« Les Américains n’ont fixé aucune date limite » pour la fin de l’opération à Gaza, a déclaré T. Hanegbi à la Douzième chaîne. « Hier, ils ont nié avoir fixé une quelconque date butoir. Ils comprennent qu’ils ne peuvent pas dire à Tsahal combien de temps il lui faudra pour atteindre ses objectifs… Ils partagent nos objectifs en matière de libération des otages, pour laquelle il est impossible de fixer une date, et de destruction du Hamas. Par conséquent, l’estimation selon laquelle l’atteinte des objectifs de la guerre à Gaza ne se mesure pas en semaines est correcte, et je ne suis même pas certain qu’elle se mesure en mois. »
Le sécuritaire israélien estime que Yahya Sinwar, chef du Hamas, voudra que son organisation se battre jusqu’au bout, « mais si nous le tuons, et c’est l’idée, il est possible que ses successeurs préfèrent s’éviter le même sort en quittant Gaza, vaincus ». Il a indiqué que son élimination pourrait être une étape clé vers l’atteinte des deux objectifs de guerre, à savoir la destruction du Hamas à Gaza et la libération des otages. « Je ne pense pas que Sinwar ait bien compris que l’armée israélienne ira partout à Gaza », a-t-il ajouté.
Il a affirmé que « 7 000 terroristes au moins » avaient été tués depuis le début de la guerre. En précisant que Tsahal se trouvait tout près des centres de commandement du Hamas à Jabaliya et Shejaiya, dans le nord de Gaza.
Il a ajouté que les initiatives de Tsahal pour sauver les otages étaient incroyablement risquées « parce que les ravisseurs attendent, le doigt sur la gâchette ». C’est ainsi que deux commandos de Tsahal ont été blessés lors d’une opération, a-t-il expliqué alors qu’il n’y avait finalement pas d’otages. « La pression militaire pourrait entraîner une nouvelle trêve » et la libération de nouveaux otages, a-t-il ajouté. « Cette opération destinée à éliminer le Hamas arrive 17 ans trop tard », a-t-il affirmé. Aujourd’hui, Israël se rend compte qu’il faut le faire, même si le prix en est élevé, parce que toute autre alternative serait beaucoup plus coûteuse, a-t-il poursuivi.
T. Hanegbi a précisé qu’une intensification de l’action de Tsahal à la frontière nord était probable, mais de préférence pas en même temps que les combats dans la bande de Gaza. « Les habitants ne reviendront pas dans le nord si nous ne faisons pas la même chose » dans le nord, contre le Hezbollah, que ce qui est fait dans le sud contre le Hamas, a-t-il déclaré à la Douzième chaîne. « Nous ne pouvons plus accepter que la force Radwan – l’élite du Hezbollah – demeure au niveau de la frontière. Nous ne pouvons plus accepter que la résolution 1701 ne soit pas mise en œuvre », a-t-il ajouté, en référence à la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU de 2006 interdisant toute présence du Hezbollah à moins de trente kilomètres de la frontière avec Israël.
Interrogé sur la possibilité d’une guerre dans le nord, il a répondu que « la situation dans le nord doit changer. Et elle va changer. Si le Hezbollah accepte de changer les choses par la voie diplomatique, tant mieux. Mais je ne crois pas qu’il en sera ainsi. » Et par conséquent, a-t-il dit, « le jour venu », Israël devra agir pour qu’à l’avenir les habitants du nord n’aient plus « à être évacués », et pour leur garantir que la situation dans le nord aura changé.
Il a rappelé que de nombreux pays avaient des missiles braqués sur Israël, à commencer par l’Iran, la Syrie et l’Irak, « et pour autant, Israël ne les envahit pas ». La crainte, vis-à-vis de la force Radwan du Hezbollah, est sa capacité à traverser la frontière « en quelques minutes » et potentiellement semer le chaos dans les communautés du nord, comme le Hamas l’a fait dans le sud, le 7 octobre dernier. Israël ne peut plus tolérer cette menace, a-t-il répété.
Il a précisé qu’Israël ne voulait pas se battre simultanément sur deux fronts. « Nous disons clairement aux Américains que nous ne sommes pas intéressés par une guerre dans le nord, mais que nous n’aurons pas d’autre choix que d’imposer une nouvelle réalité dans le nord » si le Hezbollah continue de constituer une menace depuis l’autre côté de la frontière.
Si la communauté internationale ne s’occupe pas de la menace qu’incarnent les Houthis du Yémen, a-t-il également déclaré, sans plus de précisions, « Israël agira ».