« Ma décision, longuement réfléchie, est de ne pas être candidat » à l’élection présidentielle du 25 février 2024, « même si la Constitution m’en donne le droit », a annoncé lundi soir M. Sall. En préambule de cette déclaration, le président sénégalais est longuement revenu sur les violences – mot prononcé à maintes reprises – qui ont marqué le pays début juin après la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko, des émeutes ayant fait 16 morts. Qualifiées d’« insoutenables » et « inexcusables », elles « ont mis à l’épreuve notre cohésion sociale », des « évènement particulièrement graves », « occasionnant des morts et des blessés et la destruction massive de biens publics et privés », a déclaré le président. « L’objectif funeste des instigateurs était clair » : « semer la terreur et mettre le pays à l’arrêt », a-t-il également affirmé, parlant d’un « crime organisé contre la nation sénégalaise, contre l’État, contre la république ».
« L’État est resté debout après cette machination insurrectionnelle » « visant à détruire notre modèle de société », a-t-il poursuivi, adressant sa « compassion aux victimes de ces actes criminels ».
M. Sall « demande aux forces vives de la nation » soucieuses de « la sauvegarde des valeurs démocratiques de soutenir sans réserve l’action de l’État pour mettre en échec le projet pernicieux de déstabilisation du Sénégal ». Enjoignant à « s’éloigner des radicalismes », il « comprend la volonté de la jeunesse de vivre une vie qui vaut la peine d’être vécue », ajoutant que « jamais la violence n’a permis à un pays de répondre aux aspirations de la population ».
Il a également salué « un dialogue national réussi », et a dressé un autosatisfecit de son action à la tête de l’État : « Mon gouvernement et moi n’avons cessé de relever les défis liés au développement », « nous avons un bilan qui amène […] à reconnaitre que nous avons fait progresser le Sénégal ».
« Le contexte est difficile, les angoisses sont là, mais le peuple a les ressources pour rebondir », a-t-il également encouragé. « Notre pays demande de regarder ensemble vers l’avenir. »
Si M. Sall a décidé de ne pas briguer ce troisième mandat, « le gros ballon de la colère va se dégonfler » selon un politologue. Se poserait toutefois la question de sa succession comme candidat de la majorité, à seulement huit mois de l’élection et sans leader désigné.
Reste à savoir de quoi sera faite la situation d’O. Sonko, assigné à résidence depuis sa condamnation. La décision de justice a été rendue publique, le procureur de la république peut donc désormais donner l’ordre aux forces de sécurité de l’arrêter à tout moment.
A la veille de la sortie de M. Sall, l’opposant s’est d’ailleurs longuement exprimé dimanche soir dans une déclaration vidéo. L’opposant, condamné à deux ans de prison le 1er juin pour « corruption de la jeunesse » appelle ses partisans à « sortir massivement dans la rue » pour « finir le combat » face au régime, et s’est adressé à la communauté internationale.