« Le ministre de l’Intérieur, Ibrahim Mourad, effectue une visite officielle en Espagne les 24 et 25 février, à l’invitation de son homologue espagnol, Fernando Grande Marlaska », lit-on dans un communiqué du ministère de l’Intérieur algérien. Cette visite, précise la même source, vise à « discuter de la coopération bilatérale dans des domaines d’intérêt commun. »
Pour rappel, l’Algérie avait précédemment rappelé son ambassadeur en Espagne, suspendu le traité d’amitié avec Madrid et ordonné aux banques algériennes de geler les transactions financières avec l’Espagne. En novembre 2023, l’Algérie a nommé Abdel Fattah Daghmoum comme nouvel ambassadeur à Madrid, espérant un changement d’attitude de la part de l’Espagne concernant son soutien au Maroc sur le dossier du Sahara occidental.
Avec cette visite, l’Algérie semble avoir levé les conditions qu’elle avait posées pour normaliser ses relations avec l’Espagne. Auparavant, elle exigeait des « clarifications préalables » du gouvernement espagnol sur son revirement concernant le Sahara occidental. Malgré cela, l’Espagne a maintenu sa position sur le Sahara, réaffirmant son soutien à l’autonomie proposée par le Maroc comme solution au conflit.
Cette tentative de rapprochement avec l’Espagne intervient alors que l’Algérie entretient des relations tendues avec la France, qui a également reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara. Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, a même annoncé sur BFMTV des « mesures de restriction de circulation et d’accès au territoire national pour certains dignitaires algériens ». Il a précisé être « prêt à en prendre davantage » si la situation ne se débloque pas.
Ces sanctions répondent au refus d’Alger d’accueillir plusieurs ressortissants expulsés de France, dont l’assaillant de l’attentat de Mulhouse, mais aussi à l’incarcération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. « Ce sont des mesures réversibles qui s’éteindront dès lors que la coopération reprendra », a expliqué J-N. Barrot, tout en se disant disposé à se rendre en Algérie pour trouver une issue.
Si le ministre prône une approche mesurée, à l’opposé du ton plus offensif de son collègue de l’Intérieur Bruno Retailleau, cette crise s’inscrit dans un contexte de relations franco-algériennes déjà tendues. Elle intervient après un autre geste fort de Paris sur un dossier sensible : la reconnaissance officielle de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, une décision qui avait suscité la colère d’Alger.