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Présidentielle équatorienne sanglante : Le poids des narcos pèse lourd sur Quito

L’un des huit candidats à la présidentielle équatorienne du 20 août a été assassiné par un tueur à gages, mercredi 9 août au soir, au nord de Quito. Le pays a été placé en état d’urgence pour deux mois. Le calendrier électoral n’a pas pour autant été décalé.
Présidentielle équatorienne sanglante : Le poids des narcos pèse lourd sur Quito

Ancien président de la commission de contrôle du Parlement d’où il dénonçait la corruption de membres de l’ancien régime de Rafael Correa, Fernando Villavicencio avait récemment accusé le cartel de Sinaloa et des adversaires politiques de chercher à le tuer. À la suite de cet assassinat, l’état d’urgence a été déclaré dans le pays, mais la date de l’élection a été maintenue. F. Villavicencio sortait d’un meeting politique lorsqu’il a été attaqué, juste après être monté dans sa voiture. Une vidéo partagée dans tous les réseaux sociaux le montre entouré de gardes du corps, de policiers et militaires du côté droit de la voiture, mais apparemment, le ou les tueurs ont attaqué depuis le côté gauche, moins protégé du véhicule. La panique s’est aussitôt emparée de toutes les personnes présentes qui se sont réfugiées derrière des voitures ou dans le bâtiment dans lequel venait de se terminer la réunion politique.

Âgé de 59 ans, ancien syndicaliste pétrolier, journaliste et député, F. Villavicencio a été transporté à la clinique de la Femme toute proche où le ministre de l’Intérieur Juan Zapata, puis son oncle, Galo Valencia ont confirmé sa mort. D’après les derniers sondages, F. Villavicencio se classait deuxième en intentions de vote avec environ 13%, selon l’institut Cedatos, derrière l’avocate Luisa Gonzalez (26,6%), proche de l’ex-président de gauche R. Correa. Après la dissolution du Parlement en mai 2023, il s’est présenté à la présidentielle, et a centré sa campagne sur la lutte contre les mafias et le trafic de drogue qui ravage le pays. Il avait récemment accusé le cartel de Sinaloa et des proches de l’ancien président R. Correa de chercher à le tuer par peur de son programme électoral qui prévoyait la construction d’une prison de très haute sécurité pour les principaux trafiquants de drogue ainsi que la création d’une unité d’élite de la police pour s’attaquer aux cartels.

 

Un tueur à gages a été arrêté, mais il n’a pas survécu, selon le ministère de la Justice. « Le crime organisé est allé très loin, mais tout le poids de la loi s’abattra sur lui », a indiqué le président G. Lasso avant de convoquer d’urgence une réunion des hauts responsables de la sécurité du pays. L’état d’urgence a été instauré pour soixante jours dans le pays, a encore indiqué le chef de l’État qui a déclaré que « les forces armées sont en ce moment mobilisées à travers tout le territoire national afin de garantir la sécurité des citoyens, la tranquillité du pays et des élections libres et démocratiques le 20 août ».

Lorsqu’il était journaliste d’investigation, F. Villavicencio s’est fait connaitre en sortant des affaires sur R. Correa. En 2014, il doit se réfugier dans la forêt amazonienne, après avoir écopé de 18 mois de prison – il avait accusé le président d’avoir ordonné une opération armée dans un hôpital. Deux ans plus tard, un juge demande son emprisonnement, en cause : son utilisation de mails piratés dans une enquête sur une corruption présumée de l’entreprise Ecopetrol. Il s’exile alors au Pérou. Mais c’est suite à une de ses enquêtes révélant un système de corruption que R. Correa sera condamné à huit ans de prison. Lorsque ce dernier quitte la présidence, F. Villavicencio revient dans le pays, il se lance en politique et est élu député en octobre 2020.

L’Union européenne a « condamné dans les termes les plus forts » l’assassinat. « L’UE réitère son engagement total à soutenir la démocratie équatorienne et à contribuer aux efforts visant à garantir des élections démocratiques pacifiques », alors même qu’une mission d’experts électoraux de l’UE se trouve actuellement en Équateur, a déclaré le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, dans un communiqué. « Ce tragique acte de violence est une attaque contre les institutions et la démocratie en Équateur […] il faut que tous les candidats aux élections bénéficient de mesures de protection rigoureuses afin de garantir un processus électoral libre et démocratique », a souligné le responsable.

Pour sa part, la Maison Blanche a fermement condamné « un acte de violence odieux et une atteinte à la démocratie équatorienne » via Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président américain, sur Twitter

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