Depuis que le soutien de P. Sanchez au plan marocain d’autonomie au Sahara a été clairement affiché à Madrid, rien ne va plus entre le PSOE et le Polisario. Les socialistes s’alignent sur les positions défendues par le chef de l’exécutif sur ce sujet. Dans la littérature du PSOE, un document réalisé par la direction du parti en mars dernier pour la base, n’évoque plus « le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination » par « l’organisation d’un référendum » ou « l’élargissement du mandat de la MINURSO à la surveillance des droits de l’Homme au Sahara occidental ».
Pour rappel, cette dernière revendication avait été inscrite dans le programme électoral du PSOE aux législatives anticipées du 10 novembre 2019.
Si le PSOE a opté pour le boycott du congrès du Polisario, prévu du 13 au 17 janvier au « camp Dakhla » en territoire algérien, des représentants d’Unidas-Podemos, Bildu (indépendantistes basques) et autres formations canariennes ont répondu, eux, à l’invitation des séparatistes.
Plus, la Realpolitik désormais en vigueur chez le voisin du nord fait qu’aucun ministre de la coalition d’extrême gauche Unidas-Podemos ne fera le voyage à Rabat, pour participer les 1er et 2 février à la réunion bilatérale de haut niveau. Depuis la capitale du Niger, le ministre espagnol des Affaires étrangères, l’a clairement affirmé mercredi. « Les délégations à ces sommets ne sont jamais composées de tous les ministres, ce n’était pas non plus le cas lors de précédentes réunions, cela dépend de l’ordre du jour. Les ministres qui ont des sujets à traiter avec leurs homologues, iront », a expliqué José Manuel Albares aux médias ibériques. A Rabat, « il y aura beaucoup de ministres, car la densité et la qualité des relations laissent prévoir que nous serons nombreux autour de la table et derrière le président » du gouvernement, s’est-il félicité.
Unidas-Podemos a annoncé, mercredi, qu’aucun de ses ministres ou secrétaires d’Etat ne participera au sommet avec le Maroc, y compris Yolanda Díaz, ministre du Travail. Pourtant des sources gouvernementales espagnoles avaient affirmé en novembre dernier que « le Maroc ne s’est pas opposé à la participation de Yolanda Díaz ».
Asile rejeté
Pour rappel, les ministres de la coalition d’extrême gauche, Unidas-Podemos, avaient tous condamné le soutien de P. Sanchez au plan marocain d’autonomie du Sahara occidental. Dans un élan de défiance, après le sommet maroco-espagno du 7 avril à Rabat, Alberto Garzon, chef du département de la Consommation, a choisi de se réunir, le 28 avril, avec une délégation du Front Polisario, conduite par ses représentants en Espagne et en Europe.
A signaler aussi que l’Office de l’asile et des réfugiés (OAR), relevant du ministère de l’Intérieur, dirigé par Fernando Grande-Marlaska, a reçu 118 842 demandes de protection internationale en 2022, contre 65 482 enregistrées en 2021, soit une hausse de 81,5%. Un record depuis la création de l’Office en 1992. Néanmoins, seuls 14.235 demandes ont été acceptées par les autorités ibériques.
En 2022, les Vénézuéliens, avec 45 748 requêtes, étaient en tête de peloton, suivis des Colombiens, 36 012, et des Péruviens, 8 937. Les Marocains arrivent quatrième avec 3 905 demandes, dont 3 542 ont été rejetées par l’Intérieur. Ce rejet massif répond, en effet, à une ligne politique gouvernementale tracée depuis des années. « Les habitants du Maroc ne bénéficient pas d’asile ou de refuge. Nous savons que la majorité soumet leur demande pour éviter l’expulsion. Nous allons les traiter avec toutes les garanties mais de manière accélérée », avait indiqué Conseulo Rumi, ex-secrétaire d’Etat chargé des Migrations, le 3 octobre 2018 à Rabat.
En 2022, 4 883 Maliens, 1 535 Afghans, 1 337 Ukrainiens, 1 297 Syriens et 658 Colombiens ont bénéficié du droit d’asile en Espagne.