L’offensive israélienne en Syrie, sans résistance notable, se poursuit. Dans le sud du pays, l’armée sioniste poursuit également son avancée. Un groupe composé de 30 soldats, accompagné de 3 bulldozers et 3 tanks, a pénétré dans la région de Deriyat, située à l’ouest des villages d’el-Malika et d’el-Rafeed, dans la campagne de la province de Quneitra. Les forces israéliennes ont commencé des travaux de terrassement et de création de routes, dévastant ainsi les terres agricoles de la région, qui ont été rendues inutilisables à cause des bulldozers.
Abdu el-Karyan, un habitant d’el-Malika, a exprimé sa colère face à cette occupation israélienne, déclarant à l’agence Anadolu que l’armée israélienne occupait le territoire syrien sous prétexte de « sécurité et stabilité ».
« Ils ont établi des postes de fortification sur le mont Sheikh et à Teloul el-Hamer. Les forces israéliennes pénètrent dans les villages, dans la localité de Malika et sur la colline de Dereyya, et elles dévastent les terres agricoles », a-t-il ajouté.
Comme il a aussi souligné que les soldats israéliens provoquaient des destructions massives sur les terres agricoles des zones où ils pénétraient avec des bulldozers. « Actuellement, Quneitra est entièrement sous occupation israélienne », a-t-il déclaré. Il a appelé la communauté internationale et le gouvernement dirigé par Ahmed Charaa à intervenir pour mettre fin à l’occupation israélienne des territoires syriens.
Abou Ahmed, autre habitant de la région, a également dénoncé les pressions continues exercées par Israël sur les populations locales dans les zones occupées de la campagne de Quneitra et de la province de Deraa. « Nous, les habitants des villages, leur disons : ‘Vous perdrez, et vous n’oserez plus jamais mettre les pieds sur ces terres’ », a-t-il affirmé.
La semaine dernière, Israël avait également causé des dégâts importants dans la province de Quneitra, touchant les localités civiles d’el-Acha, el-Hiran, Abou Gara et Mazraat el-Hiran. Les chars israéliens avaient détruit des terres agricoles, des poteaux électriques et des routes, tout en abattant les arbres situés le long des chemins. En outre, l’armée israélienne avait occupé les villages de Cemle et de Maaraba, situés dans le bassin de Yarmouk, rattaché à la ville de Deraa dans le sud du pays.
Après l’intensification des affrontements en Syrie le 27 novembre 2024, les attaques de l’armée israélienne contre le pays se sont intensifiées parallèlement à l’effondrement du régime Baas, en place depuis 61 ans, le 8 décembre 2024. L’armée israélienne a commencé à détruire les infrastructures militaires et les équipements restants du régime syrien, tout en élargissant son occupation des terres syriennes, notamment sur les hauteurs du Golan.
Le Caire condamne
L’Egypte a affirmé son rejet de « la présence de tout élément terroriste sur le territoire syrien, qui pourrait représenter une menace ou une provocation pour l’un des pays de la région », et a appelé « à l’adoption d’un processus politique global avec la participation de toutes les composantes de la société syrienne sans exclusion pour assurer le succès du processus de transition ».
Badr Abdel Aati, ministre égyptien des Affaires étrangères, a déclaré en marge de la réunion ministérielle élargie sur la Syrie tenue dimanche dans la capitale saoudienne, Riyad qu’« aucun élément terroriste ne doit être hébergé sur le territoire syrien, ce qui pourrait représenter une menace ou une provocation pour les États membres de l’Union africaine ou des pays de la région » et a appelé « à la solidarité et à la coopération avec la communauté internationale pour empêcher la Syrie de devenir une source de menace pour la stabilité de la région ».
Dans un communiqué publié par le ministère, Tamim Khalaf, porte-parole officiel du ministère égyptien, a indiqué « qu’Abdel Aati a examiné la position égyptienne insistant sur la nécessité de préserver l’unité et l’intégrité des territoires syriens, de respecter sa souveraineté nationale et ses institutions étatiques afin de renforcer leur capacité à remplir leur rôle au service du peuple syrien frère ».
Le ministre égyptien des Affaires étrangères a condamné « l’incursion d’Israël dans la zone tampon avec la Syrie et son occupation du territoire syrien », soulignant « le rejet total de l’Egypte de la violation par Israël de l’accord de désengagement de 1974 entre car elle constitue une violation du droit international public ». Il a également exprimé la condamnation de l’Egypte « des raids israéliens systématiques qui ont ciblé les infrastructures et les capacités militaires de l’armée syrienne ».
La réunion de Riyad est une extension de la réunion organisée par la ville jordanienne d’Aqaba le 14 décembre. Elle a réuni les ministres des Affaires étrangères de Turquie, de Syrie, des États membres du Conseil de coopération du Golfe, d’Irak, du Liban, de Jordanie, d’Égypte, de Grande-Bretagne et d’Allemagne, tandis que les États-Unis et l’Italie participeront au niveau de vice-ministre des Affaires étrangères. Sans oublier, la participation du Haut Représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et du Secrétaire général de la Ligue des États arabes, du Secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe et du Représentant spécial du Secrétaire général, Représentant général des Nations Unies en Syrie.
