L’inflation est la hausse continue et générale du niveau des prix. Elle est mesurée, entre autres, par l’indice des prix à la consommation. Cet indice est calculé mensuellement sur la base d’un panier représentatif de la consommation des ménages. Depuis le début des années 2000, la hausse des prix à la consommation a été sensiblement modérée dans la plupart des économies du monde entier. Au sein des pays de l’OCDE, l’inflation est passée de plus de 10% au début des années 80 à environ 2,0% aux années 2000. Elle a atteint 4,0% en 2021, après 1,4% en 2000, soit le taux d’inflation le plus élevé depuis plus de 20 ans. Pour la zone Euro, le taux d’inflation a été de 2,6% en 2021 contre 0,3% en 2020. Pour les pays du G7, ce taux a été de 3,5% en 2021 contre 0,9% en 2020. Soit un niveau supérieur au seuil cible de 2,0%.
Pour les économies non-OCDE, les taux d’inflation ont été respectivement pour les années 2021 et 2020 de 8,3% contre 3,2% pour le Brésil, 0,9% contre 2,5% pour la Chine, 4,9% contre 5,6% pour l’Inde et de 6,7% contre 3,4% pour la Russie.
Au début de l’année 2022, les pressions inflationnistes persistent aussi bien dans les économies avancées que celles émergentes. Ainsi, depuis avril 2021, les taux d’inflation en termes de glissement annuel ont dépassé le seuil de 2,0%. Ces taux ont atteint des niveaux record en février 2022. L’inflation a poursuivi sa montée aux Etats-Unis passant de 7,5% en janvier 2022 à 7,9% en février 2022 et a atteint 3,6% contre 2,9% en France. Une accélération a été plus marquée en Turquie de 54,4% contre 48,7%. Dans la zone Euro, l’inflation persiste au mois de février 2022 au sommet de 5,0%.
Au niveau national, l’évolution de l’indice des prix à la consommation au Maroc durant les 20 dernières années montre une tendance relativement modérée de la hausse des prix. L’indice des prix à la consommation a évolué en dessous de la barre de 2,0% sauf pour les années 2002, 2006 et 2008 respectivement de 2,8%, 3,3% et 3,9%.
Pour le HCP, l’évolution des prix à la consommation durant la période 2010-2021 montre que les indices de la plupart des Divisions de produits ont enregistré des variations relativement dispersées les uns des autres. Des hausses moyennes annuelles les plus marquées ont été constatées au niveau des prix de la Division des boissons alcoolisées et tabac de 4,0% (avec 3,5% en 2021). Les indices des prix de l’enseignement ont connu des hausses moyennes de 3,1% (avec 1,6% en 2021). Tandis que le transport a enregistré au cours de cette période des évolutions moyennes de 1,1% (avec un niveau record de 5,9% en 2021). Les prix des produits alimentaires et boissons non alcoolisées ont connu une variation moyenne de 1,0% (avec un niveau de 0,5% en 2021). En revanche, les prix de la communication ont continué leur tendance baissière avec une variation moyenne de -3,8% depuis 2010.
2021, une année particulière marquée par des hausses record
L’inflation au sens de l’indice des prix à la consommation a atteint son plus haut niveau pendant le mois de février 2022 avec 3,6% en termes de glissement annuel. Cette hausse est due essentiellement à la hausse de l’indice des produits alimentaires de 5,5% et de celui des produits non alimentaires de 2,5%.
En ce qui concerne les produits alimentaires, la hausse a débuté depuis le mois de janvier 2021 avec des taux de 1,8% pour les huiles et graisses pour atteindre des variations à deux chiffres avec 13,7% en février 2022. La hausse des prix des pain et céréales a connu une accélération notable depuis septembre 2021 avec 5,0% pour atteindre 13,2% en février 2022. Pour les produits non alimentaires, la hausse la plus importante a été enregistrée au niveau des carburants et lubrifiants avec des hausses successives depuis avril 2021.
Le prix du gasoil à la pompe a dépassé le niveau de 11dh/litre. L’augmentation du mois de février a été de 22,0% en termes de glissement annuel. L’inflation sous-jacente qui exclue les produits à prix volatiles et les produits réglementés a connu à partir du mois d’avril 2021 une évolution accélérée. L’indice moyen sous-jacent des prix à la consommation (ISJ) a connu une hausse de 3,5% en février 2022 contre 0,9% au mois d’avril 2021. Il a évolué en moyenne de 2,0% au cours de la période d’avril 2021 au décembre 2021 contre 0,2% au cours de la même période de 2020.
Hausse accélérée de l’inflation en 2022
L’accélération qu’a subie l’indice des prix à la consommation depuis le début de l’année 2022, a atteint le niveau de 3,3% au cours des deux premiers mois de l’année 2022 comparativement aux deux premiers mois de l’année 2021, résulte principalement de la hausse de l’indice des produits alimentaires de 4,9% et de celui des produits non alimentaires de 2,4%.
Pour les produits alimentaires, les hausses les plus importantes concernent les « huiles et graisses » avec 14,2%, « pains et céréales » avec 11,5%, les « légumes » avec 4,5% et les « viandes » avec 4,1%. En revanche, les prix des « fruits » et des « poissons » ont enregistré des baisses, respectivement de, 5,4% et 1,0%. Pour les produits non alimentaires, la hausse a concerné principalement les prix des «Carburants» avec 20,1% et des «Tabacs» avec 3,5%.
Au niveau mondial, les perspectives de l’évolution des prix au cours de l’année 2022 risquent d’être exceptionnelle aussi bien dans les pays développés que les pays émergents. Du fait de l’augmentation des prix de pétrole, l’inflation sera plus élevée et généralisée que prévu. Les prix des produits alimentaires ont atteint un nouveau record en février 2022. Ils ont augmenté de 3,9% par rapport au mois de janvier 2021 et plus de 20% par rapport au mois de février de l’année dernière. Les prix de céréales ont augmenté de 14,8% au cours du mois de février 2022 par rapport au mois de février 2021.
De leur côté, les prix des huiles ont atteint un nouveau sommet en février 2022 avec une hausse de 36,7% en terme de glissement annuel, ceux du lait de 24,8%. Au niveau national, la hausse des prix devrait se maintenir en 2022 à des niveaux supérieurs à la moyenne de la dernière décennie. Les effets externes et la sécheresse devraient accroitre davantage les incertitudes quant à l’inflation au niveau national.
Les risques inflationnistes resteraient incertains à court terme. La hausse des cours des matières premières importées et la crise dans la région de la Mer Noire conjugué avec une montée vertigineuse des prix du baril à environ 140$/baril serraient de nature à maintenir le taux d’inflation au cours de l’année 2022 à des niveaux relativement élevés.