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Rush migratoire sur Lampedusa : Berlin sanctionne Rome

Aux portes de l’Europe, Lampedusa est à bout de souffle. Les débarquements y sont incessants. Un nombre records de plus de 7 000 personnes est arrivé sur l'île italienne ces deux derniers jours.
Rush migratoire sur Lampedusa : Berlin sanctionne Rome

« Nous avons atteint un point de non-retour et l’île est en crise ». Filippo Mannino, maire de Lampedusa, a décrit de la sorte la gravité de la situation sur place et justifier sa décision, mercredi soir, de décréter l’état d’urgence. Il appelle dans le même temps l’État italien et l’Europe à lancer des « opérations de soutien et d’évacuation rapide ». Ce que Berlin décline.

Entre mardi et mercredi, plus de 7 000 personnes, parties de Libye et de Tunisie dans des centaines d’embarcations, sont arrivées spontanément ou via les gardes-côtes, dans le port de Lampedusa. Du jamais vu en si peu de temps sur la petite île où la situation est décrite comme « chaotique » et « apocalyptique » par la presse italienne et le prêtre de l’île.

Des tensions ont éclaté entre exilés et forces de l’ordre mercredi soir sur le port et le centre d’enregistrement de Lampedusa déborde. Ils y sont plusieurs milliers à y être pris en charge par la Croix-Rouge italienne en attendant les transferts prévus sur le continent, le « hotspot » héberge dix fois plus de migrants que de places disponibles.

Plusieurs ministres italiens ont réagi, comme Matteo Salvini, voyant dans ces arrivées massives « un acte de guerre » contre l’Italie. Le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani alerte sur une crise migratoire que ne fera qu’empirer ces prochains mois. Tous lancent d’une même voix un nouvel appel à une action européenne pour ne pas laisser l’Italie seule face à cette urgence. Pour Giorgia Meloni, cheffe du gouvernement d’extrême droite, la situation à Lampedusa confirme que la priorité est bien d’empêcher les arrivées en Italie plutôt que de gérer la répartition des demandeurs d’asile entre pays européens.

Située à moins de 150 km des côtes tunisiennes, Lampedusa est l’un des premiers points d’escale pour les migrants traversant la Méditerranée. Selon l’agence de l’ONU pour les migrations, plus de 2 000 personnes sont mortes cette année lors de la traversée entre l’Afrique du Nord, l’Italie et Malte. La dernière victime connue est un bébé de cinq mois, qui serait tombé à l’eau tôt mercredi alors qu’il faisait partie d’un groupe que l’on ramenait sur le rivage.

A rappeler que l’Allemagne a suspendu « le mécanisme volontaire de solidarité européenne » qui prévoient l’accueil par les pays du Nord de migrants. Cette suspension « jusqu’à nouvel ordre » concerne le « mécanisme volontaire de solidarité européen » qui organise une relocalisation des demandeurs d’asile à partir du pays d’arrivée dans l’Union européenne (UE) vers d’autres États membres volontaires, afin de soulager des États qui sont des portes d’entrée vers l’Europe.

Dix mille migrants arrivés sur les côtes sud de l’Europe (Grèce, Italie, Espagne) devaient, grâce à ce dispositif, être transférés dans d’autres pays sur une base volontaire. Jusqu’à 3 500 devaient être pris en charge par l’Allemagne. Cet objectif a été atteint pour moitié, soit plus que dans d’autres pays. 

Mais pour Berlin, ce mécanisme de solidarité volontaire doit aller de pair avec un contrôle plus strict des migrations secondaires illégales vers l’Allemagne et une application des règles de Dublin qui prévoient que le pays d’arrivée d’un migrant doit traiter sa demande d’asile. Si la personne intéressée se rend dans un autre pays européen, elle doit pouvoir être renvoyée dans ce pays compétent pour gérer son dossier.

L’Allemagne a formulé 12 000 demandes de renvois à l’Italie durant les huit premiers mois de l’année, dix cas ont été acceptés par Rome. L’Allemagne, confrontée à une pression migratoire importante – déjà 200 000 demandes d’asile depuis le début de l’année –, regrette cette absence de coopération et stoppe donc l’accueil volontaire d’autres migrants arrivés en Italie. Malgré tout, l’Allemagne plaide toujours, dans le cadre de la réforme du droit d’asile européen, pour une répartition plus équitable des migrants. 

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