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Protection des deniers publics : Lorsque A. Ouahbi dénonce « le chantage » des ONG…

Rien ne semble arrêter Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice. Il vient de mettre à l’index des associations de protection des deniers publics, en les accusant (rien que ça !) de «faire chanter» d'anciens ministres et président de communes. Une généralisation qui ne passera pas auprès de nombre d’ONG qui résument les envolées lyriques en un dicton fort révélateur : « lorsqu’on veut tuer son chien, on l’accuse de rage ».

«Donnez-moi des associations non corrompues de protection des deniers publics et je leur donnerai toutes les prérogatives», a entonné A. Ouahbi, à la Fondation Fqih Tetouani, pour se donner bonne conscience. Car le ministre de la Justice

A à cœur de voir que des ONG «demandent de l’argent sous peine de porter plainte contre» ces responsables. «Il y a des associations qui s’allient avec des partis et font chanter les présidents de communes», a-t-il ajouté.

Dans son réquisitoire, le ministre feint-il d’oublier qu’il ne suffit pas pour un responsable gouvernemental, et surtout dans son cas, de faire le bilan plus qu’il n’est dans l’obligation de réagir contre toute injustice, et le cas échéant, de sévir. Un ripoux reste un ripoux quel que soit le bord à partir duquel il cherche à s’engraisser au détriment de l’intérêt général.

Face à une situation délétère, le ministre va plus loin en assurant que «nous n’avons pas trouvé de personnes pour assumer des responsabilités» au sein de l’administration publique. Les candidats ont peur de « signer », a-t-il lâché. Faut-il dès lors sacrifier le sacro-saint principe de reddition des comptes pour que rétablir les choses à l’endroit ?

A. Ouahbi s’est même livré à une démonstration en livrant l’exemple d’un président de commune qui, sous la pression d’un quelconque impératif, passe un marché sans observer les conditions légales exigées. Aux yeux du ministre, l’édile «peut intervenir pour mettre en œuvre une route afin de sauver une zone des inondations et, partant, des vies, et sous la pression du moment, faire usage d’un faux accord pour qu’une certaine entreprise puisse terminer la route»… Mais cela ne l’empêchera pas de tomber sous le coup d’une plainte pour dilapidation des deniers publics. Dès lors, assure A. Ouahbi, «des communes deviennent sous la merci de ces ONG».

«Dans ce cas de figure, il y a deux solutions pour arrêter l’extorsion des associations de protection des deniers publics des élus : soit les empêcher de porter plainte, soit leur permettre de porter plainte, mais que le verdict de l’accusé innocente l’élu alors que l’ONG pourra être poursuivie », a-t-il soutenu.

Le ministre de la Justice a choisi de mener la charge contre les ONG de protection des deniers publics en avril dernier  à la Chambre des conseillers. En faisant valoir qu’il entend en «finir avec les plaintes déposées par les associations de défense des biens publics contre des présidents des communes soupçonnés de corruption» et ce, à travers un amendement à la procédure pénale visant à charger en exclusivité le ministère de l’Intérieur de la compétence d’ester les élus en justice.

La polémique a depuis tellement enflé qu’une manifestation a été organisée le même mois par l’Association marocaine de protection des biens publics (AMPBP), devant le ministère de la Justice. Et la fièvre est loin d’être tombée puisque la semaine dernière, l’Association marocaine de lutte contre la corruption (Transparency Maroc) a dénoncé les dérives du ministre en affirmant qu’il s’agit-là d’«un nouvel indicateur qui confirme l’absence de volonté politique du gouvernement pour lutter contre la corruption».

Gageons que les récents propos d’A. Ouahbi ont de quoi entretenir le feu… Surtout que la charge du ministre généralise les torts à tous les acteurs qui luttent contre la corruption et pour la préservation des deniers publics.

 

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