Alger qui tablait sur le succès de sa candidate Salima Malika Haddadi, ambassadrice en Éthiopie et ancienne directrice des affaires africaines au ministère des Affaires étrangères, doute des capacités de sa diplomatie à gagner le challenge. En effet, dans la course pour la première vice-Présidence de la Commission de l’UA, poste stratégique qui doit revenir cette année à un pays d’Afrique du Nord, le Maroc a désigné Latifa Akharbach, présidente de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA), alors que l’Égypte soutient Hanan Morsi, Secrétaire exécutive adjointe de la Commission économique pour l’Afrique des Nations Unies.
La présence inopinée de l’Égypte sur la piste a suscité de vives réactions en Algérie, des médias proches du pouvoir allant jusqu’à accuser Le Caire de « trahison », en affirmant que l’Égypte s’était initialement engagée à soutenir la candidate algérienne. Ils dénoncent une volte-face prise sans véritable campagne électorale préalable pour la candidate égyptienne, ce qui alimente les spéculations sur les motivations de cette manœuvre. Un bras de fer qui illustre les tensions grandissantes entre Alger et Le Caire sur la scène africaine et qui s’ajoute à celui, déjà connu, entre Alger et Rabat.
A. Tebboune a multiplié les initiatives pour renforcer la présence de l’Algérie sur le continent. L’Algérie a ainsi annulé 3,5 milliards de dollars de dettes pour 14 pays africains et a lancé, en 2023, un fonds d’un milliard de dollars destiné à financer des projets de développement via l’Agence Algérienne pour la Coopération Internationale. Mais en dépit de cette diplomatie du chéquier, Alger n’arrive pas à s’imposer face au Maroc et à l’Égypte. Ses relations avec les pays du Sahel sont devenues plus complexes ces dernières années, et son influence en Afrique de l’Ouest et de l’Est reste limitée. En revanche, elle maintient des liens solides avec certains États du sud du continent, l’Afrique du Sud en tête.
Si l’Algérie semble bien placée -malgré un faux départ- pour obtenir un siège au Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA en remplacement du Maroc, la course au poste de vice-Président de la Commission s’annonce plus incertaine. La rivalité avec Rabat et les tensions avec Le Caire compliquent ses chances, la diplomatie égyptienne pouvant capitaliser sur la tension entre les deux frères-ennemis pour consolider sa position. Ce n’est pas la première fois que les ambitions marocaines et algériennes s’opposent à l’Union africaine. En 2023, les deux pays avaient initialement exprimé leur intérêt pour la présidence de l’organisation panafricaine en 2024, avant de se retirer en faveur de Mohamed Ould Ghazouani, président mauritanien.