Dans la nuit de vendredi à samedi, des pluies diluviennes ont inondé les camps de tentes à Rafah. Privés de toits, de médicaments et de soins, d’écoles et de nourriture, les Palestiniens de Gaza endurent le martyr. Selon le ministère de la Santé, 26 257 personnes ont été tuées à Gaza depuis le début de la guerre, le 7 octobre. Les morts sont en majorité des femmes, des adolescents et des enfants. On dénombre près de 65 000 blessés.
Malgré l’arrêt de la CIJ appelant à la cessation de tous les actes de génocide commis par l’armée israélienne, les bombardements se poursuivent, constate sur place un journaliste d’Al Jazeera. « Cette nuit, une maison résidentielle de la ville de Rafah a été prise pour cible et trois personnes auraient été tuées. Mais la chose la plus dévastatrice qui se passe actuellement est sans doute les attaques systématiques et constantes contre les établissements de soins de santé à Khan Younès. Le plus grand établissement, l’hôpital Nasser, est attaqué depuis quelques semaines. De nombreuses personnes qui se trouvaient à Khan Younès nous disent qu’elles ont à nouveau vécu exactement ce qui s’est passé dans d’autres parties de Gaza, lorsque les plus grands établissements comme l’hôpital al-Shifa et l’hôpital indonésien ont été attaqués. » Le siège militaire de l’hôpital Nasser s’est intensifié au cours de la nuit et aux premières heures de ce matin. Il y a une importante pénurie de carburant, ce qui oblige l’hôpital à fermer des parties importantes. L’hôpital al-Amal est également toujours attaqué et est progressivement mis hors service. Pas moins de 6 martyrs ont péri des suites d’un bombardement israélien contre une maison à Deir al-Balah. En outre, deux femmes et un homme ont été tués tôt ce samedi dans ce que des témoins qualifient de frappe aérienne israélienne contre une maison dans la partie la plus méridionale de Gaza, rapporte l’agence Associated Press.
Le dérivatif UNRWA
Face à cette situation catastrophique, la communauté internationale a fait état de ses préoccupations après que des tirs de chars contre un refuge de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) ont fait treize morts mercredi. En dépit de cela, Israel Katz, ministre israélien des Affaires étrangères, s’est félicite sur le réseau social X du fait que les États-Unis, le Canada, la Finlande, l’Australie, l’Italie ou encore le Royaume-Uni ont cessé de financer l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient « en raison de l’implication de son personnel dans le massacre du 7 octobre », et « appelle davantage de pays à se joindre à nous ». « Les liens de l’Unrwa avec le Hamas, écrit I. Katz, qui offrent un refuge aux terroristes et perpétuent son pouvoir, sont indéniables. Les dirigeants de l’Unrwa devraient être licenciés et faire l’objet d’une enquête approfondie en raison de leur connaissance de ces activités. Dans le cadre de la reconstruction de Gaza, l’Unrwa doit être remplacé par des agences dédiées à une paix et un développement véritables. »
Dans un communiqué, le Hamas a réagi en condamnant le licenciement des employés de l’agence de l’ONU faisant l’objet d’une enquête pour participation présumée aux attaques du 7-Octobre, « sur la base d’informations sionistes », rapporte Haaretz. « Nous rejetons fermement l’annonce de l’Unrwa qui décrit les forces de résistance comme des organisations terroristes… ce n’est pas le rôle de l’Unrwa de prendre une position politique », ajoute le groupe palestinien, avant de poursuivre : « Il est clair que l’Unrwa fait l’objet de chantage de la part des pays qui soutiennent le terrorisme israélien. »
De son côté, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) a exhorté les pays qui ont déclaré suspendre leur soutien à l’Agence onusienne à revenir immédiatement sur leur décision. Hussein Al Skeikh, secrétaire général de l’OLP, a déclaré sur X que la décision des pays « comporte de grands risques politiques et humanitaires ». « En ce moment particulier et à la lumière de l’agression continue contre le peuple palestinien, nous avons besoin d’un soutien maximal pour cette organisation internationale et de ne pas cesser de la soutenir et de l’aider. »
Combats mortels
La résistance palestinienne vient de démontrer sa capacité à porter des coups sévères à l’occupant en ciblant, via des missiles, les localités proche de l’enveloppe gazaouie. La majorité des colonies ont été touchées. D’ailleurs, les Brigades Al-Qassam assurent avoir ciblé un véhicule de transport de troupes sioniste avec un obus Al-Yassin 105 dans le quartier d’Al-Amal, à l’ouest de la ville de Khan Younes. Des chars Merkava ont également été dans le viseur des combattants Al-Qassam dans plusieurs régions gazaouies.
Pour sa part, la branche armée du Jihad islamique affirme avoir ciblé une ligne d’approvisionnement de l’armée israélienne et un mouvement de véhicules militaires à l’est du camp de réfugiés d’al-Maghazi, dans le centre de la bande de Gaza. Plus tôt, les Brigades al-Quds avaient déclaré avoir ciblé un char et un véhicule blindé de transport de troupes à l’ouest de Khan Younès, dans le sud, rapporte Al Jazeera.
Selon les données de l’armée israélienne, 37 soldats sont hospitalisés dans un état grave. Vingt-quatre autres soldats sont hospitalisés dans un état modéré et 101 dans un état léger. Depuis le début de l’opération terrestre dans la bande de Gaza, 258 soldats ont été gravement blessés. Depuis le début des combats le 7 octobre, le nombre de soldats gravement blessés s’élève à 418. Ces chiffres sont loin d’exprimer la réalité des pertes sionistes sur le terrain.
