Plus de 50 Palestiniens ont été tués ou blessés et plus de 20 unités d’habitation détruites, lors d’une incursion israélienne dans le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de la Bande de Gaza, a annoncé lundi le bureau médiatique du gouvernement de Gaza. « L’armée d’occupation a pris d’assaut le nouveau camp de Nuseirat avec plus de 17 véhicules militaires et des dizaines de soldats et d’avions, et y a commis des crimes horribles, faisant plus de 50 martyrs et blessés, tous des civils, des enfants et des femmes », a indiqué un communiqué du bureau médiatique. Plus de 20 unités d’habitation ont été détruites, précise la même source, notant que l’armée israélienne a fait incursion dans le nouveau camp de Nuseirat plus de 5 fois depuis le 7 octobre 2023. Dans son communiqué, le bureau recense plus de 100 Palestiniens tués, des dizaines d’autres blessés et plus de 1500 unités d’habitation détruites dans le nouveau camp, suite aux agressions israéliennes incessantes. Le bureau a condamné cette « agression barbare commise par l’armée d’occupation contre la zone du nouveau camp de Nuseirat, une agression qui s’inscrit dans le cadre du crime de génocide, d’assassinat systématique, de destruction massive et de déplacement forcé contre les civils ». Et d’appeler la communauté internationale et les organisations internationales et onusiennes à « prendre des mesures urgentes et efficaces pour mettre fin aux crimes de l’occupation et aux violations répétées et assurer la protection des civils, des enfants et des femmes ».
Au cours des dernières semaines, l’armée israélienne a intensifié ses attaques sur le nord-ouest de Nuseirat, adjacent au corridor de Netzarim établi dans le centre de la Bande de Gaza depuis le début de son opération terrestre le 27 octobre 2023, et l’a étendu au cours des derniers mois. Les Palestiniens craignent une répétition de la politique d’extermination des villes menée par l’armée israélienne dans diverses parties de l’enclave, en particulier dans le nord et le sud, et sa mise en œuvre dans le nord-ouest de Nuseirat dans le but d’étendre le corridor de Netzarim.
Au moins 58 Palestiniens ont été tués par les attaques israéliennes dans la Bande de Gaza au cours des dernières 24 heures, portant le bilan total des victimes depuis l’année dernière à 45.317 morts, a déclaré le ministère de la Santé de l’enclave, lundi. Le ministère ajoute que quelque 107 713 autres personnes ont été blessées dans la guerre en cours. « Les forces israéliennes ont tué 58 personnes et en ont blessé 86 autres lors de cinq massacres de familles au cours des dernières 24 heures », a déclaré le ministère. « De nombreuses personnes sont toujours piégées sous les décombres et sur les routes, car les sauveteurs ne peuvent pas les atteindre », a-t-il ajouté.
Devant cette donne, il est difficile de pouvoir trancher quant aux chances d’une trêve. Dimanche, les dirigeants de l’opposition israélienne ont accusé B. Netanyahu, de saboter les négociations visant à conclure un accord d’échange d’otages avec les Palestiniens. Yair Lapid, ancien premier ministre et chef du parti Yesh Atid, a déclaré que le gouvernement imposait de nouvelles conditions lors des pourparlers visant à conclure un accord pour le retour des Israéliens détenus dans la Bande de Gaza. « Nous n’avons plus rien à accomplir à Gaza ; nous devons commencer à nous préparer pour l’après-guerre et ramener 100 otages », a-t-il déclaré au radiodiffuseur public KAN. « Une fois la guerre terminée, nous pourrons retourner à Gaza et faire ce que nous avons à faire », a-t-il déclaré ajoutant que « maintenant, nous devons mettre fin à la guerre et parvenir à un accord qui permette de ramener tous les otages ».
Le chef de l’opposition a déclaré que B. Netanyahu ne voulait pas mettre fin à la guerre à Gaza, craignant que cela ne conduise à l’effondrement de son gouvernement. « Netanyahu place ses intérêts politiques au-dessus du retour des otages et de la sécurité d’Israël », a déclaré Y. Lapid.
Avigdor Lieberman, ancien ministre de la défense et chef du parti Yisrael Beiteinu, a également critiqué le premier ministre israélien pour ne pas avoir réussi à finaliser un accord d’échange de prisonniers. « L’accord peut être conclu et tous les otages peuvent être libérés », a-t-il déclaré au journal Maariv. Il a également reproché au gouvernement de promouvoir une loi qui autorise les exemptions de service militaire tout en s’opposant à la création d’une commission d’enquête officielle sur les attentats du 7 octobre 2023. « Il s’agit d’un gouvernement illégitime qui sacrifie les intérêts d’Israël en matière de sécurité au profit de sa coalition », a-t-il relevé.
