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Attaques américano-britanniques contre le Yémen : Moscou et Pékin ne décolèrent pas…

Alors que l’on assite au Conseil de sécurité à une guerre à fleurets mouchetés entre la Russie et la Chine, d’une part, et les USA de l’autre, sur le dossier de la mer Rouge, une deuxième attaque américaine contre le Yémen a été menée par l’US Navy. Les États-Unis ont mené, dans la nuit de vendredi 12 à samedi 13 janvier, de nouvelles frappes contre des cibles houthistes au Yémen, selon un responsable américain cité par CNN.
Attaques américano-britanniques contre le Yémen : Moscou et Pékin ne décolèrent pas…

Les États-Unis avaient menacé, vendredi, d’entreprendre d’autres actions militaires si les houthis continuaient à lancer des attaques de drones et de missiles contre des navires commerciaux en mer Rouge. Le président américain avait déclaré en marge d’une visite en Pennsylvanie que les États-Unis et leurs alliés « veilleraient à répondre aux Houthis s’ils poursuivaient ce comportement scandaleux »

« Nous ne sommes pas intéressés par une guerre au Yémen », avait pourtant assuré un peu plus tôt John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, comme le rapporte le New York Times.

Les houthis avaient juré de leur côté qu’ils riposteraient aux frappes menées contre eux par les États-Unis, affirmant que les attaques n’avaient pas causé de dommages significatifs et qu’ils ne se laissaient pas décourager de lancer d’autres attaques contre des cibles américaines et internationales dans la région.

Selon des responsables américains cités par le New York Times, plus de 2 000 navires ont ainsi été contraints de parcourir des milliers de kilomètres pour éviter la mer Rouge ces derniers temps, ce qui a entraîné des semaines de retards.

Sur ces entrefaites, le Conseil de sécurité de l’ONU a tenu une session d’urgence à New York, à la demande de la Russie pour discuter de l’agression américano-britannique contre le Yémen vendredi. Vassili Nebenzia représentant de la Russie auprès des Nations Unies, a affirmé que « la défense des navires commerciaux est une question, et le bombardement d’autres pays en est une autre et ce dernier est un acte illégal ». Il a souligné que « la mission du Conseil de sécurité est de protéger la paix, au lieu de la menacer dans certaines régions du monde », notant que  « la coalition, qui comprend un groupe de pays, a lancé des attaques aériennes, maritimes et sous-marines, et certains d’entre eux ont utilisé des Tomahawks contre des villes yéménites, notamment Taiz, Sanaa et Saada ». Le délégué russe a noté que « la confrontation s’étend dans la mer Rouge et dans le golfe d’Aden, et ces pays menacent de l’étendre davantage sans tenir compte du droit international, car le droit de légitime défense n’inclut pas les navires commerciaux ».

Et de poursuivre que « les actions de la coalition contredisent la Charte des Nations Unies et le droit de légitime défense n’inclut pas les navires commerciaux, car la liberté de navigation est soumise au Traité des mers, qui impose l’arbitrage pour résoudre les différends ».

Il a ajouté que « la Russie a mis en garde contre un tel scénario et les massacres israéliens à Gaza se poursuivent malgré le fait que la Cour internationale ait rendu une décision concernant les territoires occupés », appelant à  « l’arrêt de la guerre à Gaza afin que le conflit ne s’étende pas ».

Le délégué russe a également noté que « son pays a mis en garde contre la signature par l’Occident de ses engagements lors de l’adoption de la dernière résolution du Conseil de sécurité, et nous avons demandé des amendements à la résolution, mais nous n’avons pas obtenu le soutien de la majorité », notant que « cette résolution peut générer un conflit au niveau régional et que toutes les tentatives du Conseil pour mettre fin aux combats ont été entravées par les États-Unis et leurs alliés ».

V. Nebenzia a estimé que l’Occident « couvre son agression contre la Syrie sous une feuille de vigne », rappelant que « l’OTAN a détruit l’Etat libyen sous prétexte de protection ».

À son tour, Jiang Jun, délégué chinois aux Nations Unies, a affirmé que  «  la dernière chose dont la région a besoin, ce sont des aventures militaires imprudentes, et ce qu’il faut, c’est le dialogue, la consultation et le calme », estimant « qu’aucun pays ne doit exploiter la résolution du Conseil selon ses pulsions », indiquant « la nécessité de ne pas exploiter la résolution du Conseil de sécurité du 10 janvier 2012, qui a condamné les attaques yéménites, mais ne justifie aucunement l’attaque contre le Yémen ».

Le représentant chinois a ajouté que « les attaques contre le Yémen ne se sont pas limitées à détruire des installations, mais ont plutôt accru les tensions dans la région, et nous ne voyons pas comment ces attaques contribueront à une solution politique à la crise yéménite ». Il a estimé que « permettre au conflit à Gaza de se poursuivre sans s’étendre n’est qu’une illusion et un vœu pieux », notant que « la Chine a demandé au Yémen de cesser d’attaquer et de harceler les navires dans la mer Rouge ».

 « Nous assistons à un cycle de violence qui menace d’avoir de graves répercussions politiques, sécuritaires, économiques et humanitaires au Yémen et dans la région », a déclaré, pour sa part, Khaled Khayari, sous-Secrétaire général pour les affaires du Moyen-Orient, de l’Asie et du Pacifique. Dans son exposé lors de la session du Conseil de sécurité, il a fait référence à « des rapports selon lesquels les forces militaires américaines et britanniques, avec le soutien de quatre pays, ont mené plus de 50 frappes aériennes et tirs de missiles sur des cibles à travers le Yémen ».

K. Khayari a estimé que « les événements d’hier montrent que la région est sur une voie d’escalade dangereuse qui pourrait affecter des millions de personnes au Yémen, dans la région et dans le monde », soulignant que « ces développements en mer Rouge et les risques d’exacerbation des tensions régionales suscitent des inquiétudes ».

Il a ajouté que  «  les récentes améliorations humanitaires au Yémen sont fragiles et peuvent être facilement annulées si d’autres incidents se produisent », appelant le Conseil de sécurité à « poursuivre ses efforts pour dialoguer activement avec tous les parties concernées pour empêcher une nouvelle escalade qui risque d’attiser les tensions territoriales, ou de porter atteinte à la paix régional, à la sécurité ou au commerce international ».

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