Cette région russe située entre la Pologne et la Lituanie est totalement isolée du reste du territoire russe. D’une superficie de 215,7 km2, et de près de 500 mille habitants, elle est approvisionnée par la Russie via des chemins de fer et des gazoducs à travers la Lituanie.
La semaine dernière, la Lituanie a annoncé qu’elle interdisait le transit ferroviaire des marchandises soumises aux sanctions de l’UE de la Russie continentale à Kaliningrad. La liste comprend le charbon, les métaux, les matériaux de construction et les technologies de pointe.
« La décision de la Lituanie d’imposer un blocus sans précédent de Kaliningrad et une violation de tout ce qui est imaginable », a réagi le Kremlin lundi 20 juin.
« La situation est plus que grave et nécessite une analyse très approfondie avant de formuler des mesures et des décisions », a déclaré à la presse Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin.
« Si dans un proche avenir le transit de marchandises entre la région de Kaliningrad et le reste du territoire de la Fédération de Russie via la Lituanie n’est pas entièrement rétabli, la Russie se réserve le droit de prendre des mesures pour protéger ses intérêts nationaux », a pour sa part averti le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
Le ministère a assuré avoir convoqué le chargé d’affaires lituanien à Moscou pour protester contre les mesures « provocatrices » et « ouvertement hostiles ».
Gabrielius Landsbergis, ministre lituanien des Affaires étrangères, a défendu cette décision et déclaré que son pays appliquait simplement les sanctions imposées par l’UE, dont il est membre. Il a déclaré que les mesures avaient été prises après « consultation avec la Commission européenne et conformément à ses directives ».
Andrei Klimov, chef de la Commission pour la protection de la souveraineté de l’État du Parlement russe, a qualifié la démarche de la Lituanie, « comme une agression directe contre la Russie, l’obligeant à recourir à l’autodéfense. »
« Si l’Union européenne ne corrige pas immédiatement l’action grossière de Vilnius, elle répudie ainsi la légalité de tous les documents d’adhésion de la Lituanie à l’Union européenne et nous libère pour décider du problème que la Lituanie a causé en imposant un blocus des transports sur Kaliningrad, par tous les moyens que nous choisirons », a-t-il écrit sur Telegram.
Anton Alikhanov, gouverneur de Kaliningrad, avait pour sa part indiqué que l’interdiction affecterait environ 50 % de toutes les importations vers l’enclave.
L’interdiction a été confirmée vendredi par la branche fret du service ferroviaire public lituanien dans une lettre aux clients suite à une « clarification » de la Commission européenne sur le mécanisme d’application des sanctions.
Abritant le quartier général de la flotte russe de la mer Baltique, l’enclave a été capturée à l’Allemagne nazie par l’Armée rouge en avril 1945 et cédée à l’Union soviétique après la Seconde Guerre mondiale.
Réagissant à l’annonce d’une nouvelle livraison d’armes de Washington à Kiev, Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a estimé que l’objectif souhaité est d’exiger de la Russie qu’elle se plie aux règles édictées par les Etats-Unis dans le cadre des relations internationales. «Ils cherchent à obtenir ce qu’ils ont annoncé depuis longtemps : « la Russie doit connaître sa place, le Russie n’a pas le droit d’avoir sa propre voix dans les relations internationales. La Russie doit respecter les « règles » inventées par les Etats-Unis», a affirmé S. Lavorv. «Je pense qu’il est très clair qu’ils ne réussiront pas», a lancé le chef de la diplomatie russe.
Début juin, Vladimir Poutine avait jugé que les livraisons d’armes à Kiev par Washington reflétaient une volonté de faire durer le conflit pour affaiblir Moscou : «Tout ce raffut autour de livraisons supplémentaires d’armes, à mon avis, n’a qu’un seul but : faire durer le conflit armé autant que possible.»
Le 24 février, le président russe a annoncé le lancement d’une «opération militaire spéciale» en Ukraine visant à «démilitariser» et «dénazifier» le pays, dans l’objectif de protéger les populations du Donbass, en proie à des bombardements depuis 2014. Cette offensive est dénoncée par Kiev et ses alliés comme une guerre d’invasion et a donné lieu à de nombreuses sanctions des pays occidentaux contre la Russie.