Le 9 avril, D. Trump, dans un virage aussi spectaculaire qu’imprévu, a annoncé la suspension — durant 90 jours — de la majorité des droits de douane qu’il avait imposés récemment sur les produits européens, sud-américains, asiatiques et africains, tout en conservant ceux visant spécifiquement la Chine. Résultat immédiat : les marchés financiers, qui flirtaient avec la panique depuis plusieurs jours, ont connu un rebond euphorique. Les devises émergentes, malmenées par l’incertitude commerciale, ont retrouvé de la vigueur. Le prix du pétrole est reparti à la hausse, par effet d’anticipation d’une reprise des échanges mondiaux. Ce 10 avril, le Dow Jones de New York — le plus vieil indice boursier du monde — a pris plus de 7 %.
En Europe, les principaux indices se sont envolés dès l’ouverture. Vers 07H30 GMT, la Bourse de Paris décollait de 6,35 %, celle de Francfort de 6,57 %, celle de Londres de 4,66 % et celle de Milan de 6,83 %. La Bourse suisse décollait de 5,69 %. Elles ont terminé également en nette hausse : Paris +3,83 %, Francfort +4,53 %, Londres +3,19 % Même son de cloche en Asie : à la Bourse de Tokyo, l’indice vedette Nikkei a terminé sur un bond de plus de 9 %, et à Séoul, l’indice Kospi a gagné 6,6 %.
Cette volte-face de D. Trump s’inscrit sans doute dans une tactique préméditée : rassurer les milieux économiques, inviter la majorité des pays à négocier leur taux durant la période des 90 jours, tout en maintenant la pression sur la Chine, grande rivale systémique et cible privilégiée de sa rhétorique de guerre commerciale. Parallèlement à la trêve sur les droits de douane, D. Trump a même annoncé le même jour durcir les surtaxes visant Pékin en raison d’un supposé « manque de respect », les portant à 125 %, contre 104 % auparavant. Aujourd’hui encore, il les augmente à 145 % ! La hausse faisait suite à une décision antérieure de Pékin de faire passer ses mesures de rétorsion de 34 % à 84 %.
La surenchère américano-chinoise, conjuguée à la volte-face trumpienne sur ses tarifs douaniers, a soulevé plus de questions que de réponses chez les observateurs et les analystes invités massivement à décortiquer les développements dans la presse internationale.
Le Président milliardaire peut-il encore être perçu comme prévisible par les partenaires commerciaux ? Quel sera l’impact à long terme sur la crédibilité des États-Unis dans les négociations multilatérales ? Et que cache cette mansuétude soudaine envers l’Europe et d’autres puissances régionales ? Autant de questions qui taraudent la presse internationale au lendemain de l’annonce.
Les droits de douane additionnels appliqués aux produits chinois par les États-Unis atteignent désormais 145 %, selon un décret de la Maison Blanche publié jeudi 10 avril précisant les conditions d’application de la nouvelle offensive visant la Chine annoncée la veille.
Selon le décret, qui confirme par ailleurs la pause sur une partie des taxes visant les autres pays, la hausse de 125 % de droits de douane annoncée mercredi par D. Trump contre la Chine viennent s’ajouter aux 20 % déjà existants depuis début mars, dans le cadre de la lutte contre le trafic du fentanyl, puissant opioïde qui cause une grave crise sanitaire dans le pays. Ils s’ajoutent aussi aux taxes déjà en place avant le retour à la Maison Blanche du milliardaire.