Israël Katz, ministre israélien de la Défense, a averti jeudi le dirigeant syrien, Ahmad al-Chareh, qu’il paierait un « lourd tribut » si la sécurité d’Israël était menacée.
Mercredi soir, l’aviation israélienne avait mené une série de frappes sur un centre de recherche militaire à Damas, l’aéroport militaire de la ville de Hama et la base aérienne militaire T-4 dans la province de Homs, tous deux dans le centre du pays.
Le ministère syrien a affirmé que l’aéroport militaire de Hama avait été « presque entièrement détruit » et évoqué des « dizaines de blessés civils et militaires ». « En l’espace de 30 minutes, les forces israéliennes ont mené des frappes aériennes sur cinq régions », a-t-il dénoncé.
L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a affirmé que quatre militaires avaient été tués et douze autres blessés dans les raids contre l’aéroport de Hama. Selon l’ONG basée au Royaume-Uni, 18 frappes l’ont visé, se concentrant sur les avions restants, les pistes et les tours de contrôle, le mettant hors service. Les journalistes n’ont pas été autorisés à s’approcher du site, ni du centre de recherches scientifique de Barzeh, dans la banlieue de Damas, également visé.
Côté israélien, l’armée a affirmé avoir « frappé les capacités militaires dans les bases syriennes de Hama et T4, dans la province de Homs, ainsi que d’autres infrastructures militaires dans la région de Damas ».
Quelques heures plus tard, jeudi à l’aube, neuf personnes ont été tuées en s’opposant à une incursion israélienne dans la province de Deraa dans le sud de la Syrie, selon les autorités locales et l’OSDH. « Neuf civils ont été tués et d’autres blessés, selon un premier bilan », à la suite d’un bombardement israélien près de la ville de Nawa, à l’ouest de Deraa, selon les autorités de la province. Les bombardements sont intervenus après une « incursion israélienne » dans la région, « où les forces de l’occupation ont pénétré pour la première fois aussi profondément », ont ajouté les autorités de la province de Deraa sur la chaîne Telegram. Selon l’OSDH, il s’agit d’habitants de la région qui ont pris les armes après des appels au jihad lancés dans les mosquées pour s’opposer à l’avancée des troupes israéliennes.
L’armée israélienne a indiqué qu’elle avait répondu à des tirs d’hommes armés lors d’une opération dans le sud de la Syrie, ajoutant avoir tiré sur plusieurs combattants qui ont été « éliminés » dans des frappes terrestres et aériennes. « La présence d’armes dans le sud de la Syrie constitue une menace pour l’Etat d’Israël », a déclaré un porte-parole militaire israélien, ajoutant que l’armée « ne permettrait pas l’existence d’une menace militaire en Syrie et agirait contre elle ».
Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël a envoyé des troupes dans une zone tampon démilitarisée du Golan, dans le sud-ouest de la Syrie. Dans le même temps, son aviation a lancé des centaines de frappes sur des sites militaires depuis que des rebelles islamistes ont pris le pouvoir, affirmant vouloir empêcher que des armes ne tombent entre les mains des nouvelles autorités qu’il qualifie de « jihadistes ». Le Premier ministre israélien avait exigé fin février « la démilitarisation totale du sud de la Syrie » et affirmé qu’il ne tolérerait pas que les forces du nouveau pouvoir syrien se déploient au sud de Damas.
Le 26 mars, six civils avaient déjà été tués après une incursion israélienne similaire dans la province de Deraa, selon les autorités locales.
Jeu turc
Ces attaques interviennent après des informations rapportées par le site britannique Middle East Eye selon lesquelles des négociations étaient en cours entre Damas et Ankara concernant un accord de défense en vertu duquel la Turquie fournirait une couverture aérienne et une protection militaire au gouvernement syrien actuel, en commençant par la base T4 près de Tadmor (Palmyre). L’accord comprend également le déploiement de systèmes de défense aérienne russes, ce qui nécessite l’approbation de Moscou dans le cadre du processus de construction de la base et de son équipement temporaire avec ces systèmes.
Mettant en garde contre « une évolution inquiétante en Syrie », Israel Hayom a indiqué que « la Turquie a récemment commencé à établir une nouvelle base militaire dans l’est de la Syrie, à un endroit considéré comme l’un des points les plus stratégiques pour dominer l’espace aérien syrien ». Ce déploiement donnera à Ankara une influence aérienne étendue et une capacité accrue à imposer son contrôle sur l’espace aérien syrien, d’après le journal israélien.
Entretemps, l’armée d’occupation israélienne poursuit ses efforts pour resserrer son emprise et étendre sa présence dans le sud de la Syrie. Elle a récemment imposé son contrôle sur la partie ouest du barrage de Mantara, dans la campagne de Quneitra. C’est l’un des plus grands barrages de la région du bassin de Yarmouk. Principal fournisseur d’eau, il est indispensable pour le secteur agricole de cette région et son influence s’étend jusqu’au gouvernorat de Deraa.
Une source locale du gouvernorat a déclaré que les forces israéliennes empêchent les familles de se rendre ou de s’approcher du barrage, après l’avoir déclaré « zone militaire interdite ». Un nouveau poste militaire, avait été récemment installé à la périphérie de la ville d’Al-Qahtaniyah dans la campagne de Quneitra.
La population vit dans une anxiété sans précédent alors que l’ennemi combine la pression sur leurs moyens de subsistance pour les forcer à accepter l’aide qu’il tente de promouvoir avec sa campagne contre leurs moyens de subsistance, qui dépendent de l’agriculture. Il avait auparavant empêché les agriculteurs d’irriguer leurs cultures dans la vallée de Yarmouk, près du village de Maariyah, à l’ouest de Deraa, et exigé le retrait de leur équipement agricole de la zone.