Les heurts sont récurrents dans cette zone maritime depuis que la Russie a claqué la porte de l’accord qui permettait les exportations de céréales ukrainiennes. Avec la fin, mi-juillet, de l’accord qui permettait l’exportation des céréales ukrainiennes, les accrochages maritimes se répètent entre la Russie et l’Ukraine. En mer Noire, Moscou a affirmé avoir neutralisé deux bateaux ukrainiens.
Dans la matinée, le ministère russe de la Défense a annoncé sur Telegram que « cette nuit », un avion de combat Su-30cm de la flotte russe « a détruit un navire de reconnaissance des forces armées ukrainiennes dans la zone d’installations russes de production de gaz dans la mer Noire ». Quelques heures plus tard, le ministère a révélé, toujours sur Telegram, qu’un deuxième bateau ukrainien avait subi le même sort : « Vers 11 heures (heure de Moscou, 8 heures en temps universel), à l’est de l’île des Serpents, une vedette rapide Willard Sea Force de fabrication américaine transportant un groupe de débarquement des forces armées ukrainiennes a été détruite par un avion des forces armées russes. »
L’île des Serpents fut prise par Moscou en février 2022, juste après le début de la guerre en Ukraine, avant d’être abandonnée en juin de la même année. Kiev, qui ne détaille jamais ses pertes, n’a rien dit des incidents de ce 22 août. Les attaques en mer Noire étaient, pendant près d’un an, relativement peu nombreuses, permettant la mise en œuvre d’un accord pour que l’Ukraine exporte sa production agricole, essentielle à la sécurité alimentaire mondiale. Mais Moscou s’est retirée en juillet de cet arrangement sous l’égide de l’ONU et de la Turquie, multipliant depuis les bombardements des infrastructures portuaires ukrainiennes en mer Noire et sur le Danube.
L’Ukraine a visé, avec des drones marins ou aériens, la flotte russe, un tanker pétrolier, ou encore les ponts menant vers la Crimée et permettant d’approvisionner les troupes russes. Kiev a aussi défié les menaces russes de couler les cargos quittant ses ports, organisant un couloir maritime pour le Joseph Schulte, navire qui a rejoint la semaine dernière la Turquie sans que la Russie ne l’attaque. Reste à établir si l’Ukraine parviendra à pérenniser de telles voies maritimes.
Varsovie se blinde
Dans ce contexte de tensions à ses frontières avec la Biélorussie et la guerre en Ukraine, la Pologne continue sa course à l’armement. Lundi, Washington a approuvé la vente de 96 hélicoptères d’attaque Apache au pays. Cet achat est cohérent avec l’objectif ambitieux que s’est fixé Varsovie de faire de son armée polonaise la plus importante d’Europe d’ici deux ans. Et pour ce faire, 4% de son PIB est tourné vers ses dépenses militaires, soit deux fois plus que ce qu’exige l’Otan.
Avec cet achat à hauteur de 12 milliards de dollars, Varsovie compte remplacer ses vieux hélicoptères soviétiques et s’équiper des mêmes appareils que les armées britanniques, indiennes ou saoudiennes.
Le département d’État US s’est félicité pour ce contrat qui va « améliorer la capacité de la Pologne à faire face aux menaces actuelles et futures en apportant une force crédible, capable de dissuader des adversaires et de participer à des opérations de l’Otan ». C’est lui qui a approuvé la vente et notifié le Congrès lundi.
Mariusz Blaszczak, ministre polonais de la Défense, a confirmé sur X le contrat, ajoutant que « jusqu’à ce que les procédures soient achevées et que les hélicoptères achetés soient livrés à la Pologne, l’armée américaine nous fournira des hélicoptères Apache sur ses propres ressources ».
En début d’année, lvarsovie avait signé un important contrat avec les États-Unis pour l’achat de 116 chars Abrams. Elle est ainsi devenue le premier pays étranger à disposer de ces blindés et elle devrait en recevoir 250 autres avant la fin de l’année prochaine.
A signaler aussi que depuis le début de l’opération russe en Ukraine, la Pologne fait office de plateforme logistique pour les livraisons d’armes et de munitions à Kiev par l’armée US. Et grâce à cela, Varsovie dispose d’une sorte d’immunité sur des sujets autrefois sensibles entre les deux pays, comme les droits LGBT+ ou la liberté de la presse.