Benny Gantz, chef du parti de l’unité nationale, s’est fait l’écho d’accusations similaires à l’égard du premier ministre israélien. Dans une allocution télévisée, il a critiqué B. Netanyahu pour avoir parlé aux médias étrangers de l’accord en cours d’élaboration avec le Hamas. « Alors que les négociateurs travaillent, Netanyahu les sabote une fois de plus. Vous n’avez aucun mandat pour empêcher une fois de plus le retour de nos otages pour des considérations politiques. Le retour des otages est la bonne chose à faire – moralement, en termes de sécurité et sur le plan national », a-t-il ajouté.
Pour sa part, B. Netanyahu a critiqué B. Gantz, déclarant qu’il avait appelé « avec soumission “ à la fin de la guerre de Gaza ” avant même d’entrer à Rafah », dans le sud de la Bande de Gaza. Les médias israéliens ont fait état de progrès dans les pourparlers indirects avec le Hamas en vue de parvenir à un cessez-le-feu à Gaza et à un accord d’échange de prisonniers.
Les discussions pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza continuent de progresser, à en croire certaines informations rapportées par des médias égyptiens et le quotidien israélien Haaretz. D’après la chaîne d’information égyptienne al-Ghad, le Hamas aurait accepté de libérer 11 jeunes retenus en otage dans une première phase d’un éventuel accord, en échange d’une « valeur spéciale ».
Le Haaretz, citant une source palestinienne, rapporte qu’environ 200 prisonniers palestiniens condamnés à perpétuité pourraient être libérés dans le cadre de cet accord, mais souligne que des divergences subsistent quant à l’identité des détenus concernés.
Selon al-Ghad, le principal point de désaccord porte sur la liste des 34 otages dont Israël exige la libération dans la première phase de l’accord. Parmi ceux-ci, 11 personnes ne répondraient pas selon le Hamas aux critères de libération humanitaire (femmes, malades, personnes âgées ou mineurs). En contrepartie de la libération de ces 34 otages, le Hamas demande la libération de 250 prisonniers palestiniens condamnés à la réclusion à perpétuité.
Le Hamas, ainsi que deux autres groupes palestiniens – le Jihad islamique et le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) – ont affirmé samedi qu’un accord de cessez-le-feu était « plus proche que jamais » pour la bande de Gaza, théâtre de plus d’un an de guerre génocidaire israéliennes.
David Amsalem, ministre israélien de la coopération régionale, a appelé dimanche à la conclusion d’un accord global d’échange de prisonniers avec le Hamas, qui pourrait ouvrir la voie à la fin de la guerre dans la Bande de Gaza. « Nous aurions dû, dès le départ, rechercher un accord unique et global », a-t-il fait valoir au micro de KAN. Il a affirmé qu’un tel accord pourrait permettre à Israël de mettre fin à la guerre en cours à Gaza tout en conservant un contrôle opérationnel sur l’enclave, à l’instar de ce qu’il fait en Cisjordanie occupée.
Selon des sources israéliennes, Tel-Aviv cherche à conclure un accord en deux phases avec le Hamas pour permettre la libération des femmes, des blessés et des prisonniers âgés, suivi d’un accord plus large pour mettre fin à la guerre et faciliter le retrait de l’armée de la Bande de Gaza. D. Amsalem a toutefois déclaré qu’Israël devait contrôler le corridor de Philadelphie, une zone démilitarisée à la frontière entre la Bande de Gaza et l’Égypte. « C’est le seul point sur lequel nous devons insister à l’heure actuelle. Tout le reste est négociable. Les combats à Gaza pourraient se poursuivre pendant des années », a-t-il déclaré. Il a suggéré qu’Israël pourrait accepter de retirer ses forces de la Bande de Gaza si tous les captifs étaient libérés, ce qui permettrait à l’armée d’opérer depuis l’extérieur de la frontière en cas de besoin, tout en conservant le contrôle du corridor. D. Amsalem a rejeté les récents appels lancés au sein de la coalition gouvernementale israélienne, sous la houlette du ministre d’extrême droite en charge de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, en faveur d’une relance de la construction de colonies dans la Bande de Gaza. « L’armée israélienne n’a jamais eu l’intention de rester indéfiniment à Gaza. Les discussions sur la réinstallation à Gaza sont une perte de temps », a-t-il déclaré.
Si le Premier ministre Netanyahu n’a pas pris de position définitive sur la question, les ministres de son gouvernement plaident ouvertement en faveur du déplacement des Palestiniens de Gaza et de l’établissement de colonies israéliennes sur leurs terres.
