village dans la région ukrainienne de Soumy (nord-est), frontalière de son territoire et où il est très rare qu’elle revendique des avancées. Le ministère russe de la Défense a affirmé dans un communiqué cité par l’AFP que ses soldats avaient pris le village de Bassivka, tout près de la Russie. Début mars, Moscou avait déjà revendiqué la prise d’un village voisin, Novenké, ce qui représentait alors une première depuis la retraite russe en 2022, même si Kiev avait ensuite affirmé que ses soldats « repoussaient » les troupes russes dans cette zone. La région de Soumy avait été partiellement occupée au début de l’offensive russe il y a trois ans, mais les troupes russes s’en étaient retirées au printemps 2022.