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Riposte iranienne à Israël : L’Occident brandit l’arme des sanctions

Washington travaille sur une nouvelle série de sanctions visant le programme de missiles et de drones iraniens et le Corps des Gardiens de la révolution (CGRI), a déclaré la Maison Blanche. L'UE et le G7 devraient suivre. Le dirigeant turc Erdogan a quant à lui estimé que Benyamin Netanyahou portait la responsabilité de l'escalade.
Riposte iranienne à Israël : L’Occident brandit l’arme des sanctions

« Dans les prochains jours, les États-Unis imposeront de nouvelles sanctions contre l’Iran, notamment son programme de missiles et de drones, et contre les entités soutenant le Corps des Gardiens de la révolution islamique et le ministère iranien de la Défense », a annoncé mardi  Jake Sullivan, conseiller de Joe Biden à la sécurité nationale, avant d’ajouter que Washington s’attendait à ce que ses alliés emboîtent le pas.

Depuis les frappes de l’Iran contre le territoire israélien dans la nuit du 13 au 14 avril, qui étaient une riposte à la destruction par Tsahal du consulat iranien de Damas au début du mois, les capitales occidentales essaient de convaincre Israël de ne pas accentuer l’escalade, tout en soutenant l’État hébreu. L’Occident s’était abstenu de condamner la frappe israélienne en Syrie. Téhéran est déjà soumis à un large éventail de sanctions internationales depuis des décennies, principalement en raison de ses programmes de missiles et d’enrichissement nucléaire, l’Occident soupçonnant l’Iran de tenter secrètement de développer ses propres armes nucléaires – une affirmation que Téhéran a démentie.

Selon J. Sullivan, les nouvelles mesures visent à « contenir et détériorer la capacité et l’efficacité militaires de l’Iran et à faire face à l’ensemble de ses comportements problématiques ». Aussi a-t-il ajouté que le président US avait coopéré avec ses alliés étrangers pour concevoir une « réponse globale » aux actions de Téhéran.

L’Union européenne envisage en effet d’élargir le champ de ses sanctions déjà en place contre l’Iran, a fait savoir le même jour Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’UE. Bruxelles entend aussi viser d’autres types d’armement, comme les missiles, s’ajoutant ainsi aux sanctions déjà adoptées pour interdire l’exportation de l’UE vers l’Iran de composants utilisés dans la fabrication de drones.
Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères en déplacement mercredi en Israël, a plaidé aussi la veille pour de nouvelles sanctions de l’UE après l’attaque iranienne, et David Cameron, l ministre britannique des Affaires étrangères lui aussi en déplacement dans le pays, a plaidé pour que les pays du G7 imposent des « sanctions coordonnées » contre l’Iran.

Dans un message publié le 16 avril sur X, Israel Katz, ministre israélien des Affaires étrangères, a indiqué avoir envoyé des lettres à 32 pays et s’être entretenu avec « des dizaines de ministres des Affaires étrangères et de personnalités du monde entier, appelant à l’imposition de sanctions » visant le projet de missile iranien et à classer le CGRI « organisation terroriste ».

Prenant le contrepied des Occidentaux qui ont condamné l’attaque iranienne, Recep Tayyip Erdogan, président turc qui doit accueillir en fin de semaine Ismaïl Haniyeh, leader du Hamas, a accusé B. Netanyahou d’être « le principal responsable » de l’escalade. La frappe sur le consulat iranien a été « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », a-t-il dénoncé.

Le président russe Vladimir Poutine s’est quant à lui entretenu le 16 avril avec son homologue iranien Ebrahim Raïssi, espérant qu’Israël et l’Iran feraient preuve de retenue et dénonçant l’absence de condamnations occidentales après la frappe par Tsahal du consulat iranien de Damas. Le président iranien a une nouvelle fois réaffirmé, quant à lui, le désintérêt de Téhéran à mener une escalade.
John Kirby, coordinateur des communications stratégiques au Conseil de sécurité nationale des États-Unis, a déclaré que J. Biden a réitéré qu’il « ne voulait pas de plus de guerre avec l’Iran ni d’expansion du conflit ». S’adressant aux journalistes à bord de l’avion présidentiel à destination de la Pennsylvanie, Kirby a indiqué qu’il n’y avait aucune mise à jour sur la réunion concernant Rafah, ajoutant : « Nous espérons toujours organiser un autre tour après la réunion virtuelle et tenir une autre réunion dans les prochains jours ». Dans un contexte similaire, le site internet américain Axios a rapporté qu’Anthony Blinken, secrétaire d’État américain, a informé un groupe de dirigeants juifs américains qu’une « nouvelle escalade avec l’Iran n’était pas dans l’intérêt des États-Unis ou d’ Israël ». Ajoutant que « l’évaluation américaine est que l’Iran répondra à toute frappe israélienne majeure et publique sur son territoire par de nouvelles attaques de missiles et de drones ».

Citant un responsable américain, Axios a affirmé « qu’ il sera difficile de repousser des centaines de missiles et de drones iraniens », soulignant « qu’ Israël en est consciente ». Le site américain avait précédemment indiqué que J. Biden avait informé B. Netanyahu que « les États-Unis s’opposeraient à toute contre-attaque israélienne contre l’Iran », exprimant « sa profonde inquiétude quant au fait que la réponse israélienne à l’attaque iranienne contre Israël conduirait à une guerre régionale avec des conséquences désastreuses ».

Il y a deux jours, des responsables US ont affirmé à NBC qu’ils craignaient qu’Israël ne réplique à l’Iran « de manière imprudente, rapide et sans penser aux conséquences ». Citant un haut responsable américain, la chaîne américaine ABC News a rapporté que « les Etats-Unis s’appuyaient largement sur une perception trompeuse, selon laquelle le Guide suprême de la révolution islamique d’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, serait prudent et n’ordonnerait jamais une attaque directe sur Israël ». ABC News a indiqué que l’attaque iranienne et l’évaluation générale américaine de l’Iran nécessitent désormais « une étude et une réévaluation ».

Citant un ancien responsable du Mossad, la même source a signalé que « l’évaluation d’Israël était erronée » et « les règles du jeu ont changé », ajoutant: « Ils considéraient qu’une énorme salve de missiles était possible, mais très improbable ».

Plus tôt dans la journée, le journal Israel Hayom a signalé dans un article que « l’attaque nocturne de l’Iran est un rappel brutal de la perte de  dissuasion stratégique pour Israël et les États-Unis » estimant qu’elle « a créé une opportunité de changer la donne géopolitique au Moyen-Orient ». Dans le même contexte, le Yedioth Ahronoth a affirmé que « la nuit de la réponse iranienne au ciblage du consulat de Damas était une farce stratégique » pour l’occupation.

L’Institut israélien d’études sur la sécurité nationale a déclaré « qu’ Israël et les États-Unis n’ont pas réussi à dissuader l’Iran d’attaquer, car les Iraniens ont pu nuire à Israël, sans obliger Washington à répondre et à coopérer avec Tel Aviv ».

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