C’est la première fois depuis quatre ans que les ministres des Affaires étrangères russe et américain vont se retrouver à la conférence ministérielle de l’OSCE, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Et ils se parleront en marge de la rencontre. Mais ce rendez-vous intervient dans un climat extrêmement tendu.
Au cours de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Otan à Riga, à la veille de sa rencontre avec son homologue russe, le secrétaire d’État américain a accusé Moscou de réunir « des dizaines de milliers [de soldats] de forces de combat supplémentaires » près de la frontière avec l’Ukraine. « Nous sommes profondément préoccupés par les preuves que de la Russie prépare d’importantes actions agressives contre l’Ukraine, a déclaré A. Blinken. Ces plans incluent des efforts pour déstabiliser l’Ukraine de l’intérieur, ainsi que des opérations militaires à grande échelle. » « Alors nous ne savons pas si le président Poutine a décidé d’une invasion, a poursuivi le chef de la diplomatie américaine. Mais nous savons qu’il prend des dispositions pour le faire rapidement s’il le décide. Donc malgré les incertitudes sur les intentions et le calendrier, nous devons nous préparer à toutes éventualités tout en veillant à ce que la Russie fasse marche arrière. » Les États-Unis promettent de faire payer à la Russie « un prix élevé » si elle passe à l’acte, dressant la perspective de sanctions économiques douloureuses. « Nous avons clairement fait savoir au Kremlin que nous répondrons résolument, y compris par des mesures économiques à fort impact que nous nous sommes abstenus d’utiliser jusqu’ici », a prévenu A. Blinken.
Le chef de la diplomatie US a insisté sur le fait que « la diplomatie est la seule manière responsable de résoudre cette crise potentielle. La voie la plus sûre pour la diplomatie, c’est que la Russie et l’Ukraine reprennent le dialogue dans le cadre des accords de Minsk qui visent à mettre fin au conflit armé dans l’est de l’Ukraine. »
Les alliés occidentaux de Kiev tirent la sonnette d’alarme depuis le mois dernier concernant un nouveau renforcement des troupes russes aux frontières de l’Ukraine et une éventuelle invasion hivernale.
En face, Moscou, qui est accusé de soutenir les séparatistes qui combattent Kiev, a nié préparer une attaque et reproche en retour à l’Otan d’attiser les tensions.
Lors d’une conférence de presse organisée à Moscou mercredi, Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a réagi aux récentes déclarations du président ukrainien Volodymyr Zelensky qui a affirmé le même jour qu’il était impossible de mettre fin à la guerre dans le Donbass «sans négociations directes» avec la Russie.
Interrogé sur le fait de savoir si la Russie était prête à participer à de telles négociations, D. Peskov a déclaré sur un ton ferme que contrairement aux assertions occidentales, la Russie n’était pas «partie prenante» de la guerre dans le Donbass. Pour lui, la guerre en Ukraine est un conflit purement «intérieur», «une guerre civile». «Nous sommes conscients des tentatives de présenter la Russie comme partie prenante de ce conflit. Ce n’est pas le cas», a-t-il ajouté. Selon le porte-parole du Kremlin, la mise en place de négociations entre les Ukrainiens est le «seul moyen» de mettre fin à la guerre dans le Donbass.
D. Peskov a expliqué que la Russie faisait «tout son possible pour aider l’Ukraine […] à résoudre la crise dans le Donbass. Et de préciser que «la Russie poursuit son travail [de négociation] conformément au cadre du « format de Normandie », elle maintient son engagement en faveur […] des accords de Minsk et attend – avant tout dans un but de résolution du conflit – que Kiev respecte tous ses engagements.»
D’après une information rapportée par l’AFP, le président ukrainien a appelé le 1er décembre à des «négociations directes» avec la Russie pour mettre fin au conflit dans le Donbass. Ces déclarations interviennent dans un contexte tendu alors que Kiev accuse Moscou de préparer une invasion. Le 26 novembre, V. Zelensky avait déclaré avoir reçu des informations concernant un coup d’Etat en Ukraine. Le président ukrainien avait ainsi affirmé que «certains représentants de la Russie» étaient impliqués dans les discussions concernant ce coup d’Etat. Le Kremlin avait immédiatement balayé ces accusations.
Selon l’AFP, l’Ukraine et l’Otan s’inquiètent depuis plusieurs semaines du renforcement du potentiel militaire russe aux frontières ukrainiennes. Lors d’une réunion de l’Otan le 1er décembre à Riga, en Lettonie, Dmytro Kouleba, chef de la diplomatie ukrainienne a demandé la mise en place d’un «paquet de dissuasion» contre Moscou. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a de son côté estimé qu’il fallait rendre «clair que toute agression contre l’Ukraine serait suivie d’une réponse ferme».
Toujours selon l’AFP, la Russie a répliqué en accusant l’Ukraine de «renforcer ses capacités militaires, en transférant des équipements lourds et du personnel» dans l’est du pays. Selon Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Kiev a récemment déployé 125 000 soldats, soit près de «la moitié des forces armées ukrainiennes». Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a fustigé le 1er décembre la «politique destructrice» des pays de l’Otan qui «cherchent à attirer l’Ukraine dans leur orbite et à la transformer en pays antirusse». Moscou reproche notamment à l’Otan d’avoir fourni des armes à l’Ukraine, et d’avoir mené récemment des manœuvres militaires en mer Noire. S. Lavrov a averti que la Russie était prête à «répondre à toute démarche inamicale».
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