Le Parlement indien débat d’une motion de censure contre le gouvernement Narendra Modi. Le parti d’opposition du Congrès, mené par R.Gandhi, a lancé le débat pour forcer le chef du gouvernement à s’exprimer concernant des mois de conflit ethnique meurtrier dans l’État du Manipur. Au moins 120 personnes ont été tuées dans cet État depuis mai lors d’affrontements armés entre la majorité hindoue Meitei et la communauté chrétienne Kuki. Des soldats ont été dépêchés depuis d’autres régions de l’Inde pour mettre fin aux violences. Un couvre-feu et une coupure d’internet restent en vigueur dans la majeure partie de l’État. « Vous jetez du kérosène dans tout le pays. Vous avez jeté du kérosène à Manipur et allumé une étincelle », a déclaré R. Gandhi, sous les acclamations de ses partisans et les huées de ses rivaux. « Vous êtes déterminés à brûler le pays tout entier. Vous êtes en train de tuer l’Inde mère », a-t-il ajouté.
Le Bharatiya Janata (BJP), parti nationaliste hindou de Narendra Modi, détient une large majorité de 303 sièges sur 543 à la chambre basse et devrait contrecarrer sans difficulté le vote de défiance. Il est régulièrement accusé d’alimenter les divisions à des fins électorales. « L’armée indienne peut ramener la paix en un jour, mais vous ne le faites pas (…) Si Narendra Modi n’écoute pas la voix de l’Inde, alors quelle voix écoute-t-il ? », a critiqué R. Gandhi dans un discours enflammé. Ce descendant de la dynastie politique des Gandhi, a été réintégré lundi au parlement après la suspension par la Cour suprême de sa condamnation pour diffamation suite à des commentaires critiquant N.Modi. Le chef du parti du Congrès, âgé de 53 ans, avait été condamné le 23 mars à deux ans de prison pour diffamation envers N. Modi, en raison de propos tenus lors d’une campagne électorale en 2019. Il avait alors déclaré que « tous les voleurs ont Narendra Modi comme nom de famille ».
Le Congrès était autrefois la force dominante de la politique indienne, mais R. Gandhi a perdu deux élections face à N. Modi et son parti nationaliste hindou. Le parti du Congrès, affaibli, tente de former une grande coalition avec des partis d’opposition régionaux disparates dans la perspective des élections nationales de 2024, afin de défier N. Modi qui espère remporter son troisième mandat consécutif.
L’État de l’Haryana a subi la semaine dernière des violences religieuses entre hindous et musulmans, et comme mesure punitive, le gouvernement nationaliste hindou a immédiatement lancé la démolition de centaines de maisons et commerces dans ce district à forte concentration de musulmans.
Au total, 400 maisons et commerces ont été détruits en quatre jours, à coups de bulldozer, dans le district de Nuh secoué par les affrontements religieux. Le ministre régional de l’Intérieur appelle cela le « traitement » contre ces violences. Un traitement arbitraire, car les habitants affirment n’avoir reçu aucune information préalable, comme la loi l’oblige si ces bâtiments étaient illégaux, et surtout car aucune Cour n’a prouvé le lien entre leurs résidents et ces violences, et encore moins autorisé une telle punition collective.
Mais c’est surtout le message qui est effrayant : les résidents touchés sont principalement des musulmans, alors que l’essentiel des hindouistes impliqués dans les violences venaient de l’extérieur de ce district, et leurs maisons auraient donc été moins ou pas touchées. C’est pour cela que la Cour régionale a ordonné la suspension de ces démolitions, craignant un « nettoyage ethnique ».
Mais ce cas n’est pas un cas isolé puisque cette même technique du bulldozer est utilisée dans d’autres États dirigés par les hindous, pour donner l’image d’une justice expéditive, surtout quand les accusations portent sur des musulmans.