Sur le front ukrainien, la guerre se poursuit sans relâche. Les forces russes se trouvaient, jeudi 13 octobre, aux portes de Bakhmout après la capture de deux villages près de cette ville de l’est de l’Ukraine, ont annoncé les forces prorusses de la région. Selon la chaîne Telegram des combattants séparatistes de Donetsk, ils ont pris le contrôle des villages d’Opytné et d’Ivangrad, directement au sud de Bakhmout, ville qu’ils tentent de conquérir depuis le mois d’août et seule portion du front où les troupes de Moscou avancent en ce moment, rapporte l’AFP.
En réaction, Kiev riposte en ciblant, jeudi 13 octobre, un immeuble résidentiel dans la ville russe de Belgorod, région frontalière de l’Ukraine, ont accusé les autorités locales, mentionne l’AFP.
A rappeler que c’est dans cette perspective que s’inscrit la démarche de l’Elysée qui tente de renouer avec Moscou. Une position des plus ambiguës au regard de Moscou qui n’apprécie guère le soutien militaire apporté par la France à l’Ukraine.
« Aujourd’hui, d’abord, Vladimir Poutine doit cesser cette guerre, respecter l’intégrité territoriale de l’Ukraine et revenir autour de la table des discussions », a affirmé Emmanuel Macron sur la chaîne publique France 2, lui reprochant d’avoir fait le « choix » d’ « installer » l’Europe « dans la guerre » avec ses frappes de missiles des derniers jours et la mobilisation pour renforcer son armée.
Le président français, malgré les critiques, y compris ukrainiennes, n’a jamais rompu le dialogue avec le maître du Kremlin depuis l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février. Il a assuré qu’il continuerait de lui parler « à chaque fois que cela sera nécessaire ».
Le président a redit qu’il reviendrait in fine aux Ukrainiens de décider quand les conditions de la négociation seront réunies et que le but affiché était clair : un retour aux « frontières de 1991 », avant l’annexion de la Crimée en 2014 et celle de quatre régions fin septembre par la Russie. « La question est de savoir si ces buts de guerre ne seront obtenus que militairement », s’est-il interrogé. « Je crois qu’à un moment donné, ce sera de l’intérêt de l’Ukraine et de la Russie de revenir autour de la table et de négocier ». « La stabilité de notre continent, c’est notre affaire à tous […] Nous aurons des rôles de garants à jouer », a-t-il dit, tout en concédant que ces négociations n’interviendraient « pas dans les prochaines semaines » et qu’il fallait se préparer à « passer l’hiver dans ce contexte de guerre ».
D’ici là, la France va continuer à aider militairement l’Ukraine en lui livrant des « radars, des systèmes et des missiles » face aux bombardements et aux attaques de drones russes, a indiqué E. Macron, mais sans préciser pour autant quel système antiaérien il entendait livrer. Kiev lorgne sur les SAMP Mamba, produits par Thales et MBDA soit l’équivalent des Patriot américains. Reste que l’armée française ne possède à ce jour que huit de ces systèmes.
Le président français a, en revanche, ajouté que la France envisageait de livrer des canons Caesar supplémentaires, 6 de plus après les 18 déjà fournis. Des canons prélevés sur une commande initialement destinée au Danemark. « On est en train de travailler à la livraison de six canons additionnels avec le Danemark. Pourquoi ? Parce qu’en fait, ce sont des canons que l’on a produits qui étaient destinés à l’armée danoise et on est en train d’essayer de les produire en parallèle et de les livrer tout de suite aux Ukrainiens. »
Le chef de l’État a indiqué qu’il entendait aussi renforcer la posture de l’Otan sur le flanc est européen. Des chasseurs Rafale rejoindront l’Estonie. Quant au contingent français déployé en Roumanie, il recevra l’appui d’un escadron de Charles Clerc, soit 12 blindés lourds accompagnés d’une centaine de soldats.
Il a adressé également une mise en garde au président biélorusse Alexandre Loukachenko, l’un des principaux alliés des Russes, en assurant qu’il aurait des « problèmes » s’il s’engage plus encore dans le conflit. Il a appelé à « éviter toute escalade du conflit », pour qu’il ne s’étende pas à un pays voisin de l’Ukraine et pour empêcher le recours par Moscou à des armes chimiques ou nucléaires.