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Dons iraniens et russes au Liban : Washington oppose son véto

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Washington a informé Najib Mikati, Premier ministre libanais, de son refus de voir son pays recevoir un don du carburant iranien, sous peine de sanctions US. En parallèle, des responsables US tablent sur le pourrissement de la situation globale dans le pays du Cèdre pour porter le coup de grâce au Hezbollah.

« Les Américains n’autorisent pas l’acheminement du gaz égyptien et l’électricité jordanienne au Liban, et vous verrez demain quelle sera leur position concernant le don du carburant iranien au Liban ». Telle est en substance la déclaration faite par le leader di Hezbollah le 29 octobre dernier en marge de l’accord de la démarcation des frontières maritimes sud.

Quelques jours après le discours de Hassan Nasrallah, les États-Unis ont officiellement informé le Liban qu’ils n’autoriseront pas le don iranien, sous prétexte que le pétrole iranien est soumis aux sanctions US, quelle que soit la forme sous laquelle il est échangé, gratuit ou pas. Ils ont également invoqué les lois imposées par Washington sur Téhéran après le retrait des États-Unis de l’accord nucléaire iranien sous l’administration de l’ancien président américain Donald Trump, en 2018.

Si les autorités libanaises avaient compris, après avoir contacté des responsables américains, que les sanctions US « n’incluent pas les dons », ils ont vite déchanté. Les Américains auraient délibérément avancé des réponses confuses de peur de voir les négociations sur la démarcation des frontières maritimes avec Israël tomber à l’eau.

Lorsque le médiateur américain, Amos Hochstein, a été interrogé sur la question, il n’a pas donné de position claire et a dit à Walid Fayyad, ministre de l’Énergie, de laisser cette question au Premier ministre car une telle décision nécessite l’approbation du Conseil des ministres. Attitude saluée à l’époque par Dorothy Shea, ambassadrice américaine à Beyrouth.

Il apparaît également que le Premier ministre était conscient de la réalité de la position US. Après plusieurs atermoiements, N. Mikati a dit vouloir s’assurer que le don iranien était gratuit, et que le carburant iranien était conforme aux spécifications des usines libanaises. Sous la pression de la coupure d’électricité, le Premier ministre a été contraint de former une délégation technique qui s’est rendu à Téhéran pour discuter du don et présenter des conditions, telles que l’augmentation du volume du don afin d’augmenter, à huit heures par jour, les heures d’alimentation en électricité.

N. Mikati a également tenu à refuser que la délégation soit dirigée par le ministre de l’Energie. Dans toutes ces étapes, la partie iranienne s’est montrée compréhensive face à l’embarras libanais et s’est montrée très ouverte à la coopération. À son retour au Liban à la mi-septembre, la délégation a préparé un rapport et informé les autorités officielles qu’elle était en train de discuter d’un protocole d’accord avec la partie iranienne. La communication entre les deux parties s’est poursuivie jusqu’à la dernière semaine du mois dernier, lorsque la partie iranienne a envoyé un projet de protocole d’accord qui comprenait une indication claire affirmant qu’il s’agit d’un don visant à aider le Liban à faire face à la pression US.

Au début du mois de novembre, W. Fayyad a envoyé le projet et les détails techniques au bureau du Premier ministre pour approbation, car la question nécessite une décision du cabinet, et non pas une décision du ministre. Sauf que N. Mikati a été informé par un bureau juridique aux États-Unis que les dons iraniens sont passibles de sanctions, même s’ils sont gratuits. Le Premier ministre a également été officiellement informé qu’il devait écrire au Trésor américain pour demander une exemption spéciale (semblable à l’autorisation donnée à l’Irak pour acheter du carburant iranien pour ses centrales électriques), permettant au Liban d’obtenir ce don sans qu’il soit soumis à des sanctions.

Selon des sources bien informées proches des contacts avec les USA, la partie américaine n’acceptera d’accorder aucune exception pour le Liban. Les USA ne lâcheront pas leurs pressions sur le Liban afin de l’empêcher de bénéficier des soutiens de l’Iran et/ou de la Russie. Barbara Leaf, sous-secrétaire d’État pour les affaires du Proche-Orient, a averti que le Liban était ouvert à tous les scénarios, y compris une « désintégration complète de l’État ». Elle a prédit que « les Libanais devront probablement endurer davantage de souffrances avant de former un nouveau gouvernement », assure le journal AlAkhbar.

Lors d’une réunion organisée, vendredi 4 novembre, par le Wilson Center sur la politique américaine au Liban, et animée par David Hale, ex-ambassadeur américain au Liban, B. Leaf a fait des déclarations pour le moins surprenantes. « Je vois plusieurs scénarios, la désintégration est le pire d’entre eux… Les forces de sécurité et l’armée pourront perdre le contrôle et il y aura un mouvement d’exode massif. Il existe de nombreux scénarios catastrophiques. En même temps, j’imagine que les députés feront eux-mêmes leurs valises et se rendront en Europe, où ils ont leurs affaires », a-t-elle indiqué.

La responsable US est allée jusqu’à prétendre que « l’effondrement du Liban lui permettra en quelque sorte d’être reconstruit sur ses cendres, et libéré de la malédiction que le Hezbollah représente pour lui (…) mais le peuple du Liban, et ses voisins la Jordanie, Israël et le peuple syrien porteront le plus lourd fardeau de l’effondrement de l’État libanais. Nos efforts visent à éviter ce scénario et à exercer des pressions sur ceux qui dirigent le pays ». Ajoutant que « le Hezbollah représente une menace pour nous et les voisins du Liban, et pour les Libanais eux-mêmes. Nous continuerons à imposer des sanctions et à bloquer ses réseaux dans la région et ailleurs ».

B. Leaf a en outre souligné que son pays et l’Arabie saoudite partageaient la même vision concernant la situation au Liban. « Nos relations ont traversé une période de tension. Mais nous avons des points communs stratégiques à l’égard des pays sensibles comme le Liban et le Yémen. Donc, nous avons travaillé intensivement pour les réformes, et les Français sont aussi intervenus… Les Saoudiens ont reculé, mais je pense qu’ils reviendront », devait-elle préciser.

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