M.M. Bensaid a choisi de défendre l’indéfendable devant l’instance législative du pays en affirmant, devant les députés, que la création de cette commission provisoire répondait au souci de résoudre la problématique institutionnelle posée par le Conseil national de la presse (CNP). Il a signalé que la commission provisoire a été créée avec le projet de loi 15-23 dans l’idée de répondre au problème institutionnel posé par le CNP. Le gouvernement veille depuis le début de son mandat à assurer la continuité des institutions », a-t-il soutenu. S’érigeant en défenseur de la légalité, il a justifié sa démarche, devant les membres de la Commission de l’éducation, de la culture et de la communication, en assurant que « ce texte de loi, qui intervient suite à l’impossibilité d’organiser des élections en dépit du prolongement exceptionnel du mandat du CNP, cherche à éviter la non-conformité des décisions issues de ce Conseil avec la loi », a-t-il expliqué.
Cette commission provisoire aura plusieurs missions, a-t-il a noté, expliquant qu’elle durera 9 mois à compter de la date de nomination de ses membres. Elle devra dresser l’état des lieux du secteur de la presse et de l’édition et aussi que de proposer des mesures portant sur la consolidation de sa structure organisationnelle, le renforcement des liens de coopération entre l’ensemble des composantes du secteur de la presse et de l’édition ainsi que la préparation de l’élection de nouveaux membres du CNP, conformément à la loi en vigueur et dans les délais réglementaires.
Selon les dispositions de ce projet de loi, la Commission provisoire chargée des affaires de la presse et de l’édition est composée du président sortant du CNP, du vice-président sortant, du président sortant de la commission de la déontologie et des affaires disciplinaires et du président sortant de la commission de la carte de presse professionnelle. La Commission provisoire comprend aussi trois membres nommés par le Chef du gouvernement en considération de leur expérience et leur compétence dans le domaine de la presse et de l’édition, un magistrat et un représentant du Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH). Quant au représentant du ministère de tutelle, il est autorisé à assister aux réunions de ladite commission à titre consultatif.
Face aux critiques exprimées à ce sujet par l’opposition, réfractaire à la création de cette commission temporaire, le ministre a affirmé que depuis 1 an et demi, le ministère a tenté en vain « de rapprocher les points de vue et de concilier les idées (…) Nous avons pris l’initiative afin que le conseil puisse continuer à jouer son rôle. Jusqu’à présent, je n’ai entendu aucune alternative, et sans l’alternative proposée par le gouvernement, le conseil se serait arrêté. En assumerez-vous la responsabilité ? », a-t-il relevé en défiant ses détracteurs. Tentant de se justifier, M.M Bensaid a usé de faux fuyants. « Mon parti n’est pas concerné par la manière dont ce conseil est constitué, et nous n’étions pas dans la majorité lors du précédent mandat gouvernemental », a-t-il assuré. Et embrayer sur le fait que « tout le monde s’accorde à dire qu’il y a un vide juridique, et d’autre part ils réclament l’indépendance et me demandent d’organiser les élections ». Pourtant, dérapages il y a eu dans la gestion de ce dossier. En tête desquels figure, bien entendu, la violation de prescriptions édictées par la Constitution. D’où la pertinence de l’argumentaire développé par tous ceux qui fustigent un retour programmé sur les acquis démocratiques. Si le gouvernement était animé de bonne volonté, il ne choisirait pas l’extension du mandat d’un CNP enkysté dans la bureaucratie et paralysé par les liens de vassalité… Il aurait pu faire confiance aux gens des médias pour gérer en interne les clivages qui ont conduit au blocage actuel. Tout en remettant à plat le chantier du soutien de l’Etat aux médias qui, selon toute vraisemblance, agite le marigot où survivent bien des rentiers aux accointances bien établies. Nul besoin de rappeler à ce sujet qu’il s’agit-là de bien des dizaines de millions de dirhams de deniers publics distribués « à la tête du client ». Sans autre forme de procès. Le mieux indiqué pour l’Etat, en mal de liquidités, serait de faire l’économie de ce prétendu soutien qui prend les allures d’une prime à la médiocrité. A charge pour l’Exécutif de revenir sur les décisions ayant privé les établissements publics de budgets de communication tout en asséchant, au passage, les ressources qui faisaient vivre les entreprises de presse en captant une partie de ces ressources somme toute naturelles.