Alexis M. Taylor, sous-secrétaire au commerce et aux affaires agricoles étrangères au département de l’Agriculture, a signalé que « cette mission offre une opportunité cruciale aux entreprises agroalimentaires américaines de tirer profit du marché dynamique du Maroc et de sa position stratégique pour un accès plus large à l’Afrique. » Au Maroc, la mission commerciale tiendra des réunions interentreprises avec des importateurs potentiels du Maroc, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. « Cette mission offre une opportunité cruciale aux entreprises agroalimentaires américaines d’entrer sur le marché dynamique du Maroc et de tirer parti de sa position stratégique pour un accès plus large à l’Afrique », a tenu à préciser Daniel Whitley, administrateur du Foreign Agricultural Service, qui dirigera la délégation.
Le gouvernement américain a signalé, dans un rapport, qu’en 2023, le Maroc était le deuxième plus grand marché d’exportation de l’agriculture américaine sur le continent africain, avec plus de 610 millions de dollars, soit plus de 16 % de toutes les exportations américaines vers l’Afrique. Les États-Unis étaient le troisième fournisseur de produits agricoles du Maroc en 2023 et ont toujours figuré parmi les cinq premiers, précise la même source.
En termes de partenaires, le Maroc a fait le pari sur la diversification de ses fournisseurs. Cela se vérifie auprès de la Russie en terme d’approvisionnement en blé. Au mois de novembre 2024, le Royaume a importé 222 000 tonnes de blé russe, contre 119 000 tonnes l’année précédente. La Russie s’impose de plus en plus comme un fournisseur clé pour le Maroc et d’autres pays africains.
Historiquement tournés vers l’Union européenne, ces pays cherchent aujourd’hui des alternatives plus fiables face aux fluctuations des exportations européennes, souvent affectées par des tensions géopolitiques et des aléas climatiques. Pour le Royaume, ce choix stratégique s’inscrit dans une démarche visant à réduire sa dépendance envers ses partenaires traditionnels tout en assurant une continuité d’approvisionnement, essentielle à sa sécurité alimentaire. Une tendance qui devrait se renforcer. Selon les experts, pour la saison 2024-2025, le Maroc pourrait acheter davantage de blé russe que de blé européen, confirmant un réalignement progressif, mais significatif de ses sources d’importation.
La consommation intérieure de blé au Maroc continue d’augmenter, poussée entre autres par une croissance démographique constante. Pour la saison 2023-2024, elle a atteint 10 millions de tonnes et devrait encore progresser pour atteindre 10,1 millions de tonnes en 2024-2025. Cette augmentation de la demande interne met en lumière l’importance d’assurer des chaînes d’approvisionnement robustes et diversifiées.
Dans ce contexte, les importations de blé russe apparaissent comme une réponse pragmatique à un double enjeu : sécuriser les besoins croissants en céréales et limiter l’impact des fluctuations du marché européen. La France qui a toujours occupé une place prépondérante dans les exportations de céréales vers le Royaume, n’arrive pas à soutenir la concurrence russe. En 2024, les exportations françaises de blé vers le Maroc ont enregistré une baisse significative, inversement proportionnelle à la croissance des achats marocains auprès de la Russie. Selon les experts, cette situation est le fruit de plusieurs facteurs : des prix compétitifs proposés par la Russie, des volumes abondants sur le marché international et, surtout, une capacité à répondre rapidement aux besoins des importateurs marocains. Ce basculement met en lumière une réalité économique incontournable : le Maroc priorise aujourd’hui des choix pragmatiques qui privilégient ses intérêts stratégiques en termes économiques, mais aussi politiques.