Le groupe Socialiste (USFP) a désavoué la désinvolture affichée par les membres du gouvernement face aux critiques fondées sur des données statistiques qui mettent à nu son bilan. Abdelkader Taher a souligné que le rapport confirme les inquiétudes de son groupe parlementaire, en mettant à nu les lacunes du système d’investissement mis en place par l’Exécutif. Ce dernier, assure-t-il, a tourné le dos aux ambitions royales visant la mobilisation de 550 milliards de dirhams d’investissements pour créer 500.000 emplois entre 2022 et 2026. Le groupe socialiste a jeté une lumière crue sur la pression exercée sur les finances publiques, l’Etat assumant le gros des investissements sans pour autant que la croissance et la création d’emplois décents, ne soient au rendez-vous. En parallèle, il reproche au gouvernement son échec à établir un cadre réglementaire propice à l’activation de la nouvelle Charte de l’investissement, notamment en matière de soutien aux petites et moyennes entreprises, soit 93% du tissu entrepreneurial national. La valse des critiques ne se limite pas à ce seul niveau, déjà déstabilisant. Le groupe socialiste assure que le taux de transfert et de délégation des compétences en matière d’investissement vers les autorités décentralisées n’a pas dépassé le seuil des 38% jusqu’en octobre 2024, réalité qui handicape l’effort d’investissement, a précisé A. Taher. Dans le chapitre des d’entreprises publiques, rythme insuffisant de mise en œuvre des réformes prévues et des retards dans la publication des textes législatifs pertinents, avec seulement 8 textes publiés sur les 19 envisagés, suscite bien des inquiétudes.
En outre, le groupe socialiste a dénoncé l’incapacité de l’Exécutif à mettre en œuvre efficacement le pacte national pour l’éducation et la formation, notamment en ce qui concerne l’intégration de l’éducation préscolaire dans l’enseignement primaire, le développement des infrastructures adéquates, l’adoption d’un système pédagogique innovant, ainsi que la formation et la qualification des ressources humaines. Il a également signalé que les promesses de généraliser l’éducation préscolaire pour tous les enfants à partir de quatre ans, avec un contrôle qualité rigoureux, demeurent difficilement réalisables.
Les données révélées par la Cour des comptes renforcent cette critique, révélant la fragilité des hypothèses gouvernementales, avec un déficit budgétaire prévu à 4,5% pour 2024 contre 4,4% en 2023, et une dette publique grimpant à 70,5% du produit intérieur brut, contre 69,5% l’année précédente. Pour l’Opposition, ces indicateurs contredisent les engagements du gouvernement en matière de maîtrise du déficit, compromettant ainsi sa capacité à mobiliser les ressources nécessaires pour financer des projets structurants à court et moyen termes.
En prenant la parole, le groupe du Progrès et du Socialisme a mis en garde contre le « danger significatif que représente l’aveuglement du gouvernement face à la montée du mécontentement social et aux difficultés économiques grandissantes ». Son inaction est perçue comme un refus systématique de mettre en place des mesures substantielles pour contrer la hausse du coût de la vie, l’escalade des prix, et la dégradation du pouvoir d’achat, accentuant la pauvreté et le chômage, en particulier chez les classes les plus vulnérables.
Le groupe a indiqué que « le prétendu succès du gouvernement dans l’élargissement de la couverture sanitaire se limite aux aspects administratifs », mettant en lumière que plus de 8 millions de citoyens demeurent dépourvus de cette couverture. De nombreuses familles sont contraintes de s’acquitter de cotisations malgré leur incapacité financière, étant pénalisées par des mécanismes d’exclusion injustes. Parallèlement, la flambée des prix des médicaments et la rareté des médicaments génériques sont vivement critiquées.
Concernant la réforme fiscale, le groupe a réaffirmé sa demande de « lutter contre la fraude et l’évasion fiscales » tout en appelant à une évaluation approfondie des réformes concernant l’impôt sur les sociétés, la taxe sur la valeur ajoutée et l’impôt sur le revenu, afin d’établir une véritable justice fiscale. Il a également plaidé pour une réforme des impôts locaux et l’évaluation des impacts sociaux et économiques des exonérations fiscales.
Dans le même registre, le groupe haraki (MP) a fait état de « l’incapacité gouvernementale à atteindre ses propres projections », en dépit d’indicateurs optimistes, soulignant que « les prix demeurent astronomiques, dépassant le pouvoir d’achat des citoyens ». Il a appelé à un rééquilibrage entre les revenus, la réalité du marché, et l’augmentation des recettes fiscales de 12%, comparée à une hausse des dépenses totales de 12,5%.
Fatima Yassine a poursuivi que, bien que le gouvernement prévoit une stabilisation du ratio de la dette publique à 69,5% d’ici fin 2025, l’augmentation de la dette extérieure de 10,8% et de la dette intérieure de 5,6% en 2023 suscite des préoccupations croissantes quant à la viabilité des finances publiques face aux pressions budgétaires et aux réformes nécessaires.
Le groupe du MP s’interroge dès lors sur les mesures envisagées par le gouvernement pour répondre aux défis financiers pressants. Parmi ceux-ci figurent le coût de la gestion de l’eau, nécessitant des investissements colossaux de 143 milliards de dirhams entre 2020 et 2027, ainsi que les dépenses liées à la reconstruction de la région d’Al-Haouz et l’assistance aux sinistrés. En outre, la protection sociale, prévue pour atteindre 53,5 milliards de dirhams en 2026, impliquera 38,5 milliards de dirhams provenant du budget de l’Etat.
Le groupe a également souligné la nécessité de mobiliser des ressources financières substantielles pour financer des projets d’envergure, notamment en vue d’accueillir la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et la Coupe du Monde 2030, tout en réformant le système des retraites face à un déficit croissant.
Le groupe parlementaire de la Justice et du Développement a, quant à lui, qualifié l’action gouvernementale d’ « échec » face à la nécessité d’implémenter des réformes dans des secteurs cruciaux. Cela inclut la réduction des obstacles qui pénalisent le système d’investissement et le non-respect des engagements nationaux en matière d’investissement, entre autres. Le groupe a tiré la sonnette d’alarme sur les conséquences politiques, économiques et sociales de la corruption sur le dispositif d’investissement, lui qui a dénoncé, avec les autres forces d’opposition, le système de connivence mis en place par l’actuel Exécutif marqué au sceau indélébile du mélange des genres (alliant business et politique) et la réticence à mettre en place les garde-fous nécessaires, notamment en convoquant l’arsenal législatif qui incrimine l’enrichissement illégal et instaure la règle d’or de la reddition des comptes…