Le parquet d’Istanbul a ordonné ces arrestations dans le cadre de la même enquête. Mais l’opposition dénonce une opération qui serait liée à la volonté du pouvoir de développer un mégaprojet dans l’ouest de la mégapole.
Cette vague d’arrestations dans l’équipe d’E. Imamoglu vise 53 personnes, dont sa directrice de cabinet, mais aussi de hauts responsables municipaux, notamment ceux chargés des eaux, de la construction et du logement, et des études et projets urbains. Le parquet d’Istanbul présente ces gardes à vue comme la continuité de l’enquête pour « corruption » qui vise le maire embastillé.
Mais, pour le parti du maire emprisonné, le Parti républicain du peuple (CHP), la date de ce nouveau coup de filet et la personnalité des suspects ne doivent rien au hasard : ces arrestations surviennent au lendemain d’une décision de la mairie de détruire des logements érigés par l’Etat précisément dans la zone où, depuis près de quinze ans, le président R.T. Erdogan avait promis de mener à bien son projet titanesque de Kanal Istanbul. Son ambition : creuser un nouveau passage – une sorte de deuxième Bosphore – entre la mer Noire et la mer de Marmara, dans l’ouest d’Istanbul, et y développer une ville nouvelle de plusieurs millions d’habitants. Un projet contre lequel les défenseurs de l’environnement et l’opposition se sont toujours insurgés, accusant notamment le pouvoir de vendre les terrains à des investisseurs des pays du Golfe. Un projet qui semblait d’ailleurs compromis depuis l’arrivée d’E. Imamoglu à la tête d’Istanbul en 2019.