La rivalité entre le Maroc et l’Algérie bloque la proclamation du pays qui devra, logiquement, prendre les commandes en 2024 de l’organisation continentale. Rabat, comme Alger, s’accrochent à leur candidature pour remporter un poste stratégique réservé à la région de l’Afrique du nord.
Ce blocage ne constitue pas un précédent. En effet, l’UA est en train de vivre le même scénario qui s’est produit au lendemain du sommet de février 2022. Le Kenya et l’Union des Comores se disputaient le très convoité titre de premier vice-président de l’organisation continentale.
L’Algérie avait alors vainement tenté de torpiller la candidature d’A. Assoumani, qu’il juge très proche du royaume, notamment depuis l’ouverture d’un consulat général de l’Union des Comores à Laâyoune, en jouant la carte d’Uhuru Kenyatta, ex-président du Kenya et fervent défenseur du Polisario. Après des mois d’impasse, William Ruto, nouveau président du Kenya, a fini par renoncer en décembre 2022 au poste, balisant ainsi la voie à A. Assoumani de succéder au Macky Sall.
Avec le Maroc et l’Algérie, un tel compromis est difficile à envisager, d’autant que les deux voisins ont rompu, depuis août 2021, leurs relations diplomatiques. Dans ce contexte de tension, marqué par de nombreuses passes d’armes, la solution ne peut émaner que d’une autre candidature provenant de la région d’Afrique du Nord. Dans un premier temps, la Libye avait nourri les mêmes ambitions avant de se retirer de la course en faveur de l’Algérie. Le Polisario avait aussi tenté de se lancer dans la course, ajoutant à l’agitation son grain de sel.
Si la Mauritanie a décliné l’offre de jouer l’« arbitre » entre les deux puissances du Maghreb, l’Egypte peut se poposer sans craindre des « représailles » de la part de Rabat ou d’Alger. L’ambassade du Caire auprès de l’UA avait, en effet, déposé en février dernier sa candidature à la première vice-présidence de l’organisation panafricaine.
La solution égyptienne a le mérite de satisfaire toutes les parties. Mais en attendant, le président actuel de l’UA ne veut pas fermer la porte à la conclusion d’un compromis entre Rabat et Alger. D’habitude, et en l’absence d’un mécanisme clair insistant par exemple sur le vote direct des pays membres, le premier vice-président de l’UA est accordé par consensus. L’UA avait décidé, lors de son dernier sommet, de suspendre les discussions autour de la nomination de ce poste.