Lors de la séance hebdomadaire des questions orales, les parlementaires du PJD ont mis à l’index, lundi dernier, le ministère de l’Agriculture, estimant que ce dernier a « étouffé » l’ensemble des secteurs vitaux qu’il chapeaute, en y favorisant une concentration des pratiques corruptives. Un constat sans appel qui , d’urgence, incite à la révision en profondeur des mécanismes de gouvernance du secteur halieutique.
Le PJD n’a pas manqué de souligner ce qu’il qualifie de « paradoxe absurde » : malgré ses 3.500 kilomètres de côtes, le Maroc affiche des prix de poisson à la consommation bien supérieurs à ceux pratiqués dans des pays enclavés, sans accès ni à la mer ni à des ressources hydriques importantes. Le cas emblématique de la sardine, vendue à 30 dirhams le kg, a été mis en avant pour illustrer l’incohérence du système actuel.
« Comment justifier une telle flambée des prix alors que nous disposons de ressources halieutiques abondantes ? », s’est interrogé un député du parti, évoquant une gestion orientée plutôt vers l’export au détriment des besoins du consommateur marocain.
Le PJD a par ailleurs révélé que près de 500.000 tonnes de poisson sont détournées annuellement de la consommation humaine pour être transformées en aliments pour bétail, chiffre qui à lui seul illustre le gaspillage organisé d’une ressource stratégique.
Dans ce contexte, la deuxième phase de la Stratégie Halieutis (2020-2030), censée moderniser et structurer le secteur, fait l’objet de vives critiques. Le PJD dénonce un manque de transparence quant à sa mise en œuvre, son impact réel sur les réserves halieutiques, et les bénéficiaires de ses retombées économiques.
Autre fait relevé par le groupe parlementaire a trait, lui, aux pressions exercées sur certains responsables intègres du secteur de la pêche qui auraient été sanctionnés pour avoir accompli leur mission avec professionnalisme et rigueur. Ces représailles illustreraient, selon le PJD, l’état de dérive institutionnelle que connaît le secteur.
Face à cette situation jugée alarmante, appel est ainsi fait pour la création de commissions nationales indépendantes chargées d’évaluer de manière rigoureuse l’état des stocks halieutiques, tout en plaidant pour le renforcement des dispositifs de contrôle maritime à l’aide de technologies avancées. En outre, le PJD réclame une révision en profondeur du régime des licences de pêche accordées aux grands navires, avec l’instauration de critères stricts visant à protéger la durabilité des ressources marines.
Privilégier l’exportation et l’entrée de devises au détriment de la souveraineté alimentaire des Marocains est une équation dont les termes sont déséquilibrés. Une orientation stratégique jugée périlleuse à l’heure où la sécurité alimentaire s’impose comme un enjeu national majeur, estime, enfin, le PJD.