Rivalités entre Paris et Ankara
Des sources bien informées ont rapporté à la chaine satellitaire libanaise al-Mayadeen que « les Français ont accru leur présence militaire et politique dans les zones contrôlées par les factions kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS) dans le nord-est de la Syrie, après la chute du régime de Bachar al-Assad, dans le but d’imposer un régime de coalition et une trêve entre les factions de l’Armée nationale syrienne (ANS) soutenues par la Turquie et les FDS, comme facteur de pression pour pousser à la formation d’un nouveau gouvernement. Un gouvernement syrien global qui représente tous les segments de la société syrienne ». Les sources ont souligné que « les FDS ont annoncé pour la première fois qu’elles possèdent des drones bombardiers qui seraient de fabrication française, utilisés dans les combats qui se déroulent au barrage de Tishrine et au pont de Qarqozaq dans la campagne nord-est d’Alep ».
Selon ces sources, « Paris cherche à intégrer des personnalités affiliées à l’opposition syrienne au sein de l’organe politique des FDS (le Conseil démocratique syrien), dans le but de lui donner une formule syrienne globale qui lui permette de participer efficacement à la vie politique de la Syrie ». Mais « Ankara a exprimé son rejet des démarches françaises et ne souhaite pas que celle-ci joue un rôle dans la région, car cela constituerait un obstacle à toute solution militaire globale ».
Ce rejet turc s’est manifesté par les propos de Hakan Fidan, ministre turc des Affaires étrangères ,selon lesquels « la Turquie ne voit aucun rôle pour les forces françaises en Syrie, et les États-Unis d’Amérique sont la seule partie avec laquelle nous communiquons » selon ces sources.
Il est clair « qu’Ankara est très sensible à la récente intervention française dans les zones des FDS, qui renforcerait la présence militaire des FDS et créerait davantage de barrières politiques et militaires pour empêcher les Turcs d’éliminer les FDS et les unités kurdes » poursuivent les sources. Et d’ajouter qu’« aussi bien Washington que Paris émettent de fortes réserves sur l’avenir des prisons et des camps qui renferment des membres de Daech et de leurs familles dans les zones contrôlées par les FDS, par crainte d’une rupture sécuritaire qui affecterait la stabilité de la région, et donnerait à Daech une plus grande sécurité, voire une opportunité de se réorganiser et d’exploiter la situation actuelle en Syrie , c’est-à-dire s’infiltrer via les failles sécuritaires majeures suite à la dissolution de l’armée et de la police après la chute de l’ancien régime ».
« Les propositions d’Ankara de pousser la nouvelle administration syrienne en Syrie à gérer ce dossier avec l’aide de ses soldats sur le terrain pour compenser la présence des FDS et des forces américaines qu’Ankara a appelé plus d’une fois à se retirer de Syrie, pour assurer la fin de tout soutien aux forces kurdes en Syrie, ne semblent pas avoir abouti », ont-elles estimé. Tout en faisant valoir que que « les Turcs comptent sur l’arrivée au pouvoir de l’administration du président élu américain Donald Trump le 20 de ce mois, pour obtenir son approbation afin de lancer une opération militaire de grande envergure en Syrie et en Irak pour mettre fin à la présence des deux partis kurdes : le Parti des travailleurs et les FDS et offrir l’occasion d’un dialogue interne. » ceci est d’autant plus vrai que dans les deux pays, il ne semble pas optimiste de parvenir à des solutions politiques dans ce dossier.
Les sources ont expliqué que « les ambitions turques ne semblent toutefois pas faciles à réaliser, à l’heure où les États-Unis augmentent le nombre de leurs forces en Syrie de 900 à plus de 2 000 soldats, parallèlement à une augmentation du nombre de soldats français, suite à un accord américano-français sur la nécessité de ne pas offrir à Daech l’opportunité de se réorganiser dans le désert, et de poser une nouvelle menace à la sécurité de la région ».
La relation froide entre la France et Ankara dans plusieurs dossiers pourrait s’imposer sur la scène du nord-est de la Syrie, ce qui mettra une pression supplémentaire sur l’administration Trump pour travailler à la recherche de solutions politiques qui dissipent les craintes d’Ankara et bloquent tout chaos qui se produirait dans les zones sous contrôle des FDS.
Des sources bien informées ont confirmé à Al-Mayadeen que « les mouvements militaires américains et l’introduction de trois lots d’armes et d’équipements dans les bases de l’est du pays, et le retour de la présence américaine à travers des patrouilles et des points à Raqqa et Aïn al-Arab (Kobané), reflètent la volonté américaine de mettre fin aux tentatives d’escalade militaire en cours dans le nord de la Syrie ». Plus, ajoutent-elles, elles s’attendent à ce que « l’administration Trump fasse pression pour activer le dialogue tout en faisant pression sur les FDS et la Turquie pour qu’elles fassent des concessions qui les conduiront à des accords politiques et administratifs en accord avec la nouvelle administration syrienne ». Les sources ont noté que « la Turquie considère les récents développements et l’arrivée au pouvoir d’une administration syrienne qui lui est fidèle comme une grande opportunité de mettre fin aux FDS, dont l’influence s’est accrue au cours des dix dernières années ».