Pour l’heure, Moscou qui avait déjà adressé un mémo à Washington résumant ses revendications pour une nouvelle architecture sécuritaire en Europe n’a pas encore réagi à l’appel du pied américain. En parallèle, et après que l’Alliance atlantique aie décidé de ne pas suivre Kiev dans sa requête d’instaurer un zone d’exclusion aérienne de peur d’une confrontation directe avec les forces russes, le téléphone rouge a été actionné entre Paris et Moscou.
En effet, la défense française a pris langue avec son homologue russe, après un silence de plusieurs jours. Appel qui fait suite, sans doute, aux discussions entre Emmanuel Macron, hôte de l’Elysée mais aussi Président de l’U.E, avec Vladimir Poutine. Pour rappel, la question de créer une zone d’exclusion aérienne en Ukraine a ensuite bien été évoquée. Mais l’Alliance transatlantique maintient la ligne qui a été la sienne depuis le début de la guerre : l’Otan est une alliance défensive, comme le réexplique dans l’après-midi son secrétaire général Jens Stoltenberg.
« Les alliés ont convenus que nous ne devrions pas avoir d’avions de l’Otan qui opèrent dans l’espace aérien ukrainien, ni de troupes de l’Otan sur le sol ukrainien. Nous ne faisons pas partie de ce conflit. Et nous avons la responsabilité de garantir qu’il ne dégénère pas et ne s’étend pas au-delà de l’Ukraine. Parce que cela serait encore plus dévastateur et plus dangereux. » La mise en place d’une zone d’exclusion aérienne suppose d’envoyer des avions de chasse de l’Otan dans l’espace aérien de l’Ukraine, puis d’abattre des avions russes pour la faire respecter. Un défi auquel l’OTAN ne semble pas prêt puisqu’il conduirait à l’élargissement de la zone de conflit à toute l’Europe, voire ailleurs.
Sur le plan diplomatique, une nouvelle réunion d’urgence du Conseil de Sécurité de l’ONU a lieu vendredi. Et devra être suivie d’une autre lundi à la demande des Etats-Unis et de l’Albanie, au sujet de la crise humanitaire qui se développe en Ukraine depuis le début de l’intervention militaire russe.
Sur le terrain ukrainien, l’agence de presse russe TASS a annoncé samedi 5 mars que la Russie avait annoncé un cessez-le-feu afin d’ouvrir des couloirs humanitaires pour la sortie des habitants de Marioupol et Volnovakha. Dans la nuit de du 4 au 5 mars, le maire de Marioupol a annoncé que ce port stratégique situé sur la mer d’Azov et comptant en temps normal 450 000 habitants était soumis à un «blocus». De son côté, l’armée russe avait affirmé que la ville était encerclée. Mais il faut croire que la mise en place des couloirs humanitaires, seul accord conclu lors de la deuxième rencontre entre Russes et Ukrainiens en Biélorussie, n’aura pas résisté longtemps. La défense russe assure que sa prédisposition a ouvrir de pareils couloirs, ce qui suppose un cessez-le-feu, a été mis à profit par les forces ukrainiennes pour se regrouper, tout en empêchant la population civile de quitter les abris.
Dans la journée de vendredi, plus de 1,2 million de réfugiés ont déjà fui les combats, selon un nouveau bilan des Nations unies. Aux frontières de l’Ukraine, ils sont des milliers à attendre de pouvoir traverser vers les pays voisins.
Parallèlement à ces développements, force est de souligner que l’arme économique brandie contre la Russie est toujours fumante. Ainsi, les pays du G7 ont annoncé leur intention d’imposer de « nouvelles sanctions sévères » contre Moscou pour son invasion de l’Ukraine et se sont engagés à contrer la « campagne de désinformation » de la Russie. « Nous continuerons à imposer de nouvelles sanctions sévères en réponse à l’agression russe », ont affirmé les ministres des Affaires étrangères des pays du G7 dans un communiqué commun. Ils ont également condamné la désinformation « du gouvernement russe et des médias qui lui sont affiliés » dont le « flux constant d’affirmations fabriquées met en danger des vies supplémentaires ».
De son côté, Ursula von der Leyen a averti que l’UE se tenait prête à adopter « de nouvelles sanctions sévères si Poutine n’arrête pas la guerre qu’il a déclenchée ». « Nous sommes résolus, nous sommes déterminés, nous sommes unis », a-t-elle déclaré à Bruxelles, au côté du secrétaire d’État américain, Antony Blinken.