Après des semaines de tensions allant crescendo entre les deux pays, Scott Bessent, secrétaire au Trésor américain et Jamieson Greer, représentant au Commerce, ont rencontré He Lifeng, vice-Premier ministre chinois ce week-end à Genève.
« Le président aimerait régler le problème avec la Chine. Comme il l’a dit, il aimerait apaiser la situation », a lancé vendredi soir Howard Lutnick, secrétaire au Commerce, sur Fox News.
« 80% de droits de douane sur la Chine semble le bon niveau! », avait écrit plus tôt dans la journée le président américain sur son réseau Truth Social. Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, D. Trump a fait des droits de douane un outil politique à part entière. Il a imposé une surtaxe de 145% sur les marchandises venant de Chine, en plus des droits de douane préexistants. Pékin a riposté avec 125% de droits de douane sur les produits américains.
Résultat: les échanges bilatéraux sont pratiquement à l’arrêt.
Les discussions prévues à Genève sont donc « un pas positif et constructif vers la désescalade », a estimé Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l’OMC. Pour Guy Parmelin, ministre suisse de l’Economie, c’est déjà « un succès » que « les deux parties se parlent ».
La situation est telle qu’ « aucune partie ne peut se permettre que cela se prolonge », a déclaré à Shanghai Xu Bin, professeur d’économie à l’école de commerce international Chine Europe (CEIBS). « Les deux pays ont toutefois montré que, sans concession de l’autre bord, ils n’étaient pas prêts à faire le premier pas », a ajouté l’économiste.
D. Trump « ne va pas unilatéralement laisser les droits de douane sur la Chine. On doit aussi voir des concessions de leur part », a averti sa porte-parole Karoline Leavitt.
Sur le plan « pratique », cela coince aussi, selon Bill Reinsch, expert du Center for Strategic and International Studies. D. Trump veut rencontrer son homologue Xi Jinping, « trouver un accord avec lui, et qu’ensuite leurs subordonnés règlent les détails », décrit-il à l’AFP, alors que les Chinois « veulent que tous les sujets soient réglés avant une réunion » des deux présidents.
Le professeur Xu Bin ne s’attend pas à ce que les droits de douane reviennent à un « niveau raisonnable. Même si cela descend, ce sera probablement de moitié, et, là encore, ce sera trop haut pour avoir des échanges commerciaux normaux. »
La Suisse a profité de son rôle d’hôte pour s’entretenir vendredi avec les responsables américains, alors que Washington a menacé d’imposer une surtaxe de 31% sur ses produits. La présidente suisse a rapporté à l’issue que les deux parties étaient « d’accord » pour accélérer les discussions.
Depuis son investiture en janvier, le président républicain a lancé une offensive protectionniste tous azimuts: nouveaux droits de douane sectoriels (+25% sur l’acier, l’aluminium, l’automobile), droits de douane universels (+10% sur la plupart des produits entrant aux Etats-Unis, quelle que soit leur provenance), d’autres en gestation. Des taxes encore plus lourdes étaient prévues pour punir les partenaires qui exportent plus vers les Etats-Unis que l’inverse. D. Trump les a suspendues – sauf pour la Chine, donc – jusque début juillet pour donner selon lui une chance aux négociations.
Jeudi, le président a annoncé un premier accord avec Londres, qui n’était pas visée par les surtaxes punitives. Le document, présenté comme « historique » des deux côtés, fait cinq pages. Il y est spécifié qu’il n’est « pas légalement contraignant ». Il doit permettre au Royaume-Uni d’échapper au gros des surtaxes américaines sur ses voitures et d’ouvrir davantage le marché britannique aux produits agricoles américains.