Ce sinistre plan stipule, d’après les médias israéliens, de confisquer la région centrale et nord de la mosquée Al-Aqsa, en particulier celle de la zone du Dôme du Rocher, et de laisser aux musulmans le droit de prier à l’intérieur et autour de la mosquée al-Qibli dans la région sud. Le projet de Halevi s’efforce de se référer à ce qu’il considère être la redéfinition islamique de la mosquée Al-Aqsa : elle ne comprendrait que le bâtiment qui inclut exclusivement la salle de prière d’al-Qibli. Selon lui, la sanctification par les musulmans de tout ce qui se trouve autour de la mosquée est une « conspiration visant à priver les Juifs de leur sacro-saint », étant donné, d’après lui que « ce qui est sacré de point de vue islamique est cette mosquée construite exclusivement dans le sud, mais le reste ne l’est pas ».
Le plan Halevi prévoit aussi la suppression de la « tutelle de la Jordanie » sur la mosquée Al-Aqsa, qui lui a été consacrée après des accords politiques.
Les observateurs palestiniens contatent que le plan Halevi est le troisième qui vise à diviser al-Aqsa. Selon l’agence palestinienne Quds, le premier qui date de l’an 2008 préconisait le découpage de la place sud-ouest. Il a échoué grâce aux sit-in organisés par les Jérusalémites. Le second, en 2019, suggérait de découpage de la place orientale et de la salle de prière Bab al-Rahma fermée depuis de longues années. En février 2019, des milliers de Palestiniens avaient pendant près d’un mois effectué la prière dans l’entourage de cette salle, obligeant les autorités de l’occupation à l’ouvrir après 16 années de fermeture.
Interrogé par l’agence Quds, Ziyad Abhis, spécialiste des affaires de la ville d’al-Qods, estime que les autorités de l’occupation veulent ronger plus de 70% de la superficie de la mosquée al-Aqsa depuis la cour de la mosquée du Dôme du Rocher jusqu’au nord, et d’ouvrir toutes les portes aux incursions des colons pour y accomplir des prières talmudiques.
Mêmes appréhensions chez Nasser al-Hadmi, chef de la Commission jérusalémite contre la démolition et le déplacement, selon lequel le projet de loi destiné à diviser la sainte mosquée Al-Aqsa est « une affaire très dangereuse ».
« Ceci signifie que l’occupation estime qu’il est de son droit de décider du sort de la mosquée, sans égards pour personne d’autre », a-t-il fait remarquer, ce qui sape les accords conclus avec la Jordanie. « Il existe des résolutions internationales qui précisent que la mosquée d’al-Aqsa est délimitée par la muraille qui l’entoure, (sur une superficie évaluée) à 144 dunums », a insisté N. Al-Hadmi.
« Cet épisode dans le processus de judaïsation de la mosquée bénie d’al-Aqsa, voire de la détruire vient n’est pas une nouveauté en soi. L’idée de démolir la mosquée al-Aqsa pour construire à sa place le temple légendaire n’est pas née de ce gouvernement le plus extrémiste. Elle a été conçue bien avant l’établissement de l’État d’occupation voire avant 1900 par ceux qui ont choisi la Palestine pour être l’État des Juifs », a-t-il souligné.
Depuis plusieurs années, l’occupation israélienne permet de plus en plus d’incursions de colons dans ce lieu saint, sous l’escorte de gardes-frontières et policiers. En 2009, 5 658 colons sont entrés dans la mosquée avec de telles incursions, alors qu’en 2019, juste avant la pandémie de Covid-19, le nombre est passé à 30 000, rapporte le quotidien israélien Haaretz, selon lequel entre 2015 et 2021, le nombre d’incursions de colons a été multiplié par 6.
Avec le nouveau gouvernement de coalition de Benjamin Netanyahu, et la participation des courants sionistes religieux et ultranationalistes, les violations sont devenues presque quotidiennes. Durant les 4 premier mois de l’année 2023, 11 mille colons qui ont investi la mosquée, a assuré Maarouf al-Rifaï, conseiller du gouvernorat d’al-Qods. Depuis le mois de Ramadan, une forte recrudescence de ces violations est constatée. Conscients de ce plan, les Jérusalémites ne quittent pas les lieux non plus.
« Le portail de la Samarie »
Par ailleurs, la judaïsation de la Cisjordanie est aussi visée par les incursions israéliennes. Voilà pourquoi les arrestations et affrontements se poursuivent sans répit. Selon le Bureau national de défense de la terre, l’occupation israélienne a confisqué 42.651 dunums de terres dans les villages Sarta et Brouqine dans le gouvernorat de Salfit, situé au nord-ouest de la Cisjordanie.
Cette confiscation est destinée à élargir la route numéro 5 qui verse vers la colonie Peduel. Érigée à partir de 1984 à l’ouest de Salfit, sur les terres des villages palestiniens Kafar Dik et Deir Balout, elle s’est depuis élargie pour passer de 106 dunums à 614. Elle comptait plus de 1682 colons en 2016.
Selon l’ONU, ce gouvernorat de 204 km2 de superficie « compte 17 colonies », la plus grande étant celle d’Ariel. Six d’entre elles ont été édifiées après l’an 2000. Plusieurs dirigeants israéliens, dont Ariel Sharon, ont laissé entendre que cette province finira surement par être annexée par Israël, rapporte l’agence palestinien Wafa. La majeure partie des confiscations ces derniers temps se déroulent dans les gouvernorats d’al-Qods, Qalqilia et Salfit. Dans ces deux dernières localités, le gouvernement compte édifier une cité industrielle qui sera baptisée « le portail de Samarie ».
Dans la ville sainte d’al-Qods, la municipalité israélienne a mis au point les plans pour édifier une zone d’hôtels et des centres de réunions.
Un autre projet en cours dans la région d’al-Jalil (Galilée) dans les territoires de 1948 consiste à renforcer la présence des juifs à l’insu des autochtones palestiniens qui forment la moitié de sa population. Un projet de loi a été admis en premier lecture dans la Knesset israélienne permettant seulement aux juifs de s’y installer en leur accordant certaines facilités. Des facilités similaires sont à prévoir aussi pour les colons juifs pour s’installer en Cisjordanie occupée.
Selon l’agence Pal Today, des colons se sont emparés des terres palestiniennes dans la montagne Abou Laqia à l’est de Tulkarem. L’agence Quds rapporte que des colons ont dressé des tentes sur les terres du village Bitillo au nord de Ramallah pour y édifier une colonie.