« Cette résolution intervient dans un contexte marqué par la trajectoire irréversible imprimée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, au dossier de l’intégrité territoriale du Royaume, à travers les soutiens croissants de membres permanents du Conseil de sécurité et de pays influents à la marocanité du Sahara et à l’Initiative Marocaine d’Autonomie et la poursuite des retraits des reconnaissances de la pseudo “RASD” », précise la même source. La diplomatie marocaine a affirmé que le texte approuvé par les Quinze consacre deux évolutions importantes qui confortent la position de Rabat. « Dans le premier ajout, le Conseil « s’est félicité du momentum récent et a demandé instamment à ce que l’on construise autour” (…) Le deuxième ajout concerne l’appel du Conseil de Sécurité aux autres parties “d’éviter les actes qui pourraient compromettre le processus politique” ».
En effet, cette résolution est votée alors que l’Equateur a suspendu, le 22 octobre, sa reconnaissance de la fantomatique RASD. De son côté, le président français, Emmanuel Macron, a réaffirmé, cette semaine et depuis Rabat, son soutien à la marocanité du Sahara.
Ne partageant pas la satisfaction de la partie marocaine, le Polisario indique, pour sa part, « qu’il ne participera à aucun processus de paix qui n’est pas fondé sur les résolutions du Conseil de sécurité dans leur ensemble et sur la lettre et l’esprit des résolutions de l’Assemblée générale et des dispositions du plan de règlement, qui est la base du mandat de la MINURSO et la raison de son existence ». Le Front séparatiste se réfère aux textes de l’instance exécutive de l’ONU appelant à l’organisation d’un référendum d’autodétermination dans la province. Une démarche qui, depuis 2007, n’a plus droit de cité dans les résolutions des Quinze. Elle a été éclipsée par la « solution politique négociée ».
Le Polisario a également réitéré « son rejet catégorique de toute proposition, quelle qu’en soit la source, qui sortirait du cadre juridique du Sahara occidental en tant que question de décolonisation et serait en contradiction avec le mandat fondamental de la MINURSO ». Pour mémoire, l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, avait mis fin en 2000 aux fonctions de la commission onusienne chargée d’élire les personnes devant prendre part au projet du référendum.
Dans son communiqué, le Polisario a passé sous silence les appels des Nations unies au respect des accords du cessez-le-feu, préférant mettre l’accent sur la « détermination du peuple sahraoui à poursuivre et à intensifier sa lutte de libération et sa résistance par tous les moyens légitimes, y compris la lutte armée ».
Le communiqué du Polisario a également oublié d’évoquer le refus de l’Algérie de prendre part au vote de la résolution 2756. Le texte était également exempt des traditionnels remerciements que le Polisario adresse en pareilles circonstances aux autorités algériennes pour leur « soutien à sa lutte ». La direction du Front n’a semble-t-il pas compris le retrait d’Alger du processus de vote alors même que son allié est membre non permanent du Conseil de sécurité.
Droits humains en pointe
Au Conseil de sécurité, des pays ont appelé le Maroc à autoriser la reprise des visites du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme au Sahara. « Le Conseil a intensifié son appel au renforcement de la coopération avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH). Nous sommes convaincus que le travail essentiel du HCDH bénéficie d’un large soutien dans cette salle, et nous exhortons vivement à tout mettre en œuvre pour faciliter sa mission », a notamment souligné le représentant des États-Unis dans une allocution. « Nous sommes convaincus que le HCDH doit avoir un accès sans entrave à ce territoire », a déclaré pour sa part le représentant de la Slovénie. Même son de cloche auprès du Royaume-Uni et de la Suisse.
Dans son rapport 2024 sur la situation au Sahara, le secrétaire général de l’ONU a reconnu que « le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) n’a pas pu se rendre au Sahara occidental pour la neuvième année consécutive, malgré de multiples demandes officielles et malgré le fait que le Conseil de sécurité, dans sa résolution 2703 (2023), ait appelé à une coopération renforcée, notamment en facilitant de telles visites ».
« Le manque d’accès à des informations de première main et à un suivi indépendant, impartial, complet et soutenu de la situation des droits de l’homme est resté préjudiciable à une évaluation complète de la situation des droits de l’homme dans la région », a déploré António Guterres.
Pour rappel, la dernière visite d’une commission technique du HCDH au Sahara remonte à 2015.
Après le vote du Conseil de sécurité sur la nouvelle résolution concernant le Sahara, Amar Bendjama, représentant permanent de l’Algérie auprès de l’ONU, a pris la parole pour dresser un réquisitoire contre les États-Unis. « Le porte-plume (les Etats-Unis) a délibérément ignoré nos observations, et cela nous a étonnés », a-t-il déploré dans une longue intervention.
Ce rejet est « en contradiction flagrante avec les dispositions [régissant] les méthodes de travail au sein de ce Conseil de sécurité. Des dispositions qui exigent du porte-plume l’écoute, l’équité, et la transparence dans l’appréhension des positions exprimées par les membres du Conseil », a expliqué l’ambassadeur algérien. « En revanche, nous avons assisté à des promesses non tenues et à des tergiversations de la part du porte-plume.»
L’ambassadeur algérien a reconnu que son pays a tenté, après le rejet de ses amendements, de proposer aux États-Unis « une simple mise à jour technique de la résolution de l’année dernière, en échange de l’annulation d’une réunion », convoquée par l’Algérie des Quinze, le lundi 28 octobre. Alger avait demandé un retrait de toute mention dans le texte des « tables rondes », tenues en décembre 2018 et mars 2019 à Genève avec la participation du Maroc, du Polisario, de l’Algérie, et de la Mauritanie.
A. Bendjama a révélé que les États-Unis ont fait la sourde oreille et ont inscrit le projet de résolution en texte final à l’ordre du jour de la séance du 31 octobre. Le diplomate a estimé que le « porte-plume n’a pas accompli sa mission ».
Anticipant le réquisitoire de l’Algérie, le représentant des États-Unis a souligné, quelques minutes plus tôt, que son pays « a cherché un terrain d’entente dans l’esprit de permettre une solution politique attendue depuis longtemps. Nous apprécions les longues heures d’engagement constructif et de bonne foi avec les membres du Conseil tout au long de ce processus sur cette importante résolution ».
« Nous regrettons que, malgré nos efforts sincères, le Conseil n’ait pas pu être unanime pour renouveler ce mandat aujourd’hui, car l’unité renforce grandement les efforts de l’ONU pour parvenir à la paix », a-t-il expliqué. Et de conclure en réaffirmant que « les États-Unis continuent de considérer la proposition d’autonomie du Maroc comme sérieuse, crédible, et réaliste, et comme une approche potentielle pour satisfaire les aspirations du peuple du Sahara occidental ».
Le représentant de l’Algérie avait demandé la parole pour critiquer le rejet US des amendements présentés par son pays lors des consultations à huis clos. Ces propositions concernaient les droits de l’Homme, a-t-il précisé. Le représentant de l’Algérie a évoqué des « pressions » qu’auraient subies les membres du Conseil de sécurité « ici à New York et dans vos capitales ». La présidente de la séance a ensuite soumis les propositions algériennes au vote. Elles furent également rejetées. Une décision qui a ouvert la voie au vote de la résolution n°2756.