« Les négociations et les contacts de la deuxième phase ont commencé, et nous concentrons nos efforts sur les abris, l’aide et la reconstruction pour notre peuple à Gaza », a déclaré Abdel Latif al-Qanoua, porte-parole du mouvement.Il a accusé Israël de « retarder la mise en œuvre des protocoles humanitaires de l’accord de cessez-le-feu et d’en bloquer l’exécution » ajoutant que « les abris et l’aide humanitaire sont d’urgentes priorités qui ne peuvent souffrir de retards de la part d’Israël. » A. Qanoua a souligné que la reconstruction des hôpitaux, la réparation des routes et la remise en état des puits sont essentielles pour redonner vie à Gaza après les destructions considérables causées par la guerre israélienne. Dans le même temps, le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) a averti que les besoins à Gaza étaient « immenses ». « Tout espoir de rétablissement nécessitera une réponse humanitaire à grande échelle, avec la collaboration de toutes les agences », a-t-il déclaré dans un message publié sur X.
Israël a annoncé, mardi, qu’il enverrait une délégation de négociateurs au Qatar ce week-end pour discuter de la deuxième phase de l’accord sur Gaza. Selon un communiqué du bureau du Premier ministre Benyamin Netanyahu, la délégation discutera des « détails techniques liés à la poursuite de la mise en œuvre » de l’accord. Cette annonce a été faite après une réunion à Washington entre B. Netanyahu et Steve Witkoff, envoyé spécial américain et Michael Waltz, conseiller à la sécurité nationale au cours de laquelle les trois hommes ont discuté de la prochaine phase de l’accord de cessez-le-feu dans la Bande de Gaza. Les négociations sur la deuxième phase de l’accord devaient débuter lundi, mais B. Netanyahu a décidé de ne pas envoyer ses négociateurs à Doha avant d’avoir rencontré son allié D. Trump.
La première phase de six semaines de l’accord de cessez-le-feu à Gaza est entrée en vigueur le 19 janvier, permettant de suspendre la guerre israélienne qui a tué plus de 60.000 personnes et laissé l’enclave à l’état de ruines. D’ailleurs, plusieurs violation de la trêve par l’armée sioniste ont été documentée. Un citoyen palestinien a été tué dimanche 2 février par les balles des forces d’occupation dans la ville d’al-Shawka, à l’est de la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza. En outre, une Palestinienne a succombé à ses blessures après que l’armée sioniste a bombardé la maison de sa famille à Rafah. Une jeune fille palestinienne est également décédée des suites de ses blessures subies lors de l’agression israélienne contre Gaza.
Il y a lieu de souligner que deux soldats israéliens ont été abattus et six autres blessés dans une fusillade visant un poste de contrôle de Tayasir près de Tubas, dans le nord de la vallée du Jourdain, ont annoncé mardi matin les services de secours de l’occupation. Pour sa part, la radio de l’armée d’occupation israélienne a déclaré que l’auteur de l’opération s’est infiltré dans le complexe militaire dans le nord de la Cisjordanie, où se trouvaient les soldats, puis a ouvert le feu sur eux. Et d’ajouter : l’auteur de cette attaque a été « neutralisé ». Un terme utilisé par les forces d’occupation qui signifie le martyre de l’assaillant.
Selon la chaîne israélienne 13, la fusillade a eu lieu à un poste de contrôle militaire où se trouvaient plusieurs soldats israéliens. La chaîne israélienne a ajouté que des hélicoptères de l’armée d’occupation ont évacuer deux soldats blessés dans un état critique. Selon les sources israéliennes, les échanges de tirs au poste de contrôle de Tayasir ont duré plusieurs minutes avant que les soldats ne parviennent à tuer l’assaillant, qui portait un gilet pare-balles.
A noter que cette opération intervient au moment où les forces d’occupation poursuivent pour le troisième jour consécutif leur agression contre le camp d’Al-Far’a et la localité de Tamoun à Tubas. Des sources locales ont fait état de l’arrestation d’une vingtaine de citoyens, en plus d’interrogatoires sur le terrain de dizaines d’autres. Les forces d’occupation ont bouclé toutes les entrées de cette localité et du camp. Leurs bulldozers y ont détruit les rues et les infrastructures. Les lignes d’eau et d’électricité ont été endommagés, ce qui a conduit à leur coupure.
Réagissant à cette opération, le Hamas l’a qualifiée « d’héroïque et qualitative ». Il a souligné que cette attaque prouve une fois de plus que « les crimes de l’occupation et son agression contre le nord de la Cisjordanie occupée ne resteront pas impunis » et que « les crimes continus de l’occupation contre notre peuple palestinien en Cisjordanie et dans les camps de Jénine, Tulkarem et Tubas n’affaibliront pas la détermination de notre peuple et sa résistance ».
De son côté, le Jihad islamique a salué l’opération héroïque dans la région de Tayasir en Cisjordanie occupée. Dans un communiqué, il a souligné que « cette opération héroïque vient confirmer l’insistance de notre peuple et sa résistance à faire face aux crimes de l’occupation qui fait exploser les maisons, déplace les familles et terrorise les civils ».
L’UNRWA a tiré la sonnette d’alarme en signalant que la situation dans le camp de Jénine en Cisjordanie prend une tournure catastrophique. Le Gouvernorat de la ville a relevé que l’occupation continue de faire exploser des maisons à l’intérieur du camp. Le journal Israel Hayom a indiqué que l’armée israélienne a changé sa doctrine de combat en Cisjordanie et se comporte désormais comme elle l’a fait à Gaza et au Liban…
Peurs israéliennes
L’establishment sioniste perd de sa superbe. L’avion transportant B. Netanyahu à destination des États-Unis a évité l’espace aérien de plusieurs pays européens en raison d’inquiétudes concernant des mandats d’arrêt internationaux.
