L’accord signé par Wang Yi, ministre des affaires étrangères chinois, et Jeremiah Manele, son homologue salomonais, est vu comme un revers majeur pour la coalition AUCUS pilotée par Washington dans la zone Asie-Pacifique.
Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, n’a indiqué ni où ni quand cet accord avait été conclu, mais l’annonce a été faite quelques heures avant qu’une délégation américaine de haut niveau envoyée par la Maison Blanche ne s’envole pour cet archipel de Mélanésie pour faire part des préoccupations de Washington. De son côté, Manasseh Sogavare, premier ministre des îles Salomon, a indiqué mercredi 20 avril que l’accord avait été signé « les yeux ouverts » mais a refusé d’indiquer quand le contenu serait rendu public. Il s’agit d’une coopération « normale entre deux pays souverains et indépendants », a assuré W. Wenbin. L’accord permettra de soutenir « la stabilité à long terme » des îles Salomon, a-t-il rappelé.
L’agence Reuters avait révélé en mars le contenu de la lettre d’intention signée par Anthony Veke, ministre de la police des îles Salomon, et Wang Xiaohong, vice-ministre chinois de la sécurité publique. Elle prévoit que les îles Salomon, qui occupent une place centrale sur la ligne de front entre les Etats-Unis et la Chine dans la région océanique, « pourront, selon leurs besoins, demander à la Chine d’envoyer des policiers, des militaires et d’autres forces armées, pour maintenir l’ordre social, protéger la vie des personnes et leurs propriétés, fournir de l’aide humanitaire, ou toute autre forme d’assistance ». De son côté, la Chine, « selon ses propres besoins, pourra procéder à des visites avec ses bateaux, pour apporter du réapprovisionnement logistique, conduire des escales et des transits. Des forces chinoises appropriées pourront être utilisées pour protéger la sécurité des travailleurs et des principaux projets chinois dans les îles Salomon ».
La nouvelle a suscité « une onde de choc » à Canberra et dans la région Pacifique, a affirmé un présentateur de la télévision australienne ABC, jeudi 24 mars. Des policiers et des militaires chinois pourront bientôt être basés aux îles Salomon, selon un projet d’accord sécuritaire discuté avec Pékin, dont l’agence Reuters a révélé le contenu. L’accord doit encore être validé par le gouvernement, ont souligné les autorités d’Honiara.
Le petit Etat archipel des Salomon, 700 000 habitants, en Mélanésie, occupe une place centrale sur la ligne de front entre les Etats-Unis et la Chine dans la vaste région océanique. Or, « si une puissance hostile contrôle une base aux Salomon, elle peut bloquer le trafic maritime venant du Pacifique vers l’océan Indien, la mer de Corail, et au-delà », a résumé sur Twitter la professeure Anne-Marie Brady, spécialiste de ces sujets à l’université de Canterbury, en Nouvelle-Zélande.
La lettre d’intention signée prévoit que les Salomon « pourront, selon leurs besoins, demander à la Chine d’envoyer des policiers, des militaires et d’autres forces armées, pour maintenir l’ordre social, protéger la vie des personnes et leurs propriétés, fournir de l’aide humanitaire, ou toute autre forme d’assistance ». De son côté, la Chine, « selon ses propres besoins, pourra procéder à des visites avec ses bateaux, pour apporter du réapprovisionnement logistique, conduire des escales et des transits. Des forces chinoises appropriées pourront être utilisées pour protéger la sécurité des travailleurs et des principaux projets chinois dans les îles Salomon ».
Canberra et Washington s’inquiètent depuis longtemps de la possibilité que la Chine construise une base navale dans le Pacifique Sud, ce qui lui permettrait de projeter sa puissance maritime bien au-delà de ses frontières. M. Sogavare avait confirmé le mois dernier qu’un accord en matière de sécurité avec Pékin était bien en préparation, mais démenti tout projet de construction d’une base navale.
Ces dernières semaines, l’Australie et les États-Unis ont multiplié les efforts diplomatiques pour dissuader les Salomon de se rapprocher de Pékin.« Nous pensons que la signature d’un tel accord risquerait d’accroître la déstabilisation au sein des îles Salomon et de créer un précédent inquiétant pour la région des îles du Pacifique dans son ensemble », a estimé lundi Ned Price, porte-parole de la diplomatie américaine.