La dernière opération contre les soldats d’occupation rappelle celle menées samedi, par les Brigades Qassam, branche militaire du Hamas. Elles ont affirmé avoir tendu une embuscade complexe à une force israélienne qui s’était infiltrée à l’est du quartier d’al-Tuffah, dans l’est de la ville de Gaza, tuant et blessant les soldats de cette force. Elles ont ajouté que leurs combattants ont ciblé un char Merkava 4 et un bulldozer militaire D9 avec deux obus Al-Yassin 105, dans la zone de Jabal al-Surani dans le même quartier.
Plus tôt dans la journée, les médias israéliens ont rapporté qu’un soldat israélien a été tué et quatre autres blessés dans un « incident » dans la bande de Gaza. Et d’ajouter : « un véhicule Hummer israélien a été touché par un missile antichar dans le quartier de Tuffah. Deux soldats ont été grièvement blessés. A l’arrivée des secours, ceux-ci ont été visés par un engin explosif, faisant un mort et deux blessés ». L’armée d’occupation a évacué par hélicoptère les soldats visés.
A l’est de Cisjordanie, des dizaines de colons israéliens armés ont pris d’assaut un village, attaquant des propriétés palestiniennes. Les violences commises par les colons, sous la protection de soldats israéliens, se multiplient dans tout le territoire occupé. Hassan Mleihat, coordinateur de l’Organisation al-Baydar pour la défense des droits des Bédouins, a déclaré que ce samedi 19 avril, des colons extrémistes ont fait irruption dans le village de Ras Ein al-Auja avec leurs troupeaux de moutons, faisant paître le bétail près des maisons palestiniennes. Les colons sionistes ont vandalisé les propriétés des habitants et tenté de les empêcher d’accéder à leurs terres. « Les attaques des colons contre les communautés bédouines se sont considérablement intensifiées et menacent désormais tous les aspects de la vie bédouine », a averti H. Mleihat. Ailleurs, dans le village de Khirbet al-Deir, situé à 10 kilomètres au sud-ouest de Bethléem, des colons israéliens ont volé des pompes à eau qui servent à irriguer les fermes des agriculteurs palestiniens.
Outre ces dernières attaques, le nord de la vallée du Jourdain est depuis des années régulièrement la cible d’attaques commises par des colons illégaux et par les forces d’occupation israéliennes. Depuis la formation du cabinet du Premier ministre Benjamin Netanyahu fin 2022, on assiste à une nette augmentation d’agressions de colons israéliens contre les Palestiniens, notamment sur le flanc nord de la Cisjordanie.
De nombreuses attaques contre des biens palestiniens, notamment des incendies criminels et des graffitis, ont lieu régulièrement dans les territoires occupés, notamment en Cisjordanie. Cependant, les autorités du régime sioniste poursuivent rarement les agressions des colons contre des Palestiniens et leurs biens, classant la grande majorité des dossiers sans suite, dû à l’absence délibérée d’enquêtes policières appropriées.
L’armée d’occupation israélienne a lancé son agression contre la Cisjordanie occupée le 21 janvier sous le prétexte de cibler les combattants de la Résistance liés au Bataillon de Jénine. Depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023, au moins 952 Palestiniens sont tombés en martyre suite aux tirs des troupes et des colons israéliens, et plus de 7 000 autres blessés en Cisjordanie.
En juillet dernier, la Cour internationale de justice (CIJ) a déclaré que l’occupation à long terme des territoires palestiniens par Israël était illégale, exigeant l’évacuation de toutes les colonies de Cisjordanie et de Qods-Est. En Israël, la société semble divisée. Ainsi, Yaïr Lapid, chef de l’opposition, a lancé dimanche soir un avertissement alarmant sur la détérioration du climat politique dans l’entité sioniste, évoquant un risque imminent de meurtre à caractère politique.
« Nous nous dirigeons vers un nouveau désastre, et cette fois, il viendra de l’intérieur » a-t-il annonce lors d’une allocution diffusée en direct, citée par les médias israéliens. « Le niveau d’incitation et de folie est sans précédent. Il y aura des meurtres politiques ici. Les Juifs tueront des Juifs », a indiqué l’ancien Premier ministre, ses craintes s’appuient sur « des informations de renseignement sans équivoque ».
Il a notamment alerté sur les nombreuses menaces visant Ronen Bar, le chef du Shin Bet qui bénéficie désormais d’une protection renforcée. Malgré la pression intense exercée sur lui, le chef du Shin Bet a soumis une déclaration écrite au tribunal, a rapporté, lundi, selon l’Autorité israélienne de radiodiffusion
Y. Lapid a dénoncé la responsabilité du gouvernement dans cette escalade verbale, citant notamment une déclaration officielle du Likoud accusant Bar de transformer « certaines parties du Shin Bet en une milice privée de l’État profond ». Le chef de l’opposition a également mentionné des propos similaires tenus par le ministre Smotrich et Yair Netanyahu contre le chef du Shin Bet et la conseillère juridique du gouvernement. « Cette fois, la catastrophe viendra de l’intérieur. La ligne rouge a été franchie » a insisté Lapid, établissant un parallèle avec ses avertissements prononcés deux semaines avant l’attaque du 7 octobre, qui n’avaient pas été entendus.
Tout en reconnaissant l’existence de menaces contre le Premier ministre, Y. Lapid a rejeté toute équivalence, soulignant que « la responsabilité incombe en premier lieu au Premier ministre et à son entourage » en tant que dirigeants du pays. « Le rêve des organisations terroristes est de voir le gouvernement israélien s’opposer ainsi au Shin Bet » a-t-il conclu, appelant à mettre fin à cette spirale de haine qui, selon lui, menace les intérêts vitaux d’Israël.
Bezalel Smotrich, ministre des Finances, a déclaré lundi que ramener les otages de Gaza n’était pas l’objectif prioritaire du gouvernement. Lors d’une interview accordée à la radio Galey Israël, le ministre d’extrême droite a affirmé qu’il fallait « dire la vérité, et le retour des otages n’est pas la chose la plus importante ». « C’est évidemment un objectif très important, mais si vous voulez anéantir le Hamas pour empêcher un nouveau 7 octobre, vous devez comprendre qu’il est inconcevable de laisser le Hamas subsister à Gaza », a-t-il ajouté.
« Ce matin, les familles n’ont pas d’autres mots que celui de honte », a ensuite réagi le Forum des familles d’otages dans un communiqué. « Le ministre révèle au moins la dure vérité au public : ce gouvernement a délibérément décidé d’abandonner les otages », peut-on lire dans le communiqué. « Smotrich, l’histoire se souviendra de la façon dont vous avez fermé votre cœur à vos frères et sœurs en captivité et choisi de ne pas les sauver. »