Les jours se suivent et se ressemblent à Khan Younès. En effet, la vielle encore, de violents affrontements se poursuivaient entre la résistance palestinienne et les forces d’occupation israéliennes à proximité de l’hôpital de campagne jordanien, au sud de la bande de Gaza, comme en témoignent les intenses bombardements de l’artillerie israélienne à l’est et à l’ouest du complexe Nasser dans la ville, sans compter les bruits de violents affrontements se font entendre à proximité.
Les Brigades al-Qassam ont réussi à piéger un certain nombre de soldats israéliens dans une embuscade au nord-ouest du camp d’al-Maghazi, dans le centre de la bande de Gaza. « Les moudjahidines ont fermé l’ouverture d’un des tunnels à 7 soldats israéliens, puis ont fait exploser l’ouverture du tunnel avec un engin explosif antipersonnel , laissant des soldats morts et blessés. Après cela, ils ont ciblé deux chars israéliens Merkava avec un dispositif Shawaz et un obus Al-Yassin 105 », précise un communiqué.
Toujours dans le camp d’Al-Maghazi, les combattants d’Al-Qassam ont ciblé un char de transport de troupes israélien et un char Merkava avec des obus Al-Yassin 105. Quant à l’est d’Al-Maghazi, plus précisément à 500 mètres de la barrière de séparation, les résistants ont ciblé un char israélien Merkava et un bulldozer D9 avec des obus Al-Yassin 105 et Tandum.
Les Brigades Al-Qods, la branche militaire du mouvement du Jihad islamique, ont annoncé que « leurs combattants étaient capables de mener à bien une série de missions, notamment le bombardement des sites militaires israéliens Kissoufim et Ein althaleth avec des missiles et en bombardant un rassemblement de soldats de l’occupation avec des obus de mortier près de la porte de l’école, à l’est du camp de réfugiés de Bureij, au centre de la bande de Gaza ».
Toujours au centre de la bande de Gaza, les Moudjahidine ont visé un véhicule militaire israélien avec un obus Tandom à l’est du camp de Maghazi et ont bombardé un rassemblement de soldats israéliens à proximité du site militaire Abou Safiya avec un des obus de mortier, et un autre à l’est du village d’Al-Masdar avec également un certain nombre d’obus de mortier. Les brigades ont également annoncé que « ses moudjahidines ont abattu, ce vendredi soir, un drone israélien alors qu’il était utilisé par les forces d’occupation pour des missions de renseignement à l’est du quartier de Shujaiya, à l’est de la ville de Gaza ». Comme elles ont revendiqué le bombardement de la ville occupée d’Ashkelon, des colonies de Sderot et de Nir Am, ainsi que des colonies israéliennes situées dans la zone entourant le nord de la bande de Gaza, avec des rafales de missiles. Concernant le tir de missiles sur Al Saraya, les médias israéliens ont rapporté que « des sirènes ont retenti à Ashkelon et dans la colonie de Netiv Haasara, parlant du succès des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza vers Ashkelon ».
Les Brigades Moudjahidines, branche militaire du Mouvement des Moudjahidines palestiniens, ont annoncé avoir bombardé avec plusieurs missiles des rassemblements des forces israéliennes, à l’est du camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de la bande de Gaza. Des scènes documentant son bombardement du site militaire israélien Yifthah, qui est le quartier général du 1er bataillon de la brigade nord de la division israélienne de Gaza, ont été publiées.
Plus tôt dans la journée, les Brigades Al-Qassam ont annoncé avoir ciblé avec un missile antipersonnel une force israélienne retranchée dans une maison à l’ouest de Khan Yunis, faisant parmi ses membres des morts et des blessés, tandis que les Brigades Al-Qods ont annoncé des tirs de snipers sur un soldat israélien au sud-ouest de la ville.
Pendant ce temps, les médias israéliens ont fait état de combats très durs dans la région de Khan Younès. L’ Armée israélienne a reconnu le meurtre du soldat Eliran Yager, membre de la force de réserve du bataillon du génie 8170, affilié à la Brigade Givati, jeudi, dans le sud de la bande de Gaza.
Abou Ubaida, porte-parole militaire des Brigades Al-Qassam, a annoncé, le même jour, que les résistants avaient réussi à détruire totalement ou partiellement 68 véhicules militaires au cours de la semaine écoulée. Il a ajouté que les combattants ont confirmé la mort de 53 soldats israéliens depuis le point zéro et le tir isolé de 9 soldats, en plus d’avoir tué et blessé des dizaines de personnes.
Une trêve en cours ?
En parallèle, il y a lieu de relever que le patron de la CIA, service de renseignement américain, va rencontrer « dans les tout prochains jours à Paris » ses homologues israélien et égyptien, ainsi que le Premier ministre qatari, pour tenter de conclure un accord de trêve entre Israël et le Hamas à Gaza, a indiqué vendredi à l’AFP une source sécuritaire d’un État impliqué dans les négociations.
Cette source confirmait ainsi les informations de plusieurs médias américains selon lesquelles le président américain Joe Biden compte très prochainement envoyer en Europe Williams Burns, patron de la CIA, dans l’espoir de négocier une trêve à Gaza contre une libération des otages.
J. Biden a discuté avec Tamim ben Hamad al-Thani, émir du Qatar, des « derniers événements en Israël et à Gaza, y compris des efforts de libération des otages enlevés par le Hamas », a annoncé vendredi la Maison Blanche, tout en assurant qu’aucune annonce « imminente » n’était à prévoir.
L’affaire concerne 132 otages enlevés par la résistance palestinienne le 7 octobre sont encore à Gaza. Outre les 132 otages, le Hamas détient aussi les dépouilles d’Oron Shaul et de Hadar Goldin, morts en 2014. Il garde aussi en captivité deux civils israéliens entrés dans la bande de leur propre gré en 2014 et en 2015.