Alors qu’il rencontrait, vendredi, son homologue Joe Biden à Rome en amont du G20, le président français a tenu à souligner la bonne dynamique des relations franco-américaines, quelque semaines après la crise des sous-marins. Citant devant la presse les consultations des deux pays menées ces dernières semaines sur le climat, la défense ou encore l’innovation, Emmanuel Macron a estimé qu’il s’agissait de «décisions extrêmement concrètes qui viennent en soutien d’actions et d’initiatives communes […] sur ces différents champs», ce qui constituerait «l’amorce d’un processus de confiance» entre les deux pays.
Abondant dans ce sens, le président américain a déclaré que la France était à ses yeux «un partenaire d’une extrême valeur» et a reconnu une maladresse dans l’affaire des sous-marins. «Ce que nous avons fait était maladroit et n’a pas été fait avec beaucoup d’élégance», a-t-il rappelé.
Un coup de froid avait frappé les relations franco-américaines mi-septembre quand J. Biden avait annoncé une nouvelle alliance avec l’Australie et le Royaume-Uni dans la région indo-pacifique, qui selon la presse aurait pour vocation principale de contrer l’influence chinoise. Ce partenariat stratégique, baptisé AUKUS, a suscité la colère de la France, après avoir provoqué la rupture par l’Australie d’un méga-contrat pour acheter des sous-marins français.
Paris avait alors exprimé son indignation, rappelant «pour consultations» ses ambassadeurs en Australie et aux Etats-Unis, une première dans les relations franco-américaines. Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian avait dénoncé le 16 septembre un «coup dans le dos» de l’Australie et une décision «brutale» du président US. Le ministre avait peu après fait état d’«une rupture majeure de confiance [et un] mépris» de la part des alliés de la France.
Quelques jours plus tard, le 22 octobre, J. Biden avait reconnu dans un entretien téléphonique avec E. Macron qu’il aurait pu mieux communiquer avec Paris. Les deux présidents avaient en outre déclaré lancer un «processus de consultations approfondies». Puis, lors d’un entretien en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York le lendemain, J-Y. Le Drian avait annoncé à son homologue américain Antony Blinken que la sortie de crise entre les deux nations prendrait «du temps» et demanderait «des actes», un constat que l’Américain avait approuvé. Si des figures souverainistes de l’opposition française ont reproché à l’exécutif d’avoir été trop tendre avec les Etats-Unis dans le cadre de cette crise, Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’Union européenne s’est lui félicité, mi-octobre, que «l’incident» fût clos.
A gauche, le sénateur du Parti socialiste (PS), Rachid Temal, s’est questionné sur les propos du président américain qui évoque une simple maladresse dans ce dossier. «J’imagine si les USA avaient été habiles alors. Tout cela ressemble bien à une deuxième humiliation… sans broncher», a dénoncé sur Twitter le parlementaire. Le sénateur PS et porte-parole d’Arnaud Montebourg, Mickaël Vallet, est pour sa part revenu sur la déclaration de J. Biden qui a également assuré que «la France [était] l’allié le plus ancien et le plus loyal des Etats-Unis». «Je vous raconte pas si on n’avait pas été le plus ancien et le plus loyal», a ironisé le parlementaire.
Le président de République souveraine et candidat à l’élection présidentielle de 2022, Georges Kuzmanovic, a évoqué une «farce». Il a également considéré que Macron n’avait «pas réagi en président d’une nation indépendante lorsque les USA se sont essuyés les pieds sur la France lors du scandale des sous-marins».
A droite, le constat est aussi sévère. Le député Les Républicains (LR), Pierre-Henri Dumont, a cité ce propos de J. Biden sur l’affaire du contrat des sous-marins : «J’avais l’impression que la France savait depuis longtemps que l’accord n’allait pas pouvoir être tenu». Et d’ironiser ensuite à propos de cette déclaration américaine : «A votre avis, le président américain prend Emmanuel Macron pour un idiot [ou] le gouvernement a menti aux Français en expliquant qu’il n’était pas au courant ?» Le maire LR de Maisons-Laffitte, Jacques Myard, a vu dans la rencontre Macron et Biden comme «du cinéma hollywoodien avec des larmes de crocodile du côté américain et du « embrassons-nous Folleville » côté Macron qui proclame regardons l’avenir, lequel sera à l’aune de la volonté de Washington».
Le maire LR de Chalon-sur-Saône, Gilles Platret, a quant à lui constaté qu’il s’agissait tout simplement d’«une humiliation de plus». «Mais quand allons-nous cesser d’accepter, avec ce président français qui n’aime pas la France, de manger des couleuvres sans avoir le choix du menu ?!» a-t-il ajouté.
Pour Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, cette séquence diplomatique a pris la forme d’une «humiliation». «Je ferai respecter la France en assurant son indépendance : sortons du commandement intégré de l’OTAN.», a-t-elle ajouté.
Selon le député de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, «Emmanuel Macron commence par vendre Alstom aux Américains et finit par s’écraser devant Biden après l’épisode des sous-marins !» «Cet homme n’est que le petit soldat de l’impérialisme américain, le caniche des Etats-Unis», s’est exclamé le candidat à la présidentielle pour 2022. Florian Philippot, président du parti Les Patriotes, a évoqué lui aussi ce qu’il juge comme une «humiliation» subie par la France et a condamné l’attitude du président français : «Trump disait que Macron était « une mauviette ». On l’a constaté hier face à Biden : humiliation puissance 10 !»
Membre de la direction des Patriotes, Joffrey Bollée a remarqué que «là Biden [était] juste en train de dire à Macron que nos services de renseignement [avaient] failli et que notre naïveté [était] telle qu’elle nous [rendait] coupables, ce qui est cruel mais vrai». «Macron humilié une deuxième fois», a-t-il ajouté. Le candidat à l’élection présidentielle et président de l’UPR, François Asselineau, a lui aussi affirmé qu’Emmanuel Macron avait été «humilié», avant de critiquer l’attitude du président américain en ces termes :«Revoyant Macron pour la première fois depuis la crise des sous-marins, Biden était censé présenter des excuses. Que nenni.»
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