Certes, il s’agit d’un optimisme prudent qui engage les dirigeants au Maroc à continuer à renforcer leur résilience tout en transformant leur entreprise à travers notamment l’adoption de nouvelles technologies, des investissements pour renforcer la résilience opérationnelle, l’optimisation des coûts et l’atténuation des risques de changement climatique, indique l’édition Maroc de la 26ème CEO Survey menée par PwC auprès de 4.400 dirigeants dont près de 50 CEO au Maroc.
De cette enquête, il en ressort aussi que les dirigeants interrogés dans le cadre de cette étude ont une vision pessimiste des perspectives de l’économie mondiale, 80 % des dirigeants marocains, contre 73% au niveau mondial, s’attendent à une baisse de la croissance mondiale au cours des 12 prochains mois.
Cette étude visant à dévoiler les défis et les perspectives des dirigeants marocains à court et moyen terme, révèle également que 44% des dirigeants considèrent que leur entreprise ne sera économiquement pas viable dans une décennie si elle ne se transforme pas. Il s’agit de la transformation à travers, entre autres, l’adoption de nouvelles technologies, le capital humain et l’efficience opérationnelle.
S’exprimant à cette occasion, Reda Loumany, Associé Gérant de PwC Maroc, a fait observer que “les crises récurrentes sont aujourd’hui saisies par nos dirigeants comme des accélérateurs de changement et de transformation de leur entreprise. De même que les facteurs plus structurels, notamment le changement climatique, sont à appréhender dans une approche plus globale de développement durable et représentent autant un défi que des opportunités de croissance pour notre économie nationale”. Et d’ajouter que tout cela s’intègre parfaitement avec les réformes entreprises dans le cadre de la mise en œuvre du Nouveau Modèle de Développement du Royaume. “L’un des éléments qui ressort le plus dans cette étude, est la confiance des dirigeants dans leurs entreprises, tout en ayant une confiance faible voir relative, quant à la capacité des Etats à créer les conditions de la croissance”, a-t-il souligné.
Pour sa part, Jonathan Le Henry, Associé de Strategy& (l’entité de conseil en stratégie de PwC) au Maghreb, a fait savoir qu’il existe un paradoxe, qu’est le décrochage du niveau de confiance des dirigeants dans l’économie mondiale et marocaine et une confiance persistante dans la capacité de leurs entreprises à croître dans ce même contexte. Selon lui, la pandémie mondiale avait fait office de “stress-test” pour les entreprises et avait précipité la mise en place de grands chantiers de transformation, ce qui amène les entreprises désormais à accélérer cette dynamique de transformation pour continuer à croître en période de turbulence économique.
De son côté, Assia Benhida, Associée PwC au Maroc, ESG Leader Maghreb, a expliqué que les enjeux de développement durable, dits “ESG” (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) sont un sujet majeur à intégrer dans les stratégies d’entreprises et une exigence à tous les niveaux, qui répond à une attente forte des parties prenantes de l’entreprise. Que ce soit au Maroc ou à l’échelle mondiale, les dirigeants doivent composer avec de nombreux risques qui viennent bouleverser leurs perspectives de croissance. L’inflation, la volatilité macroéconomique et les conflits géopolitiques sont en tête des préoccupations des dirigeants. En termes d’éléments pouvant impacter la rentabilité de leur entreprise au cours des dix prochaines années, l’étude CEO Survey Maroc a démontré que 67% des dirigeants ont exprimé en premier lieu l’évolution de la demande et des préférences des consommateurs ainsi que les évolutions réglementaires.
S’agissant du climat économique actuel, 56 % des dirigeants au Maroc, contre 52% dans le monde déclarent réduire leurs coûts d’exploitation, tandis que 47% augmentent les prix et 49% diversifient leurs offres de produits et services. Cependant, 67% des chefs d’entreprises entendent ne pas prévoir pas de réduction des effectifs au cours des douze prochains mois et 89 % indique qu’ils n’envisagent pas de réduire les rémunérations et ce afin de retenir les talents et d’atténuer les taux d’attrition de la main-d’œuvre.
En ce qui concerne la pérennité de l’entreprise, les répondants ont affirmé qu’ils doivent également investir dans leurs programmes de transformation des ressources humaines et technologiques. En effet, 71% des dirigeants parient en premier lieu sur la montée en compétences de leurs collaborateurs, l’automatisation des processus (67 %) et le déploiement technologique (Cloud, AI et autres technologies émergentes) (53 %). Bien que 58% considèrent que la transition énergétique est un élément important à prendre en compte à l’avenir, 29% affirment avoir déjà mis en œuvre des initiatives visant à réduire les émissions de gaz à effet de serres (GES) de leur entreprise, tandis que 20% envisagent ces mesures à court ou moyen terme.