Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a demandé vendredi le «retour immédiat» du gouvernement civil au pouvoir, à Khartoum, après le putsch du 25 octobre, qui a vu l’armée saisir les rênes du pays et limiter les droits de l’homme. La résolution -adoptée par consensus- condamne également «la détention injuste» du Premier ministre Abdallah Hamdok ainsi que d’autres responsables et demande que les militaires «remettent immédiatement en liberté (…) tous les individus détenus illégalement et arbitrairement».
Selon une annonce diffusée dans la soirée du jeudi 4 novembre par la télévision d’État, Hamza Baloul, ministre de l’Information et de la Culture, Hachem Hassab al-Rassoul, ministre des Télécommunications, Ali Jeddo, ministre du Commerce, et Youssef Adam, de la Jeunesse et des Sports, vont être relâchés. Aucune date pour leur libération effective n’a été précisée. Dans la nuit de jeudi à vendredi, plusieurs heures après l’annonce, il n’y avait toujours aucun signe de leur libération.
D’après des observateurs de la chose soudanaise, le général Abdel Fattah al Burhan cherche à « faire bonne figure devant les médiateurs internationaux », mais jette « de la poudre aux yeux ». Les opposants au putsch estiment que si ces quatre libérations se confirment, elles sont loin d’être suffisantes, alors la plupart des représentants civils du gouvernement dissous par les militaires sont toujours sous les verrous. Certains font face à des poursuites pénales, affirme un diplomate soudanais.
Jeudi soir, plusieurs sources concordantes confirmaient de nouvelles arrestations à Khartoum, notamment celle de l’avocat Taha Osman, membre du comité de démantèlement du régime d’Omar el-Béchir, ainsi que celles de deux membres du parti du Congrès soudanais : Sherif Mohammad Othman et Hamza Farouk.
Les arrestations se multiplient à travers le pays depuis le putsch du 25 octobre. Politiciens, militants, avocats, notamment au Darfour, sont jetés en prison sans autre forme de procès.
Il y a lieu de signaler qu’un entretien téléphonique a eu lieu entre Antonio Guterres, Patron de l’ONU, et le général al-Burhan qui a également discuté avec Antony Blinken, secrétaire d’État US. A l’instar d’A. Guterres, le chef de la diplomatie américaine a exhorté le général « à libérer immédiatement toutes les personnalités politiques détenues depuis le 25 octobre ». Il l’a également appelé « à retourner à un dialogue ramenant le Premier ministre Hamdok dans ses fonctions ». A. Blinken a aussi pu s’entretenir avec Abdallah Hamdok.
En attendant, d’intenses négociations se poursuivent à Khartoum pour la formation prochaine d’un gouvernement. Les spéculations vont bon train, mais pour le moment, aucun accord n’a encore été trouvé entre civils et militaires. Et dans les rues, les comités de résistance annoncent une nouvelle journée de mobilisation prévue dimanche 7 novembre.