Le quotidien Maariv a rapporté lundi que l’avion transportant le Premier ministre israélien avait emprunté un itinéraire exceptionnel pour atteindre Washington afin d’éviter de pénétrer dans l’espace aérien de pays ayant déclaré qu’ils exécuteraient des mandats d’arrêt contre lui en cas d’entrée. Plusieurs médias ont également confirmé que B. Netanyahu a été contraint de faire ce détour.
Plusieurs pays et organisations de défense des droits de l’homme ont critiqué les États-Unis au sujet de la visite en cours du Premier ministre « criminel » israélien. Les deux hommes doivent se rencontrer mardi, dans un contexte d’incertitude généralisée quant aux modalités de la rencontre.
En novembre dernier, la Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt contre B. Netanyahu et son ancien ministre des Affaires militaires Yoav Gallant pour crimes de guerre dans la bande de Gaza. Les juges ont déclaré qu’il y avait des « motifs raisonnables » de croire que Netanyahu et Gallant « ont intentionnellement privé la population civile de Gaza d’objets indispensables à sa survie ». La Cour a également déclaré que les hommes portaient une « responsabilité pénale » pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité pendant la campagne de génocide à Gaza.
Le déplacement washingtonien de B. Netanyahu intervient à un moment potentiellement crucial dans le cadre des négociations sur la deuxième phase du cessez-le-feu à Gaza. Un négociateur israélien a déjà reproché au Premier ministre sioniste d’avoir « violé de manière flagrante » les termes d’une trêve fragile après avoir retardé les pourparlers cruciaux qui devaient commencer lundi. Selon CNN, le négociateur a affirmé que le refus de B. Netanyahu d’envoyer une délégation à Doha à la date convenue mettait en péril le cessez-le-feu à Gaza.
Selon les termes de l’accord, les négociations pour la deuxième phase de l’accord devaient commencer le 16e jour du cessez-le-feu, qui tombait lundi. Mais B. Netanyahu aurait reporté l’envoi de son équipe jusqu’à son retour de Washington, déclenchant l’indignation des médiateurs et des négociateurs.
La colère fait également rage dans toute la région après que D. Trump a proposé un déplacement des Palestiniens de Gaza hors du territoire assiégé et leur relocalisation dans des pays voisins. Le locataire de la Maison Blanche a déclaré qu’il aimerait voir la Jordanie, l’Égypte et d’autres pays arabes accueillir des réfugiés palestiniens pour « tout simplement nettoyer » la région palestinienne.
D. Trump a aussi exprimé ses doutes concernant la pérennité du cessez-le-feu à Gaza, déclarant n’avoir « aucune garantie » sur sa durée. Cette déclaration intervient alors que S. Witkoff, son envoyé spécial pour le Moyen-Orient, affirme que l’accord de trêve et d’échange de prisonniers entre Israël et le Hamas tient pour le moment.
Ces propos, tenus lors d’un point presse à la Maison Blanche, font écho aux premières réserves exprimées par D. Trump dès le début de son mandat concernant la stabilité du cessez-le-feu.
Entre-temps, l’administration Trump a sollicité l’approbation du Congrès pour un nouveau transfert d’armement vers ‘Israël’ d’une valeur d’environ un milliard de dollars, rapporte le Wall Street Journal. Selon des sources citées par le journal US, cette vente comprendrait 4 700 bombes de 1 000 livres, pour une valeur de plus de 700 millions de dollars, ainsi que des bulldozers blindés fabriqués par Caterpillar, estimés à plus de 300 millions de dollars.
Stress démographique
Le site israélien Walla a fait état d’une diminution significative du taux de croissance démographique dans l’entité sioniste en 2024, atteignant 1,1% contre 1,6% l’année précédente. Cette baisse est principalement due à l’augmentation significative du taux d’Israéliens ayant quitté Israël en raison de la « situation sécuritaire complexe » liée àla guerre israélienne contre Gaza et le Liban.
La même source précise que 82 700 Israéliens ont quitté alors que seulement 23 800 autres sont revenus en Israël au cours de l’année 2024. De plus, le nombre de nouveaux immigrants vers l’entité sioniste a diminué d’environ 15 000 personnes (32 800).
Selon la définition du Bureau central des statistiques, un émigrant à l’étranger est un Israélien qui est resté à l’étranger pendant au moins 9 mois, au total, à compter de la date de son départ.
Une étude récente du Centre de recherche et d’information de la Knesset a révélé que le nombre de personnes ayant choisi d’émigrer d’Israël entre 2009 et 2021 s’élevait en moyenne à environ 36 000 personnes par an. Cependant, les chiffres ont connu une augmentation significative à partir de 2022, puisque le nombre de départs est passé à 55 300 personnes, soit une augmentation de 46 % par rapport à l’année précédente, et a atteint 82 700 départs en 2024, soit une augmentation de 50 %. Quant à l’immigration vers l’entité sioniste, environ 200 000 immigrants sont arrivés entre 2019 et 2023, mais le pourcentage de nouveaux immigrants a diminué de 31% en 2024, leur nombre ayant atteint 32 281 immigrants, contre 47 013 immigrants en 2023.
Le régime israélien a été contraint d’accepter un cessez-le-feu à Gaza après avoir échoué à atteindre ses objectifs déclarés dans le territoire assiégé au cours d’une guerre génocidaire de 15 mois. En dépit des massacres collectionnés, l’armée sioniste a échoué à libérer les captifs israéliens et exterminer le Hamas. Tel-Aviv a fini par accepter les conditions de négociation de longue date du Hamas dans le cadre de la trêve de Gaza, mise en vigueur le 19 janvier.