Un hôpital dans le viseur
Les efforts de médiation menés par les États-Unis, l’Égypte et le Qatar pour parvenir à un cessez-le-feu ont toujours buté sur le refus de B. Netanyahu. Israël poursuit sa guerre génocidaire contre la Bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023, en dépit des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat. Le mois dernier, la Cour pénale internationale (CPI) a délivré des mandats d’arrêt à l’encontre du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu et de son ancien ministre de la défense, Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés dans la Bande de Gaza. Israël est également poursuivi devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour crime de génocide en raison de la guerre qu’il mène contre la Bande de Gaza.
Dans la journée de lundi, un hôpital affirme être de nouveau visé par des frappes israéliennes dans la bande de Gaza où 5 martyrs et des dizaines de blessés ont été signalés dans de violents bombardements contre les tentes de personnes déplacées à l’ouest de Khan Younes. Samedi soir, le ministère de la Santé avait déjà affirmé que « les forces d’occupation ont ouvert intensément le feu aux portes de l’hôpital Kamal Adwan, au nord de la bande de Gaza, coïncidant avec des bombardements d’artillerie sur ses environs ». « Il y a un bombardement intense et très violent, sans avertissement, du service de soins et de crèche de l’hôpital Kamal Adwan », a regretté le ministère tout en ajoutant que « les bombardements sont effectués à l’aide de bombes explosives et de tirs de chars ». « Nous tenons le monde responsable de ce qui se passe, et nous exigeons qu’ils assument leurs responsabilités face à nos souffrances. Il est inacceptable que le monde reste silencieux et incapable de protéger le système de santé », a lancé le ministère palestinien.
Pour sa part, le correspondant de la télévision libanaise AlMayadeen a rapporté que « l’occupation a fait exploser un robot explosif à proximité de l’hôpital Kamal Adwan, dans le nord de la bande de Gaza. » « Le service de laboratoire de l’hôpital Kamal Adwan a également été soumis à un bombardement israélien direct, faisant des victimes », a-t-il ajouté. Hossam Abu Safiya, directeur de l’hôpital Kamal Adwan, a signalé que « l’hôpital a été soumis à un bombardement direct d’obus et de tirs, qui ont pénétré les murs et touché plusieurs départements, y compris les services des pédiatries et des crèches, causant de graves dégâts. » Il a ajouté qu’« il y a une attaque sans précédent contre l’hôpital et les médecins rassemblés en un seul endroit, et nous sommes soumis à une attaque sans précédent ». Dans un enregistrement audio distribué aux journalistes, il a tenu « la communauté internationale pour responsable de ce qui arrive à l’hôpital ».
Quant aux forces d’occupation, elles ont informé le Dr Hossam Abu Safiya de « l’évacuation de l’hôpital Kamal Adwan dans le nord de la bande de Gaza ».
Dans une déclaration précédente, samedi après-midi, le ministère de la Santé a appelé la communauté internationale à apporter de l’aide, des médicaments et de la nourriture à l’hôpital Kamal Adwan, notant que « les patients de l’hôpital et des autres centres médicaux et hôpitaux opérant dans la bande de Gaza risquent la mort. »
Lors de deux opérations séparées menées avec succès dans le nord de la bande de Gaza, la branche armée du Hamas a abattu 5 militaires israéliens. Dans un communiqué publié samedi, les Brigades Al-Qassam ont expliqué que leurs combattants ont tendu une embuscade et poignardé trois soldats israéliens, puis se sont emparés de leurs armes.
Après l’embuscade, les combattants ont avancé vers une maison avoisinante où des militaires israéliens s’étaient retranchés. À l’entrée, ils ont éliminé deux autres soldats et ont mené de violents affrontements avec les autres militaires. Il s’agit de la deuxième opération de ce type menée par les combattants d’Al-Qassam à Jabalia en l’espace de quelques jours.
Jeudi dernier, dans une opération martyre, un combattant du Hamas a tué un officier et trois soldats israéliens et a confisqué leurs armes à l’ouest du camp de Jabalia. Ces opérations sont menées alors que les tensions sont à leur plus haut niveau dans la région, Gaza continuant à subir des bombardements incessants et une escalade de la violence de la part des forces d’occupation israéliennes.
Le ministère de la Santé de Gaza avait fait savoir, dimanche, que l’armée israélienne « a commis quatre massacres contre les familles dans la bande de Gaza » et que « 32 martyrs et 54 blessés ont été admis aux hôpitaux au cours des dernières 24 heures ».