L’affaire urge-t-elle à ce point ? Nul n’en doute au regard des projections liées à l’alimentation d’au moins 6,7 millions d’habitants en eau potable au niveau du Grand Casablanca, Berrechid-Settat et El-Jadida Azemmour et permettre l’irrigation de quelque 8.000 hectares de terres agricoles d’ici 2026. Mais pour M. Baitas, qui répondait aux questions des journalistes lors du point de presse tenu jeudi à l’issue de la réunion du Conseil de gouvernement, l’affaire doit être lue autrement. « Nous avons identifié une problématique majeure relative à la station de dessalement d’eau de Casablanca : sa mise en service a subi un retard considérable. Si cette installation avait été opérationnelle dans les délais impartis, il est fort probable que les vastes ressources financières actuellement allouées pour l’autoroute de l’eau auraient pu être réinvesties dans d’autres projets pertinents. Ainsi, le cœur du problème réside dans le fait que cette station n’a pas été achevée dans les délais prévus », serine-t-il, sans déciller, le moins du monde. Et on pourrait même ne pas lui tenir rigueur de ne pas aller au fond des choses. D’abord parce qu’il ne saurait s’attaquer de front à la lancinante question charriée par le conflit d’intérêt qui met Aziz Akhannouch dans le box des accusés. Le projet de 11 milliards de dirhams est porté par un consortium composé d’Acciona, Green of Africa (GOA) et Afriquia Gaz. Quelque 6,5 milliards de dirhams iront à la composante usine de dessalement, qui, de surcroît, utilisera la technologie d’osmose inverse. En plus de cela, le projet comprend des conduites d’amenée d’eau de mer longues de 1.850 ml et un émissaire de rejet de 2.500 ml, ainsi qu’une unité de traitement des boues. La mise à disposition de 300 millions de mètres cubes d’eau répondrait aux besoins en consommation, tandis 50 autres millions seraient réservés à l’irrigation des terres arables.
On se saurait alors parler d’’usine à gaz à ce sujet quand bien même le chef de l’Exécutif jure, la main sur le cœur, qu’il ne gère plus le conglomérat qui lui a permis d’être classé par Forbes parmi les grandes fortunes du pays. M. Baitas ne peut cracher dans la main qui le nourrit !
Ensuite, parce que son noviciat est capable de lui jouer de mauvais tours, M. Baitas n’a découvert les atours de la haute fonction publique qu’à la lumière des élections de 2021 qui ont porté le RNI, formation qui le couve, à la tête de la coalition aux affaires. Mais s’il n’était pas dans le secret des Dieux, il ne saurait faire du passé table rase : A. Alkhannouch a squatté le ministère de l’Agriculture 14 ans durant, années rythmées, il faut en convenir, par la donne climatique et ses mauvais tours !
S’il est facile d’évoquer le retard dans la réalisation de ce projet et les effets induits, rien ne prédestine M. Baitas à s’acharner à défendre l’indéfendable. Faut-il craindre que le projet finisse par tomber à l’eau alors qu’il est prévu, dans première phase prévue pour, d’injecter vers la fin 2026, pas moins de 548.000 m³ d’eau par jour, soit l’équivalent de 200 millions m³ par an, avant d’atteindre sa pleine capacité de 822.000 m³/jour d’ici mi-2028 ? Voilà la question fondamentale à aborder. Surtout que ledit consortium choisi pour la réalisation de la plus grande station de dessalement du Continent n’a pas l’expertise nécessaire.
A l’impossible, nul n’est tenu…