« Les projets ouverts de l’OTAN de s’infiltrer ici [dans la région Asie-Pacifique] et d’y établir ses propres règles constituent bien sûr un danger particulier », a déclaré mercredi 14 septembre Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse conjointe à Moscou avec son homologue birman Than Swe.
Saluant l’action de l’Asean au cours de ces dernières décennies, le diplomate a évoqué le besoin de mettre en place une « architecture d’inclusion » dans la région, « afin de garantir la sécurité et le développement de tous les pays sans exception ». Evoquant une « tendance pas très favorable », Sergueï Lavrov est alors revenu sur les pressions des Occidentaux « qui essaient de mettre en place dans la région Asie-Pacifique les éléments des blocs et des mécanismes qui visent à endiguer le développement des autres pays ».
« Des mécanismes qui sont en compétition et qui veulent priver l’Asean de son rôle de leader traditionnel dans le domaine de la sécurité et de la coopération dans cette région », a poursuivi le chef de la diplomatie russe. « Et, surtout, la menace est représentée par les projets otaniens de s’implanter ici pour qu’ils puissent dicter leurs règles » a-t-il ajouté.
Le 7 septembre, dans la foulée d’un sommet de l’Asie de l’Est à Djakarta, le chef de la diplomatie russe avait dénoncé les tentatives occidentales « d’ukrainiser » le sommet de l’Asean. Des tentatives qui se seraient avérées infructueuses, d’après le ministre, qui avait exprimé sa gratitude envers les pays de la région menant une politique étrangère « exclusivement selon leurs intérêts nationaux ».
Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, ont renforcé leur maillage d’alliances dans la région avec pour objectif commun de s’opposer à la Chine. Au Dialogue quadrilatéral pour la sécurité QUAD, qui depuis la fin des années 2000 réunie les Etats-Unis, l’Inde, l’Australie et le Japon, est venue s’ajouter en 2021 une alliance purement anglo-saxonne baptisée AUKUS (pour Australie-Royaume-Uni-Etats-Unis).
Washington parle de menaces
De son côté, Antony Blinken, secrétaire d’État US, a assuré que la situation actuelle à l’international signifie la fin de l’ordre mondial de l’après-Guerre froide. Selon lui, ce sont notamment les relations entre Pékin et Moscou qui en sont à l’origine, représentant une menace pour l’époque vue par Washington comme de « relative stabilité géopolitique ».
Le partenariat sino-russe est associé à la fin de l’ordre mondial de l’après-Guerre froide, a annoncé ce 13 septembre le secrétaire d’État américain A. Blinken lors d’une conférence à l’université Johns Hopkins. « Pékin et Moscou travaillent ensemble pour rendre le monde plus sûr pour les autocraties grâce à leur partenariat sans limites […]. Ce que nous vivons actuellement est plus qu’un test de la durabilité de l’ordre mondial formé après la Guerre froide. C’est la fin de cet ordre », a-t-il asséné.
Entretemps, les dirigeants russes et chinois se sont prononcés, lors de leur entrevue en mars dernier, pour le respect et la prolifération des valeurs universelles -telles que la paix, le développement, l’égalité, la justice, la démocratie et la liberté- et à s’engager dans le dialogue plutôt que dans la confrontation.
Dans ces circonstances, les deux parties maintiennent une coordination étroite en matière de politique étrangère et une interaction au sein des plateformes multilatérales, en défendant résolument l’égalité et la justice, et en promouvant la construction d’un nouveau type de relations internationales.
Selon le responsable américain, le monde a vécu des décennies de « relative stabilité géopolitique » avec des espoirs de « paix et de sécurité croissantes, de coopération internationale, d’interconnexion économique, de libéralisation politique et de triomphe des droits de l’homme ». Une époque qui a cédé la place à « une concurrence accrue avec des puissances autoritaires et révisionnistes », d’après A. Blinken. « Cela ne s’est pas produit du jour au lendemain. Ce qui nous a amenés à ce moment fera l’objet de recherches et de débats dans les décennies à venir », a-t-il ajouté.
Les relations sino-russes se sont renforcées au cours de cette année avec la visite du 20 au 22 mars du chef d’État chinois, Xi Jinping. Les deux parties les ont qualifiées d’« amicales », visant à augmenter la prospérité de leurs peuples et celle de toute la communauté internationale. « Je suis prêt, avec le Président Vladimir Poutine, à définir de nouveaux plans et de nouvelles mesures pour ouvrir de nouvelles perspectives de partenariat global et d’interaction stratégique entre la Chine et la Russie », avait-il alors déclaré.