En Algérie, l’instance électorale ANIE a annoncé avoir accepté trois candidatures pour l’élection présidentielle du 7 septembre. Il s’agit d’A. Tebboune, président sortant de Y. Aouchiche, secrétaire général du mouvement de gauche FFS (Front des forces socialistes), et de A. Hassani, président du parti islamiste MSP (Mouvement de la société pour la paix). Les dossiers des 13 autres prétendants, dont l’ancien ministre Belkacem Sahli et les deux seules femmes en lice Zoubida Assoul et Saida Neghza, ont été rejetés par l’ANIE, faute de parrainages. Ces aspirants à la magistrature suprême devaient présenter les signatures d’au moins 600 élus ou de 50 000 électeurs, provenant d’au moins 29 wilayas du pays. Ils ont 48 heures pour contester cette décision devant le Conseil constitutionnel, lequel traitera les recours dans un délai de sept jours. La campagne électorale doit officiellement commencer le 14 août, soit 23 jours avant le scrutin, et s’achever 72 heures avant le jour de vote. D’ici là, A. Tebboune est déjà désigné comme le grand favori à sa réélection d’après les médias et les analystes du pays.
Né le 17 novembre 1945, l’homme dus sytème avait remporté au premier tour la présidentielle de 2019, marquée par les manifestations du Hirak. Haut fonctionnaire de carrière et membre du FLN qui traine des casseroles, il avait été ministre dans plusieurs gouvernements, notamment de 2001 à 2002 et de 2012 à 2017, puis Premier ministre du 25 mai au 15 août 2017. À la tête du pays depuis le 19 décembre 2019, le chef de l’État algérien a officiellement annoncé le 11 juillet sa candidature pour un deuxième mandat de cinq ans, mettant fin à un faux suspense qui durait depuis l’annonce de la date de la présidentielle en mars dernier.
Son premier mandat devant s’achever en décembre, le président sortant avait annoncé la tenue de cette élection « anticipée » en septembre, arguant que les Algériens « n’ont pas l’habitude » de voter en décembre. La victoire du président sortant ne fait aucun doute dans le pays, où médias et analystes le présentent déjà comme le grand favori à sa réélection.
Alors que l’Algérie se prépare pour ces élections du 7 septembre, la France avait déjà annoncé en mars qu’A. Tebboune serait « attendu » à Paris « fin septembre-début octobre ». Programmée d’abord début mai 2023, la visite avait été repoussée à juin de la même année, mais A. Tebboune n’avait ensuite jamais confirmé sa venue, qui devait consacrer l’embellie entre les deux pays après nombre de crises diplomatiques. Il s’était en revanche rendu au même moment (juin 2023) en visite d’État en Russie, ce qui avait été perçu comme une gifle infligée à Paris.
Face au président sortant, les candidats A. Hassani et Y. Aouchiche participent pour la première fois à une présidentielle. Le premier, inconnu au bataillon, chapeaute le MSP ensuccédant à Abderrezak Makri depuis mars 2023. Fondé en 1990 sous le nom de Mouvement de la société islamique, le MSP prône un islamisme se réclamant des Frères musulmans et incarne, face au pouvoir algérien, une opposition modérée dans sa critique et respectueuse de la légalité. Y. Aouchiche, ancien journaliste et sénateur de 41 ans, promu à la tête du FFS depuis 2020, est appelé à faire honneur à sa formation fondé en 1963 par Hocine Aït Ahmed à Tizi Ouzou dans le but de s’opposer au gouvernement de Ben Bella. Mais il faut dire que dans cette course à la présidentielle, le système aura déjà tranché dans ses choix. En permettant aux deux lièvres de figurer sur la ligne de départ, il chercherait plus à se donner bonne contenance auprès des observateurs étrangers qu’à nourrir une véritable compétition politique. La vraie, celle du Hirak populaire en l’occurrence, ayant été étouffée dans l’œuf… Le système ne doit son salut qu’à la pandémie covidienne !