La déclaration finale du sommet a « demandé au Département des affaires politiques, de la paix et la sécurité de dresser une liste complète des chefs de groupes armés et terroristes en Afrique responsables de crimes contre les réfugiés et les personnes déplacées internes, et de poursuivre ceux qui commettent, encouragent, financent ou facilitent de tels crimes ». Aucun participant n’a exprimé d’opposition ou de réserves à ce sujet.
La mise en œuvre de cette résolution pourrait encourager les réfugiés à témoigner des souffrances endurées dans les prisons des groupes armés. Les victimes du Polisario dont le calvaire n’a pas bénéficié de l’attention particulière des organisations de défense des droits de l’Homme peuvent dès lors témoigner. Réfugiés sahraouis à Lahmada et leurs coreligionnaires qui ont pu regagner la mère-patrie, au même titre que les soldats des Forces armées royales (FAR) qui ont subi des violations dans les geôles des séparatistes, outre les ressortissants mauritaniens, ont désormais la possibilité de témoigner de leurs calvaires.
Le sommet a aussi exhorté ses membres à « renforcer la protection des camps de réfugiés et des personnes déplacées internes, et à prendre des mesures supplémentaires pour les protéger de toute exploitation par des groupes armés et terroristes ». Et invité « la Commission de l’UA à développer des systèmes de collecte, d’analyse et de gestion des données et statistiques sur les réfugiés, les rapatriés et les personnes déplacées internes, afin d’améliorer la prise de décision et d’assurer une action humanitaire efficace sur le continent ».
Le voisin algérien qui abrite et soutient les séparatistes sahraouis a de tout temps rejeté les demandes des Nations unies pour le recensement de la population des camps de Tindouf. La dernière requête figure dans la résolution 2756 du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental, adoptée le 31 octobre 2024. En septembre 2022, Alger avait fait savoir, depuis la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, que le recensement « n’a de sens que s’il s’inscrit dans le cadre d’un référendum juste et libre visant à permettre au peuple du Sahara occidental d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination ». Une dérobade flagrante. En obtenant l’adhésion de l’Union africaine à sa demande récurrente de recenser la population des camps de Tindouf, le Maroc réalise une avancée au sein de l’organisation continentale, après celle déjà obtenue dans les instances onusiennes.
Appui aux pays en transition
Il est également à noter que le dossier du Sahara occidental, comme lors des précédents sommets de l’UA, n’a pas été mentionné dans le communiqué final du 38e sommet.
En tout cas, le Maroc s’est également illustré en se portant au chevet des pays en transition. En sa qualité de président du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) pour le mois de mars, le Royaume a initié, mardi à Addis-Abeba, des consultations informelles avec six pays en transition politique : Burkina Faso, Gabon, Guinée, Mali, Niger et Soudan.
Ces échanges ont permis aux représentants de ces États, suspendus de l’UA après des changements de régime, de faire le point sur l’évolution de leur processus de transition démocratique et de maintenir un dialogue constructif avec l’instance continentale.
Mohamed Arrouchi, ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l’UA et de la CEA-ONU, a rappelé que ces consultations s’inscrivent dans le cadre du mandat du CPS, en application de l’Article 8 alinéa 11 de son Protocole, qui prévoit la tenue de rencontres informelles avec les parties concernées par une situation en cours d’examen. « Notre réunion vise à renforcer le dialogue avec les États en transition, à écouter leurs attentes et à identifier ensemble les meilleures voies pour favoriser la stabilité, la paix et leur retour à l’ordre constitutionnel, condition essentielle à leur pleine réintégration au sein de l’UA », a-t-il fait savoir.
Cette initiative témoigne de l’engagement agissant du Maroc en faveur de la stabilité régionale. Elle marque une avancée vers une approche multidimensionnelle et solidaire, visant à accompagner ces pays vers des solutions durables et adaptées à leurs réalités nationales et aux dynamiques régionales. Par ce dialogue, le CPS cherche à identifier des pistes de convergence, renforcer la coopération interafricaine et jeter les bases d’une réintégration progressive des pays en transition au sein de l’Union africaine.